Les ministres des pays membres de l'Agence spatiale européenne étaient réunis à Séville pour une réunion capitale sur les budgets qui a lieu une fois tous les trois ans.
L'agence dispose d'un portefeuille record et va pouvoir mener des projets passionnants.
Gros chèque(s)
Elle était parfois décrite comme la « ministérielle de tous les dangers », même si elle avait été amplement préparée en amont. Parce que l'ESA souhaitait un budget ambitieux, dépassant de loin les 10,3 milliards promis par les états membres en 2016...Pari gagné pour son directeur Jan Woerner, qui a réussi à convaincre les nations (qui n'ont, de loin, pas les mêmes intérêts dans le spatial) d'investir 14,4 milliards d'euros sur les cinq prochaines années, dont 12,5 milliards jusqu'à la prochaine ministérielle en 2022. La France investira 2,66 milliards d'euros, se hissant au second rang derrière l'Allemagne et son enveloppe surprise de 3,3 milliards.
Donner c'est donner
Outre une contribution « obligatoire » définie en fonction du PIB des états, l'objectif de ces deux jours de négociations ouvertes les 26 et 27 novembre, était de définir projet par projet, quelle somme pouvait être débloquée, et par quelle nation. Un exercice délicat, d'autant que l'ESA suit une règle (décriée) dite « du retour géographique » : investissez dans un projet, et chaque euro investi sera dépensé dans votre pays.Traditionnellement impliquée dans les lanceurs, la France a sécurisé ses projets « phares » de développement en plus du support à Ariane 6 : un étage supérieur amélioré, le moteur bas coût réutilisable Prometheus, les démonstrateurs Callisto et Themis et un investissement international dans le Centre Spatial guyanais ont tous été actés.
Une fantastique liste de missions
Grâce à un budget conséquent, l'ESA va pouvoir poursuivre le développement de deux missions à très haut profil scientifique qui pourront travailler ensemble : LISA (détection d'ondes gravitationnelles) et Athena (observatoire de trous noirs). Elles ne seront toutefois une réalité qu'au début de la décennie 2030.D'ici là, l'agence va pouvoir accélérer sur tous les autres sujets : une mission robotisée vers la Lune, une coopération avec les USA sur le concept de station en orbite lunaire Gateway et une autre avec Mars en ligne de mire pour des retours d'échantillons... Mais aussi, et ce n'est pas exhaustif, la mission Hera pour observer un astéroïde bombardé par la NASA, une mission expérimentale pour enlever des débris en orbite terrestre, la petite navette (non habitée) SpaceRider, et 11 missions pour observer la Terre et son évolution, puisque l'ESA s'occupe de la part scientifique du programme de l'Union européenne Copernicus, aujourd'hui le plus évolué pour observer le changement climatique.
Enfin, l'astronautique a été soutenue via un engagement à soutenir l'ISS jusqu'à 2030, l'assurance que tous les astronautes de la « sélection 2009 » voleraient deux fois et l'officialisation du prochain décollage de Thomas Pesquet en 2021. Nous n'en raterons pas une miette !
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Source : ESA