L'ESA travaille sur une usine capable de transformer la poussière de Lune en oxygène

Benoît Théry
Publié le 20 janvier 2020 à 13h40
ESA régolithe
Alexandre Meurisse, de l'ESA, et Beth Lomax, de l'Université de Glasgow © ESA

Les échantillons ramenés de la Lune montrent que le régolithe lunaire (la poussière présente à la surface de la Lune, en somme) contient de l'oxygène. Vendredi 17 janvier, l'agence spatiale européenne (ESA) a annoncé l'installation d'un prototype de centrale à oxygène capable de l'extraire.

Le procédé de l'agence permettrait également de récupérer des alliages métalliques utiles aux futures missions sur la Lune.

De la production commerciale à l'expérimentation spatiale

Le régolithe lunaire contient entre 40 % et 45 % d'oxygène, mais celui-ci est emprisonné chimiquement par des oxydes, sous forme de minéraux ou de verre. Des chercheurs de l'ESA ont donc mis au point un prototype en mesure de récupérer cet oxygène, par une électrolyse de sel fondu. Ce procédé consiste à placer le régolithe (ici de synthèse, créé par l'ESA) dans une cuve métallique où baigne du chlorure de calcium qui sert d'électrolyte. Lorsque la solution est portée à 950 °C, le régolithe y reste solide. Cependant, une fois qu'un courant électrique y passe, l'oxygène s'en libère et migre vers une anode où il peut être récupéré.


Ce procédé, initialement destiné à la production commerciale de métaux et d'alliages, a été mis au point par la société britannique Metalysis. Beth Lomax, doctorante de l'Université de Glasgow, l'a étudié au sein de l'entreprise, puis l'a recréé à l'European Space Research and Technology Centre (ESTEC), aux Pays-Bas. Elle a déclaré que « chez Metalysis, l'oxygène produit par le processus est un sous-produit indésirable et est plutôt libéré sous forme de dioxyde de carbone et de monoxyde de carbone, ce qui montre que les réacteurs ne sont pas conçus pour résister à cet oxygène gazeux. Nous avons donc dû repenser la version ESTEC pour pouvoir disposer d'un oxygène sur-mesure ».

ESA régolithe
À gauche, un tas de régolithes de synthèse créé par les chercheurs de l'ESA. À droite, le même tas après l'extraction de l'oxygène, laissant essentiellement des alliages métalliques © ESA


Des métaux en sus

Beth Lomax a aussi souligné l'intérêt de l'extraction d'oxygène directement sur la Lune : « Pouvoir recueillir de l'oxygène à partir de ressources trouvées sur la Lune serait évidemment extrêmement utile pour les futurs colons lunaires, à la fois pour respirer, mais aussi pour la production locale de carburant de fusée ».

Le chercheur de l'ESA, Alexandre Meurisse, note que « ce processus de production laisse derrière lui un enchevêtrement de différents métaux » avant d'ajouter : « C'est une autre piste de recherche, pour voir quels alliages seraient les plus utiles à produire à partir d'eux. Pourraient-ils être directement imprimés en 3D, par exemple, ou auraient-ils besoin d'être affinés ? Le mélange précis de métaux dépendra de l'endroit sur la Lune où le régolithe a été recueilli. Il y aurait d'importantes différences régionales ».


Le scientifique a également déclaré : « Maintenant que nous avons une installation en service, nous pouvons l'améliorer, par exemple en réduisant la température de fonctionnement, pour finalement concevoir une version de ce système qui pourrait un jour voler vers la Lune et être opérationnel là-bas ». Actuellement, le prototype évacue l'oxygène créé via un tuyau d'échappement. Les chercheurs réfléchissent donc désormais à la meilleure manière de le stocker.

Source : ESA
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Commentaires (10)
nnay07

Super, après avoir pollué la terre, on va bientôt faire pareil avec la lune. Y’a pas à dire, on est très forts… très très forts…

nnay07

Imbécilité? Et pourtant, il est bien là proposé d’altérer les ressources naturelles de la lune en laissant derrières des déchets d’alliages métalliques qui ne sont pas naturellement présents sur notre satellite…

Sinic

Les métaux sont bien naturellement trouvés sur la Lune : c’est justement pour cette raison qu’ils intéressent l’ESA. Si l’Homme doit y laisser des déchets métalliques, ces métaux auront seulement été transformés.

