© Tama2u / Shutterstock
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En plein bras de fer avec Facebook au sujet d'une nouvelle loi sur la presse en ligne, le Premier ministre canadien saisit désormais la question des incendies pour faire plier le réseau social.

Pour montrer son opposition à une loi canadienne adoptée il y a peu, Facebook a tout simplement décidé de supprimer l'accès à la presse sur sa plateforme. Cette décision est désormais lourde de conséquences, car de nombreux Canadiens utilisaient le réseau social pour s'informer, notamment dans des situations d'urgence comme les incendies qui ravagent actuellement une bonne partie du pays.

L'opposition de Meta à l'Online Act

Le 1er août dernier, malgré un lobbying intensif de Meta pour tenter de l'empêcher, une nouvelle loi est adoptée au Canada. Celle-ci impose aux grandes plateformes d'Internet de négocier des accords avec les journaux et autres sites de presse dont elles partagent les articles et de leur reverser une partie des revenus générés. Ce n'est pas le seul pays à créer une telle législation, une règle similaire existe par exemple en France depuis 2019 (et avait également provoqué de vives réactions de la part de Google à l'époque).

Mais apparemment, pour Facebook et Instagram, partager une partie de leurs revenus avec d'autres entités est tout simplement impensable, au point que Meta considère cette loi comme « fondamentalement défectueuse ». Et pour montrer son opposition à son adoption, ou pour éviter d'avoir à se conformer à ses directives, la société a tout simplement décidé d'empêcher la publication d'articles de presse sur ses réseaux sociaux au Canada. La décision, bien sûr, a été vivement critiquée par la plupart des membres du gouvernement canadien, d'autant que la loi n'est pas encore entrée en vigueur.

Mais cet été, le Canada, tout comme une bonne partie du monde, est victime de nombreux et terribles incendies. Et pour beaucoup, le black-out sur les articles de presse décidé par Meta dans le pays est tout simplement irresponsable. Justin Trudeau en tête.

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Justin Trudeau en profite

Le Premier ministre canadien n'a pas mâché ses mots à l'égard du géant des réseaux sociaux, qu'il accuse de vouloir faire passer ses profits avant la vie et la sécurité des gens. Si l'on peut considérer cette déclaration comme un peu cynique et opportuniste de sa part, les deux événements n'étant pas directement liés, il est vrai que 77 % des Canadiens utilisent Facebook, et qu'environ un quart parmi ceux-ci s'informent sur le réseau social. Meta, qui continue de tenter d'empêcher l'entrée en vigueur de la loi, se défend de ses accusations et explique par ailleurs avoir activé son fameux Safety Check dans les régions concernées, qui permet aux habitants des zones sinistrées de signaler qu'ils sont en sécurité.

Difficile en tout cas de donner complètement tort à Justin Trudeau : Facebook est accusé de complicité de crimes contre l'humanité dans non pas un, mais deux pays différents. Amnesty International estime que c'est la recherche de croissance et de profit à tout prix de l'entreprise qui a entraîné ces catastrophes.

Source : BBC