La recherche de l'intelligence extra-terrestre, c'est du sérieux. C'est ce qu'a voulu exprimer Anthony Beasley, le directeur du National Radio Astronomy Observatory (NRAO), auprès de la BBC, alors que son organisme a annoncé un partenariat avec le SETI, le programme de recherche de vie extra-terrestre.
Ce partenariat, qui aura pour théâtre l'ensemble de 27 télescopes du Very Large Array (VLA), au Nouveau-Mexique, donnerait pour la première fois un instrument de recherche de pointe au SETI.
Surveillance 24h/24
C'est en tout cas ce qu'affirme le communiqué de l'institut SETI. Le document précise que « grâce à une nouvelle interface Ethernet plus rentable économiquement, il sera possible d'utiliser le VLA pour rechercher des technosignatures 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ainsi que d'explorer d'autres phénomènes naturels d'astrophysique de nouvelles façons ».Ce nouveau système est appelé COSMIC SETI, pour Commensal Open-Source Multimode Interferometer Cluster Search for Extraterrestrial Intelligence, et, comme l'explique Forbes, il ne devrait changer que peu de choses pour le VLA et le NRAO qui l'exploite.
Les télescopes, finalement, effectueront les mêmes observations qu'avant, mais désormais, les données collectées seront transmises à l'institut SETI, qui pourra les utiliser pour y chercher les traces de manifestations extra-terrestres. À l'institut, le chercheur Andrew Siemion résume ainsi la situation : « L'institut SETI va développer et installer une interface sur le VLA qui permettra un accès sans précédent au riche flux de données produit en continu par le télescope tandis qu'il balaye le ciel ».
Le retour du programme SETI
Anthony Beasly déclare ainsi qu'« il est temps pour le SETI de sortir du placard et d'être pleinement intégré à tous les autres domaines de l'astronomie ». Pour le P.-D.G. de l'Institut, Bill Diamond, « avoir accès au radiotélescope le plus sensible de l'hémisphère nord pour les observations SETI est peut-être l'occasion la plus importante de l'histoire des programmes SETI ». Le partenariat doit effectivement mettre à disposition de la recherche d'intelligence extra-terrestre un outil très puissant. Pour Andrew Siemion, le partenariat multiplie « par 10, ou même par 100 » les chances de trouver une vie intelligente dans l'espace. Il affirme à la BBC : « nous sommes maintenant prêt à la plus grande recherche [ de vie extra-terrestre ] qui ait jamais été réalisée ».De tels programmes sont longtemps restés en retrait, faute de financements. Autrefois, la NASA a financé un projet du programme SETI, à hauteur de 10 millions de dollars par an. Mais cette enveloppe a été supprimée en 1993 après l'introduction d'une loi par le sénateur Richard Bryan, qui estimait qu'il s'agissait d'un gaspillage d'argent, le secteur n'ayant fourni à ses yeux aucun résultat probant. Depuis, les chercheurs ont continué avec les moyens du bord, lançant en 1999 le projet SETI@Home appelant les particuliers à donner de leur puissance de calcul.
Aujourd'hui, le Congrès semble moins hostile à l'idée de repartir à la recherche des extra-terrestres, mais la pérennité des financements est encore incertaine. De son côté, l'interface Ethernet COSMIC est déjà en période de test. Le SETI et le NRAO espèrent commencer à travailler sur la construction d'un système de recherche numérique pour lequel ils recherchent un financement supplémentaire. Celui-ci devrait être prêt lorsque le VLA commencera la seconde phase de son relevé astronomique (VLASS), en 2021.
Source : BBC