Elle fait actuellement le tour des réseaux sociaux : que représente cette image des feux en Australie ? Manipulation pour les uns, montage explicatif pour les autres, de quelles données est-elle issue ?
« Une image vaut mille mots, voici la catastrophe en Australie », peut-on lire sur les réseaux sociaux. L'image que l'on a sous les yeux a en effet de quoi faire réagir, surtout lorsqu'elle s'accompagne de l'actualité tout à fait réelle que vit l'Australie ces dernières semaines : une vague d'incendies sans précédent associée à un été austral sec et aux températures record. Toutefois, à l'heure où cette image est partagée, copiée, et même déjà déformée à la vitesse des réseaux sociaux, il est utile de savoir ce qu'on y observe.
Pas de photographie satellite...
Tout d'abord, il faut remercier Anthony Hearsey, qui la publie le 5 janvier sur Instagram. Cet Australien, spécialisé dans la photographie et la « communication visuelle », a immédiatement précisé en légende qu'il s'agissait d'une reconstitution 3D de données issues du système FIRMS de la NASA, sur un mois, et que la taille des feux était disproportionnée... information rarement transmise au gré des partages.Même si une large part du public ne s'y est pas trompée, il ne s'agit donc pas d'une photographie satellite : l'Australie n'a dans tous les cas pas une couleur charbon vue depuis l'orbite et le relief présenté sur l'image est très exagéré. Il existe de multiples sources de photographies des feux de l'Australie prises depuis l'ISS comme depuis des satellites météorologiques, cette image n'en est pas issue.
Visite du FIRMS
Pour autant, si les reliefs sont exagérés, tout comme la taille des feux, les données sont bel et bien issues de satellites. Il est possible de s'en rendre compte en allant sur le site du système FIRMS (Fire Information for Resource Management System) de la NASA. Ce dernier regroupe les informations sur les feux issus de deux types de capteurs multispectraux MODIS (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer) et infrarouge VIIRS (Visible Infrared Imaging Radiometer Suite), embarqués sur quatre satellites en tout (Terra, Aqua, Suomi-NPP et NOAA-20). Ces données sont actualisées toutes les 3 heures.A. Hearsey a donc récupéré les données relatives aux feux détectés sur un mois sur ce site, avant de les transposer sur une vue d'artiste de l'Australie. Comme il le précise lui-même, comme cela regroupe un mois d'observation, la majorité de ces feux sont depuis éteints ou déplacés. La carte disponible sur le système FIRMS vous permet de voir ceux qui étaient encore actifs ces dernières 24 heures :
L'image d'Anthony Hearsey n'est ni une « fake news », ni une manipulation, mais bien un montage de communication visuelle... Qu'il convient bien de ne pas sortir de son contexte et de comprendre avant de partager !
Source : Instagram