Nous évitons autant que possible d'employer des anglicismes sur Clubic, mais il n'y a pas de meilleure notion que celle de « consumérisation » pour décrire ce que le marché de l'automobile s'apprête à vivre.
La notion de consumérisation, de l'anglais consommateur, est apparentée au BYOD (bring your own device, apportez votre appareil personnel). Ces tendances désignent l'introduction ou la transposition en entreprise d'équipements et d'usages issus du marché grand public (tablettes, réseaux sociaux...).
Or, le marché de l'automobile est en passe de subir la même transformation. L'invasion de l'automobile au CES 2015, c'est-à-dire au salon de l'électronique grand public, en est la preuve. Et alors que ce marché vivait jusqu'à récemment en vase clos, avec des fournisseurs spécialisés et des conceptions spécifiques, il s'ouvre plus que jamais à l'électronique grand public. Des acteurs généralistes se diversifient dans l'automobile et de nombreux concepts investissent l'habitacle. Volkswagen, dont c'était cette année la première venue au CES, a d'ailleurs très justement parlé de fusion entre la voiture et l'ordinateur (PC).
Des processeurs de smartphones dans des voitures
En matière d'acteurs issus de l'électronique grand public, on peut notamment citer Qualcomm, l'un des principaux fabricants mondiaux de puces pour terminaux mobiles, qui a réaffirmé sa volonté d'investir plus avant le marché de l'automobile. En plus des solutions de connectivité cellulaire (2G, 3G et 4G) qu'il propose depuis environ 10 ans, il propose désormais une puce Snapdragon spécifique, permettant de concevoir des systèmes d'info-divertissement modernes s'articulant essentiellement autour de grands écrans tactiles haute définition.Nvidia quant à lui, dont les puces Tegra animent les systèmes Audi depuis 2010 (entre autres), présente des solutions spécifiques à l'automobile, et plus précisément à la conduite, c'est-à-dire dans un domaine jusqu'alors réservé à des acteurs historiques de l'automobile. La marque ne fournit plus seulement des GPU permettant de concevoir de belles interfaces, ce qui n'est pas très éloigné de son cœur de métier d'origine, il propose des solutions d'imageries capables de recomposer l'environnement en trois dimensions et de reconnaitre des objets (signalisation, véhicules, piétons) à partir de multiples caméras.
On peut également citer Google, le géant du Web, l'un des acteurs les plus actifs et les plus avancés en matière d'automobile autonome. Ainsi que Tesla, un autre nouveau venu issu d'un entrepreneur du Web (Elon Musk a fondé PayPal), dont certaines des voitures actuellement en circulation seront bientôt rendues partiellement autonomes avec une future mise à jour de logiciel. Les deux sociétés sont au moins autant, sinon plus avancées, que les constructeurs historiques d'automobiles.
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CarPlay, Android Auto... : l'électronique grand public s'installe à bord
Mais c'est en termes d'usages que la « consumérisation » est la plus marquante et qu'elle affecte le plus le quotidien des automobilistes.Dans un premier temps, certaines voitures haut de gamme ont accueilli il y a quelques années les concepts d'App Store et d'applications, de services en ligne. À l'instar des smartphones, certains systèmes d'info-divertissement ont intégré Google Street View, la recherche de points d'intérêt via Internet, des applications de météo, des clients email, etc.
Tout compte fait, plutôt que d'imiter tant bien que mal les smartphones, les constructeurs se sont entendus avec les acteurs de la téléphonie mobile pour interfacer directement les smartphones avec les systèmes d'info-divertissement. Après avoir fait ses débuts au Mondial de l'Automobile de Paris en octobre dernier, Apple CarPlay a ainsi pris son envol au CES 2015, rejoint entre temps par Google Android Auto. Avec le standard MirrorLink, discret jusqu'à présent, ces solutions permettent d'afficher sur l'écran de la voiture des applications exécutées sur un smartphone relié par câble, avec des interfaces simplifiées et adaptées à la conduite. Ces solutions vont permettre de démocratiser la connectivité à bord, puisqu'elles sont relativement simples et peu coûteuses à mettre en œuvre, le système d'info-divertissement de la voiture faisant dans ce cas simplement office d'écran tactile déporté.
D'une manière générale, les interfaces de dernière génération reprennent les concepts popularisés par les smartphones. Notamment en raison d'une plus grande inertie sur le marché de l'automobile, sur lequel le taux de renouvellement est sans commune mesure avec celui du marché de la téléphonie, les écrans tactiles résistifs cèdent finalement leur place à des écrans tactiles capacitifs multipoints (sauf chez certains fabricants comme Audi, BMW ou Mercedes-Benz, qui restent attachés à leurs systèmes à molette, il est vrai aboutis). Les réflexes acquis sur smartphone valent donc en voiture : on fait défiler les pages en les attrapant d'un doigt et on zoome d'un pincement à deux doigts, au lieu de viser des boutons spécifiques. Donnons tout particulièrement l'exemple de la nouvelle plateforme Ford Sync 3, dont l'interface est ouvertement inspirée de celles des smartphones.
Évoquons enfin l'invasion des tablettes. Audi a effectivement remplacé les écrans des places arrière par de véritables tablettes Android, amovibles et nomades, mais spécialement conçues pour le divertissement sur la route et dotées à ce titre de fonctions spécifiques (transmission d'itinéraire, affichage d'informations issues de la voiture...). Exposées dans leur version définitive dans le cadre de la révélation de l'habitacle du futur nouveau Q7 au CES 2015, ces tablettes seront commercialisées d'ici la fin de l'année. Dans le même état d'esprit, BMW a présenté Touch Command, qui transpose l'interface du système d'info-divertissement maison sur tablette Android, pour permettre aux passagers de commander leur fauteuil, la climatisation ou la musique depuis les places arrière. « La tablette standard fait partie intégrante de la voiture, » décrit le constructeur.
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La voiture, un membre comme un autre de l'Internet des objets ?
En définitive et d'une certaine manière, la voiture n'est qu'un des multiples représentants de la tendance principale du CES 2015, celle de l'Internet des objets. À partir de l'année 2015, tout devient connecté, tous les objets s'interfacent entre eux, et la voiture ne fait pas exception.Contenus relatifs