On ne présente plus Corsair, bien connu pour ses composants et périphériques, ainsi que ses ordinateurs de jeu et autres boitiers. Le constructeur californien s’est toutefois lancé dans de nouvelles aventures récemment, d’abord sur le segment des moniteurs gaming avant de dévoiler son tout premier laptop avec le Voyager a1600. C’est au tout premier écran de jeu de la marque que nous nous intéressons aujourd’hui. Le Corsair Xeneon 32QHD165 a-t-il les armes pour batailler sur un marché aussi concurrentiel ?
Cela ne vous aura peut-être pas échappé : le marché du périphérique gaming évolue alors que les acteurs qui le composent se diversifient et élargissent leurs catalogues respectifs. Les annonces se sont multipliées ces derniers mois avec du nouveau du côté des moniteurs chez Sony avec la marque Inzone, chez HyperX avec les moniteurs Armada, chez NZXT avec la série Canvas … tandis que Philips a lancé sa marque Evnia et va maintenant proposer casques, claviers et de nouveaux écrans. Le marché est en ébullition après avoir été porté par la période de croissance liée aux confinements successifs.
C’est dans ce contexte que Corsair a dévoilé son tout premier écran gaming il y a quelques mois, le sobrement baptisé 32QHD165, un nom qui résume les principales caractéristiques de ce moniteur. Une sortie qui n’est pas restée sans suite puisque Corsair a également présenté ses Xeneon 32UHD144 et 32QHD240 suivit par le Xeneon Flex, un écran OLED flexible de 45 pouces, qui a fait sensation lors de la Gamescom 2022.
Prix et disponibilité
Le Corsair Xeneon 32QHD165 est un moniteur de milieu de gamme dont le positionnement tarifaire semble pertinent vu sa fiche technique. Initialement commercialisé à 699,99 € sur le site officiel de la marque, cet écran peut désormais se dénicher aux alentours de 600 €. Pour information, le modèle similaire, en 240 Hz, est vendu à 850 € tandis que le Xeneon 32UHD144 demande un investissement de 1 150 €.
Toutes les mesures réalisées dans le cadre de ce test ont été enregistrées avec le logiciel CalMAN Ultimate, une sonde X-Rite i1 Display Pro Plus et un boîtier de mesure d'Input Lag Leo Bodnar.
Design et ergonomie
Corsair a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de son premier moniteur de jeu. Le Xeneon 32QHD165 se présente en effet comme un écran au look soigné, aux matériaux de qualité et aux finitions impeccables. Le ton est donné dès le déballage du produit, et ce malgré une esthétique relativement discrète et consensuelle.
L’ergonomie est plutôt bonne pour un écran aussi imposant, en revanche il n’est pas possible d’utiliser ce moniteur en mode portrait. On profite toutefois d’un réglage d’inclinaison, de -5° à +20°, ainsi qu’une rotation de 30° sur la gauche comme sur la droite. Le réglage sur la hauteur devrait quant à lui être suffisant dans la majorité des cas avec une amplitude de 11 cm.
Sur le dessus du support, on retrouve un petit ajout bien pensé : une fixation multisupport qui va nous permettre de venir fixer une webcam, un smartphone, de l’éclairage ou encore un microphone et bien d’autres accessoires puisqu’il est compatible avec le système Elgato Multi Mount.
Le pied se distingue par le choix des matériaux puisqu’il est entièrement fait de métal. Lourd, il offre un lest conséquent pour bien maintenir l’écran en place. En outre, la colonne est elle aussi faite de métal en grande majorité, et équipée d'un système rudimentaire de gestion de câbles à l'arrière, nous y reviendrons.
En revanche, il est également très imposant, en largeur comme en profondeur. Il ne demande en effet pas moins de 32 cm de profondeur et sera sans doute un peu trop imposant pour être installé sur certains bureaux. Séparé en deux parties avec un large pièce à l’avant et deux petits soutiens à l’arrière, ce pied est trop gourmand en espace selon nous. Précisons enfin que le Xeneon 32QHD165 est compatible avec les fixations VESA 100 x 100 mm.
On apprécie les bordures très fines de l’écran, sur trois côtés. Elles facilitent l’usage d’une configuration à plusieurs écrans et laissent surtout une belle place à l’image sur ce moniteur de 32 pouces. Comme souvent, la bordure inférieure est plus épaisse ; elle reste toutefois assez discrète sur les écrans Xeneon.
