Le secteur s'interroge sur une possible entente sur les prix des principaux fabricants.
La DRAM, vache à lait de Samsung
LA DRAM (mémoire vive dynamique) est depuis une vingtaine d'années un composant fondamental de nos objets électroniques. On en trouve partout : disques durs, SSD, consoles de jeux, contrôleurs USB, routeurs sans fil, casques bluetooth et même clé USB. En moyenne, un ordinateur possède de 8 à 16 Go de RAM, 2 à 8 Go pour une carte graphique, 1 Go de mémoire tampon dans un SSD, etc.Et l'industrie de la DRAM tient en quelques noms : Samsung, SK Hynix, Micron, et dans une moindre mesure Intel et Toshiba. Deux Coréens, deux Américains, un Japonais, qui détiennent 98 % du marché mondial de la DRAM. Entre 2016 et 2017, tous ont vu leurs revenus doubler, propulsant Samsung au rang d'entreprise la plus rentable du monde, au coude à coude avec Apple. La raison de cet enrichissement subit : la gigantesque inflation des prix, +81 % en 2017 pour la DRAM. Et les mémoires flash NAND ne sont pas en reste, avec une hausse des tarifs de 45 %.
Le cartel déjà démantelé plusieurs fois
Cette hausse des prix va continuer en 2018. C'est en tout cas l'analyse du cabinet IC Insights, spécialiste du marché des semiconducteurs, qui voit le marché mondial de la DRAM atteindre cette année plus de 99 milliards de dollars, devant celui des processeurs. Les mémoires flash NAND pèseront quant à elle pour plus de 62 milliards. La fortune de Samsung et consorts fait cependant le malheur des consommateurs, qui s'interrogent quand certaines barrettes de RAM coûtent trois fois plus cher aujourd'hui qu'il y a deux ans...L'industrie évoque comme explication une pression croissante de la demande mondiale pour ces composants, à laquelle elle n'arriverait pas à faire face. D'autres voient dans l'ascension vertigineuse des prix des DRAM et NAND une entente sur les prix entre Samsung, Hynix et Micron. Tous trois sont les cibles d'une class action en justice aux Etats-Unis pour une suspicion de cartel. Il y a des précédents : en 2005, Samsung a écopé aux Etats-Unis d'une amende de 300 millions de dollars pour ce motif. Hynix, dans la même affaire, a réglé 185 millions de dollars. Et en 2010, c'est l'Union Européenne qui les refaisait passer à la caisse avec d'autres, dont Hitachi, Toshiba et Mitsubishi...