À l'occasion de Viva Technology 2019, Renault en a dit plus sur l'expérimentation actuellement menée sur des prototypes Renault ZOE Cab, destinés à incarner le service de mobilité électrique autonome du futur du constructeur.
Renault a établi une véritable stratégie pour développer la mobilité autonome, avec un parcours en plusieurs étapes. D'abord, le développement de services de mobilité avec chauffeur (autopartage, VTC, taxi). Mais le constructeur français prépare l'avenir avec l'étape suivante, celle de passer à l'électrique puis au service partagé, avec plusieurs usagers dans un même véhicule, l'ultime étape étant la conduite autonome. Le projet Paris-Saclay Autonomous Lab pose les conditions du déploiement d'un service de mobilité autonome à une échelle plus importante.
Renault expérimente la conduite autonome à Rouen et à Saclay
Après avoir dévoilé l'an dernier des concepts futuristes (EZ-GO pour la mobilité partagée, EZ-PRO pour les professionnels et la livraison dernier kilomètre et EZ-ULTIMO), Renault a profité du salon Viva Technology, qui se tient du 16 au 18 mai Porte de Versailles à Paris, pour détailler son projet Paris-Saclay Autonomous Lab, conduit à l'initiative du constructeur français, du groupe Transdev, de l'Institut VEDECOM, de l'IRT SystemX et de l'Université Paris-Saclay.Patrick Vergelas, directeur de Renault Mobility Services au sein de A-CMS (Alliance Connected Car & Mobility Services), détaille pour Clubic cette expérimentation qui prend vie à Rouen et à Saclay, grâce à 7 Renault ZOE Cab . "Nous sommes en train d'y expérimenter notre service pour apprendre en étant vraiment sur le terrain. Apprendre de cette technologie de conduite, qui est sur le véhicule avec ses capteurs et conduite autonome. Et nous complétons cette technologie avec de l'infrastructure, à laquelle nous la connectons."
À Rouen et à Saclay, des feux connectés ont ainsi été installés. "Nous installons là où il y a besoin de lidars ou de caméras pour donner une vision augmentée à la voiture, de façon à être à même d'assurer la conduite la plus sûre qui soit, et surtout, de déployer rapidement en s'assurant que le service soit disponible sur toute la journée, peu importe les saisons", nous précise Patrick Vergelas.
Une intervention à distance en cas de danger
Au-dessus de ce système d'infrastructure connectée, Renault opère une supervision pour contrôler à distance les voitures, s'assurer que tout va bien côté conduite, que tout va bien dans l'environnement (accidents, conditions météorologiques), surveiller les passagers en s'assurant de leur bien-être, et éventuellement être à même d'intervenir."Mais intervenir ne signifie pas forcément reprendre la main en pilotant la voiture, nous indique notre interlocuteur. Ça peut être de limiter la vitesse à cause d'un élément, voire de l'arrêter. La mobilité autonome, nous ne devons pas la voir aujourd'hui comme une voiture qui délivre un service. C'est vraiment un système dans sa globalité."
Renault veut favoriser la mobilité partagée en remplissant les véhicules
Pour commander tout cela, Renault a développé une application dédiée à l'opération, qui permet de commander la voiture. "Nous avons organisé ce service sur le campus de Paris-Saclay avec 12 à 15 points de rencontre. Sur une zone où la demande est forte, le point sera plutôt situé à l'entrée du bâtiment. Dans des zones un peu plus distantes, il faudra peut-être parcourir 300 mètres pour aller au point de rencontre." Un peu comme le fait Uber avec ses courses partagées uberPOOL.L'idée du point de rencontre est de ne pas être en porte-à-porte pour sortir la voiture de la route, mais plutôt de permettre de monter tranquillement dans la voiture, sans pour autant gêner la circulation. "On souhaite avoir une demande un peu massifiée, pour pouvoir partager des trajets et avoir plus de chances de mettre plusieurs personnes dans la même voiture", nous affirme Patrick Vergelas.
"Une voiture 100% électrique est la solution pour les VTC"
Pour l'heure donc, Renault possède 3 voitures expérimentales à Saclay, et 4 à Rouen, avec des configurations un peu différentes. "Les modèles sont électriques. Ceux de Saclay ont une autonomie de 300 kilomètres. Aujourd'hui, dans l'activité de type mobilité autonome, un VTC ou un taxi fait 200 à 300 kilomètres par jour. Donc nous, aujourd'hui, nous pensons qu'une voiture 100% électrique est la solution pour les VTC."Les basses vitesses (30, 40 ou 50 km/h) imposées en ville rendent l'accessibilité à une mobilité autonome plus probable, l'idée étant de maximiser le nombre de trajets et le nombre de passagers par trajets.
Des services commerciaux en 2022, et des expérimentations sur des routes à chaussées séparées à venir
Pour l'instant, Renault reste en phase d'apprentissage. Mais le constructeur viser à être l'opérateur des premiers services commerciaux en 2022. Dans trois ans donc. En attendant, les expérimentations menées à Rouen et à Saclay doivent se terminer en fin d'année ou au premier trimestre 2020."Nous allons les poursuivre dans le cadre de l'appel à projets EVRA (Expérimentation du Véhicule Routier Autonome) du gouvernement français, qui a été annoncé le 24 avril. Nous allons mener une expérimentation un peu différente sur des routes à chaussées séparées, avec des vitesses plus importantes, pour assurer et définir les conditions du déploiement de la conduite et de la mobilité autonome", nous informe le directeur de Renault Mobility Service.
Si les collectivités territoriales sont friandes de ces nouveaux services de mobilité, la palme revient à la Région Île-de-France, très demandeuse. "Nous avons convenu avec elle d'un certain nombre de tronçons, sur lesquels nous allons travailler", annonce Patrick Vergelas.
L'appréhension de la conduite autonome disparaît après le trajet aller, indique Renault
Ces véhicules, au prix "déraisonnable" mais dont Renault refuse de nous communiquer le montant ne serait-ce qu'approximatif, sont destinés à être vendus à des opérateurs de transport public, et des sociétés VTC. Renault développe également sa propre activité VTC, avec Marcel, qui compte plus de 2 000 chauffeurs équipés de Renault ZOE.S'agissant de la démocratisation de la conduite autonome, le groupe Renault reste confiant. "Dans les usages que nous faisons avec des panélistes, on ne voit pas d'inquiétudes. Dans la mobilité autonome urbaine, avec ces faibles vitesses, il n'y a pas d'appréhension. Durant les expérimentations, tout le monde surveille lors du trajet aller et regarde comment ça se passe. Au retour, chacun est sur son smartphone. Nous allons réussir à faire des cas d'usage. La question reste de se dire à quelle vitesse nous allons être capables d'arriver à la solution déployable et à quelle vitesse nous allons ensuite la déployer", termine Patrick Vergelas.