Connectiques
Les connectiques proposées par le Xeneon 32QHD165 sont classiques pour un moniteur de ce genre. On y retrouve deux entrées HDMI 2.0, un DisplayPort 1.4, ainsi que deux ports USB-C, dont un compatible avec le DisplayPort Alt-Mode. Ce connecteur USB-C ne délivre toutefois qu’une alimentation de 15 W, insuffisant pour alimenter un ordinateur portable. Terminons en citant les deux ports USB-A et le connecteur jack 3.5 mm qui peut s’avérer bien utile sur un écran dénué de haut-parleur. Il faut également savoir que ce moniteur ne dispose pas d’alimentation interne, il faut faire avec un adaptateur de 90 W qui, forcément, va venir trainer au sol.
À l’arrière on retrouve un système de gestion de câbles qui fonctionne grâce à de simples attaches en plastique qui viennent coulisser tout le long du support. Deux sont installées, mais il est possible d’en ajouter deux autres, livrées avec le moniteur.
Ce système permet de guider les câbles et d’avoir une installation propre, mais il arrive souvent que les clips de ces attaches viennent à s’ouvrir, laissant ainsi les câbles s’échapper. C’est loin d’être le meilleur système de cable management que nous avons pu voir sur un moniteur, mais il a au moins le mérite d’y faire passer la totalité des câbles que l’on peut connecter à cet écran, ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres.
Ergonomie logicielle et paramétrage
Corsair propose quelque chose de très simple et fonctionnel pour contrôler l’écran, avec un joystick accompagné d’un bouton d’alimentation à l’arrière, sur la droite, et un OSD on ne peut plus clair.
Quatre raccourcis sont accessibles avec le joystick permettant d’ajuster rapidement le mode d’image, la luminosité, la source d’entrée et le volume. L’OSD s’affiche quant à lui sur un fond noir et dans une taille confortable, on y trouve un total de 6 menus avec un menu image qui laisse pas mal d’amplitude pour ajuster l’affichage à notre guise. On dispose notamment de 6 modes d’images différents et la possibilité de régler gamma et température de couleurs, ainsi qu’un réglage personnalisé sur des valeurs RGB.
Les autres menus sont tout à fait classiques et rien ne nous indique vraiment que nous sommes face à un écran de jeu, mis à part, peut-être, la présence de l’AMD FreeSync Premium, le réglage d’overdrive, ou encore la possibilité d’afficher le nombre d’images par seconde à l’écran. Nous n’y trouvons pas d’options pour afficher des réticules et autres chronomètres, comme c’est le cas avec la plupart des écrans gaming.
Qualité d'image
Nous avons réalisé plusieurs séries de mesures sur ce moniteur. D'abord avec les modes "sRGB" et "Standard" afin de jauger le contraste et les performances SDR, puis en HDR où un seul et unique mode est accessible.
Corsair à recours à des dalles de type Fast-IPS pour sa gamme Xeneon. L’intérêt de cette technologie est d’offrir des performances de pointe pour les joueurs, notamment avec une réactivité améliorée face à une dalle IPS classique. Hormis cela, la dalle qui équipe ce moniteur présente des avantages et des inconvénients propres à la grande majorité des écrans à dalle IPS. On profite ainsi de bons angles de vision, au détriment du contraste avec des noirs assez peu profonds et un manque de dynamisme à l’image. Hélas, le Xeneon ne corrige pas ses faiblesses par une solution à base de local dimming, ni avec un rétroéclairage particulièrement performant.
Son pic lumineux en SDR est de 343,2 cd/m², une valeur correcte qui permet de profiter d’un affichage suffisamment lumineux, rien d’exceptionnel cela dit puisque, comme nous allons le voir, le mode HDR ne permet pas de monter beaucoup plus haut. Toujours en SDR, le contraste s’affiche avec un rapport de seulement 768 : 1. C’est peu, et surtout moins que la plupart des écrans IPS passés sous la lentille de notre sonde. Précisons enfin que le revêtement mat de l’écran se montre efficace pour diluer les reflets.
Le mode sRGB affiche un point blanc légèrement trop chaud par rapport à notre valeur de référence. La température de couleur moyenne 6 126 K, le rendu tire clairement vers le rouge et est bien visible à l’œil. Il sera nécessaire de sélectionner l’option « Froid » au sein de l’OSD pour obtenir une image qui sera sans doute un peu trop froide, mais qui ne tirera plus vers le rouge. La courbe gamma est quant à elle suivie avec linéarité presque exemplaire.