Fodger

Commence par montrer l’exemple…

Nnay exagère un peu mais pas tant que ça car les exemples sont légions déjà sur terre.

Le manque d’anticipation et de réflexion sur les impactes de nos actions industrielles sur l’environnement a des conséquences planétaire aujourd’hui (pollution, déforestation, montagnes rasées pour quelque kilos de terre rare, sources d’eau potable souillées…).

Imaginer que ça puisse arriver à terme sur la lune est tout à fait possible; l’humanité déborde d’imagination quand il s’agit de saccager.

C’est déjà aussi le bordel autour de la terre.
Et tant que l’humanité, les décideurs intéressés n’auront pas compris que tout est lié, on finira par aller droit dans le mur.

Fodger

On peut faire plus intelligemment les choses; avec des raisonnements simplistes comme le tiens c’est sûr qu’on va aller de l’avant : « ok on continue à fond à bouffer du pétrole, la déforestation, vive les pesticides, vive le nucléaire, la surpêche etc. »

Sinic

La pollution existe, mais elle ne se présente pas sous la même forme dans l’espace que sur Terre. La pollution causée par la démultiplication des satellites est le meilleur exemple que l’on ait à ma connaissance.

Maintenant, il ne s’agit pas non plus de pousser des cris d’orfraie dès que quelqu’un fait quelque chose qui puisse polluer. Pour rappel, un pet pollue. Dans le cas présent, et à moins que je n’ai raté une information, la seule pollution potentiellement émise par cette centrale à oxygène est celle de son alimentation (puisqu’il y a besoin d’électrolyse, et donc d’électricité). Donc, pour ne pas polluer, il faut simplement s’assurer que sa source d’énergie ne soit pas polluante.

Thamien

On pourra faire des mines géantes à « ciel ouvert » sur la Lune.
Si de gros nuages de poussières s’en dégage et mettent des mois à retomber au sol ca gênera qui pour respirer?
Au pire vu de la Terre la Lune paraitra plus duveteuse et flou. On ne distinguera plus ses mers. Et alors qui préfère encore regarder la Lune que son smartphone?

nnay07

Je ne partage pas tes
affirmations: il s’agit de transformer le regolithe lunaire (naturellement présent) en alliages metalliques (qui eux n’existent pas en tant que tel). La photo illustre bien la différence je trouve.
Après, si ton argument est de dire qu’on modifie des éléments déjà présents sur la Lune, tu as raison, mais c’est le propre de la pollution: on transforme et on crée des résidus qui ne sont pas naturels dans ce milieu. Sur terre on transforme le pétrole naturellement présent en plastique, on transforme le pétrole en gas-oil qu’on transforme ensuite en le brûlant en CO2 et en monoxyde de soufre,…

Quand à Tuxphilips, tu fais preuve d’une telle profondeur de réflexion que je ne vais pas te répondre, profite de tes certitudes.

nnay07

Fut un temps, personne ne s’inquiétait de la pollution atmosphérique, qu’en avions nous à faire d’ailleurs, de l’air il y en a tant, un peu de vent et la pollution n’était plus sur nos têtes. Même chose avec la pollution des mers, c’est tellement grand les océans. Pour ne pas parler des CFC et de la couche d’ozone, personne ne savait ce qu’était l’ozone. Et l’Amazonie, tellement vaste et sans aucun intérêt que personne ne voyait le moindre mal à brûler le poumon de la planète. Etc… etc…
Des qu’on altère le milieu naturel en pensant que cela n’aura pas conséquences, on finit par découvrir que nos actions ont parfois des conséquences pas si futiles que ça.
Ou non?

iosandroid

La lune est un corp mort sur lequel aucune vie n’est possible car pas d’atmosphere, donc parler de « pollution » ici n’as pas vraiment de sens…

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