Le ministère chinois de l'Industrie vient d'imposer deux nouvelles réglementations qui transformeront le marché des véhicules électriques à partir de juillet 2026. Pékin exige désormais que les batteries ne provoquent plus d'incendie ni d'explosion, même en cas d'emballement thermique. Le gouvernement renforce également les règles pour la conduite autonome.

Le gouvernement chinois a présenté mi-avril 2025 un ensemble de mesures strictes destinées à résoudre les problèmes de sécurité liés aux véhicules électriques et autonomes. Ces nouvelles directives, annoncées quelques jours avant le Salon automobile de Shanghai, modifieront profondément les pratiques de l'industrie automobile électrique.
Le ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'Information (MIIT) a publié la réglementation GB38031-2025, intitulée « Safety Requirements for Power Batteries of EV » qui sera mise en application dès juillet 2026. Une autre série de règles vise la conduite autonome, un domaine dans lequel la Chine veut désormais investir dans la sécurité plutôt que l'innovation rapide. Ces décisions interviennent après plusieurs incidents médiatisés, notamment l'accident d'une voiture électrique Xiaomi SU7 qui a pris feu après une collision le 29 mars 2025, ainsi qu'un accident mortel impliquant un système de conduite autonome.
Les batteries ne pourront plus provoquer d'incendies ni d'explosions
La réglementation antérieure demandait simplement aux constructeurs de prévoir un signal d'avertissement cinq minutes avant un éventuel incendie ou explosion. Désormais, les fabricants devront garantir que leurs batteries ne s'enflamment pas, même dans les conditions les plus défavorables.
Pour obtenir l'homologation, les batteries devront passer avec succès plusieurs tests rigoureux. Un test de « diffusion thermique » évaluera la capacité des batteries à maîtriser un incident technique sans provoquer d'incendie. Les autorités exigeront également un essai d'impact pour vérifier la résistance du pack batterie en cas de collision avec le dessous du véhicule. Un troisième test mesurera la sécurité durant les cycles de charge rapide, avec l'obligation de résister à 300 cycles.
« Ces exigences permettront de renforcer la sécurité des conducteurs », affirme le gouvernement chinois dans son communiqué. Certains fabricants se sont déjà adaptés à ces futures normes. CATL, important fabricant de batteries pour voitures électriques, déclare avoir développé une technologie conforme aux nouvelles exigences. De son côté, le constructeur sud-coréen Hyundai a présenté une solution technique : une batterie équipée d'un extincteur intégré « capable d'éteindre un incendie à un stade précoce ».
Plusieurs analystes industriels estiment que cette nouvelle réglementation contribuera à « atténuer les inquiétudes des clients sur les risques liés aux véhicules électriques ». Des préoccupations qui avaient été ravivées après l'incident médiatisé impliquant la voiture électrique de Xiaomi le mois dernier.

La Chine interdit les tests publics de conduite autonome et encadre strictement cette technologie
Le MIIT a également décidé de mettre un terme aux pratiques actuelles concernant la conduite autonome. Les constructeurs ne pourront plus lancer de programmes de tests « bêta » ouverts au public. Cette décision vient briser l'habitude du secteur technologique, où les fabricants recrutaient des utilisateurs « pionniers » pour tester les nouvelles fonctionnalités avant leur commercialisation officielle.
« Les essais publics, qu'ils concernent des centaines ou des dizaines de milliers d'utilisateurs, devront passer par les canaux d'approbation officiels », précise le ministère. Cette mesure touchera particulièrement les entreprises chinoises qui misent fortement sur la conduite autonome comme XPeng, Nio, Li Auto, Huawei et Xiaomi.
La terminologie marketing va prendre un sérieux coup de frein. Les expressions « conduite automatique », « conduite autonome », « conduite intelligente » ou « conduite intelligente avancée » seront interdites. Les constructeurs devront utiliser l'expression « conduite assistée » et respecter les classifications des niveaux d'automatisation.
Les fonctions qui fonctionnent sans supervision du conducteur, comme le mode « voiturier » permettant à un véhicule de se déplacer sans personne à bord, ne seront plus autorisées. Le gouvernement considère que la sécurité des conducteurs ne peut être garantie avec de telles technologies. Les systèmes embarqués devront obligatoirement détecter si le conducteur retire ses mains du volant pendant plus de 60 secondes, et mettre en œuvre des mesures de sécurité comme le ralentissement du véhicule ou l'activation des feux de détresse.
Les mises à jour logicielles à distance (OTA) vont également se faire recadrer. Le MIIT souhaite « réduire la fréquence des mises à jour OTA et améliorer la gestion des risques liés aux versions ». Toute mise à jour d'urgence nécessitera désormais l'approbation préalable de l'Administration nationale de régulation du marché.
Ces nouvelles règles ont déjà des répercussions économiques. Le jour de leur annonce, le secteur automobile chinois a enregistré une baisse à la bourse, avec BAIC (Beijing Automotive, constructeur d'État), le chutant de près de 7% et la marque sino-américaine Seres de plus de 5%.
Source : Automobile Propre