Avec une valeur moyenne de 2,51, le Delta E est dans les clous avec un résultat qui reste très correct dans l’ensemble. On constate toutefois quelques dérives chromatiques, notamment sur les nuances de bleu, avec une valeur maximale 5,28.
L’espace sRGB est parfaitement couvert avec le mode du même nom. Sa couverture atteint 99,3 %. Notons également que l'espace AdobeRGB est couvert à la même hauteur, avec le mode "Standard" cette fois-ci.
Il y a cependant un point où le Xeneon 32QHD165 n’a pas manqué de nous décevoir, il s’agit de l’uniformité de la dalle. Nous constatons d’abord de (très) légères fuites de lumières au niveau des coins de l’écran, elles se distinguent surtout dans la pénombre en diffusant une mire noire et n’impacte pas vraiment l’affichage au quotidien.
En revanche, la dalle est bien plus sombre sur sa partie supérieure et notamment dans les deux coins supérieurs. À ce stade de nos tests de moniteurs, une trentaine de références pour l’heure, le Xeneon 32QHD165 est tout simplement le plus mauvais en matière d’uniformité.
HDR
L’activation de l’HDR n’apporte pas grand-chose au Xeneon en matière de luminosité et de contraste. Son rétroéclairage le limite à afficher une image au dynamisme faible et à la luminosité trop restreinte pour vraiment rendre hommage aux contenus HDR.
Pour preuve, son pic lumineux est de 357 cd/m² dans ce mode, une valeur similaire à celle relevée en SDR. Le signal ne parvient d’ailleurs pas à suivre correctement la courbe EOTF de référence. De son côté, le contraste n’augmente que de peu, avec un rapport qui s’affiche désormais à 890 :1.
On retrouve une colorimétrie correcte, ni excellente ni mauvaise, avec un Delta E de 3, tout rond, et une valeur maximale portée à 5,29.
Le volume de couleurs est néanmoins excellent sur cet écran, en dehors de ce que l’on a pu mesurer avec le mode sRGB. Le film QDEF qui l’équipe ne lui permet pas seulement de s’afficher avec la désignation « QLED », mais aussi de proposer une grande richesse de couleurs. Nous évaluons notamment l’espace DCI-P3 avec une couverture colorimétrique de 93,95 %. L’espace Rec. 2020, beaucoup plus exigeant, est quant à lui couvert à hauteur de 80,07 %.
Performances : un écran taillé pour le jeu
La formule de Corsair est idéalement taillée pour bon nombre de joueurs. La définition QHD sur 32 pouces tout d’abord, qui offre un excellent compromis entre Full HD et 4K UHD dans le but de s’offrir un écran à la diagonale plus généreuse sans pour autant pousser sa carte graphique dans ses retranchements. La résolution est cependant similaire à celle d’un écran Full HD sur 24 pouces, à savoir 92 ppp. Il ne faut donc pas s’attendre à un niveau de détails plus élevé.
En matière de réactivité, la dalle Fast-IPS tient ses promesses. Cette génération de dalles est effectivement parvenue à abaisser encore un peu plus les temps de réponse de la technologie IPS, étant capable d’apporter un léger gain aux joueurs les plus compétitifs, mais surtout de réduire le flou de mouvement. Sur ce point, il convient de conserver le paramètre d’overdrive par défaut (« Normal ») pour obtenir le meilleur résultat. Les options "rapide" et "plus rapide" induisent un overshoot et donc un reverse ghosting visible sur nos mires.
Enfin, le Corsair Xeneon 32QHD165 s’en sort parfaitement lors de nos mesures d’input lag, à l’aide de notre boitier habituel. Il se classe parmi les meilleurs écrans testés par la rédaction avec une latence de seulement 8,6 ms. Les fonctionnalités VRR (Variable Refresh Rate) fonctionnent quant à elles à merveille. Parmi les références de Corsair, seul le 32UHD144 apparait pour le moment dans la liste officielle des écrans "G-Sync compatible", notre exemplaire de test est toutefois bien reconnu par la carte graphique et le G-Sync s’y exécute sans aucun problème.
Consommation électrique
En diffusant une mire blanche sur une fenêtre de 10 %, un protocole répété sur l’ensemble des moniteurs testés afin d’obtenir une valeur comparative pertinente, nous évaluons la consommation électrique du Xeneon 32QHD165 à 130 W/m². Il s’agit d’une valeur assez élevée pour un écran de ce type, mais qui n’a rien de surprenant. Il se classe toutefois dans le top 5 des écrans gaming les plus énergivores.