Design et ergonomie : Samsung rentre dans le cercle
Il est loin, le temps de la première Galaxy Gear. Allez, pour être tout à fait honnête, le design n'était pas le plus gros défaut de la première incursion de Samsung sur le segment des montres connectées et, finalement, c'est sur ce format carré qu'un certain Apple s'est aventuré.Reste qu'on mesure le progrès réalisé par Samsung lors de la première prise en main de la Gear S2, qu'on a pourtant testée dans sa version sport, moins bien finie que la déclinaison Classic.
La Gear S2 est composée d'un boitier 42 mm circulaire en acier, un peu plus large que celui de l'Apple Watch, et à peu près aussi épais si on prend en compte la bosse du capteur cardiaque de cette dernière. On y trouve deux boutons sur le côté, et surtout, la particularité physique de la Gear S2 : son cadran rotatif, principal moyen de navigation dans l'interface. Avant même d'avoir allumé la montre, on est séduit par la bague et son mécanisme cranté, offrant juste ce qu'il faut de résistance (peut-être en aurait-il fallu un tout petit peu plus) pour être à la fois précis et confortable.
L'écran est plus petit qu'il en a l'air lorsqu'il est éteint : il est entouré d'une épaisse bordure interne et striée. Le défaut principal de l'affichage n'est pas tant l'espace que le fait que la dalle soit assez éloignée du verre. C'est imiter un peu trop une vraie montre « analogique », pour le coup !
La partie inférieure, moins remarquable, est en plastique mat, avec une couverture en polycarbonate pour le capteur de rythme cardiaque.
Contrairement à la version Classic dotée d'attaches standard pour son bracelet en cuir, la Gear S2 de base intègre un système propriétaire, avec des bandeaux qui suivent la courbe du boitier. Ils sont tout de même amovibles, mais il faudra attendre la disponibilité de modèles spécifiques pour pouvoir changer le look de sa montre. Ils sont prévus, et seront notamment signés par le designer Alessandro Mendini, mais pas de date ni de prix pour l'instant
Les bracelets fournis avec la version sport sont de qualité correcte : disons que Samsung n'aurait pas pu faire moins d'effort sur leur originalité, mais ça n'était sans doute pas le but.
La Gear S2, comme la Moto 360 ou l'Apple Watch, se recharge par induction, via une petite station d'accueil rappelant la première par sa forme, et la seconde par son côté aimanté.
Si vous comptez la recharger sur votre table de chevet, on espère que vous n'êtes pas adeptes de l'obscurité totale : la diode éclairera toute votre chambre. D'ailleurs, on aurait préféré un mode qui affiche l'heure, quitte à exploiter le chargeur.
Interface : variations sur un cadran
On ne peut pas reprocher à Samsung d'être suiveur sur les montres connectées : si la Galaxy Gear manquait d'ambition sur son interface, elle précédait l'Apple Watch et Android Wear de plus d'un an. Le constructeur coréen a continué à développer son propre système, tout en goûtant à l'OS pour montres de Google du bout des lèvres avec sa Gear Live. Et contrairement à LG qui mise avant tout sur Wear, il faut croire qu'ils n'ont pas trouvé l'expérience concluante.Samsung privilégie son propre OS Tizen, mais adopte une nouvelle interface adaptée au format circulaire de sa Gear S2, dans la continuité de ses précédentes montres, et donc plus proche de l'Apple Watch que d'une vision strictement basée sur les notifications comme le propose Android Wear.
L'interface se découpe, comme celle d'Apple, en plusieurs niveaux : la façade, depuis laquelle on accède aux notifications et à des widgets (qui rappellent les « coups d'oeil » d'Apple), le lanceur d'applications, et les applications elles-mêmes.
L'originalité réside dans la disposition et la navigation dans ces niveaux, et Samsung a plutôt soigné sa copie en mettant à contribution son atout : le cadran rotatif. Si l'écran est tactile, on va pouvoir utiliser la bague pour se substituer au doigt afin de faire défiler ces widgets, des listes ou du contenu.
L'interaction est toujours naturelle et on garde un aperçu clair du sens de défilement grâce à des barres de progression facilement identifiables : horizontales quand on scrolle entre des écrans, ou verticale dans des listes. On en viendrait presque à regretter l'impossibilité de valider une sélection avec un bouton physique tant on apprécie la navigation sans recours au tactile, et donc sans doigt qui obstrue l'écran (et sans traces !).
Le menu des applications, lui, rappelle la LG Watch Urbane LTE sous WebOS : les applications sont disposées en cercle à la manière d'un cadran (oui, ça évoque aussi les contacts favoris sur Apple Watch). On peut lancer une appli en touchant directement l'icône ou en plaçant le curseur avec le bouton rotatif sur l'application voulue et en tapotant le centre de l'écran. Là encore, on apprécie le petit détail : on passe automatiquement à la page suivante une fois le tour effectué.
Les façades de la montre sont entièrement personnalisables (styles, aiguilles, complications...), et Samsung permet de développer ses propres cadrans. On ne précisera pas ce que nous inspire l'interface de customisation... Disons que Samsung a au moins changé la couleur des contours. C'est de bonne Gear, quoi !
Un détail qu'on aimerait bien voir Apple copier, en revanche, c'est l'affichage en permanence des aiguilles, qui limite (un peu) l'autonomie, mais dont on a du mal à se passer une fois qu'on y a goûté. Pouvoir utiliser une smartwatch comme une montre, c'est un peu la moindre des choses, non ?
À l'usage : une réussite, et quelques limites
Après quelques jours d'utilisation de la Gear S2, on en tire, comme souvent avec les montres connectées, un mélange de satisfaction et de frustration. En fait, tout va déjà dépendre du smartphone avec lequel vous l'utilisez. Soyons clair : si la montre est censée fonctionner avec n'importe quel modèle exécutant Android 4.4 et disposant au minimum de 1,5 Go de mémoire vive, l'expérience sera supérieure s'il est de marque Samsung.C'est assez prévisible : la Gear S2 n'est pas faite pour s'intégrer avec les applications Google. Les fonctionnalités de navigation dépendent de Here Maps, et les options fitness nécessitent l'installation de S-Health (disponible sur le Play Store). On peut synchroniser indirectement ce dernier à Google Fit, mais la connexion n'est pas directe.
Mails, SMS : mieux vaut avoir un Samsung
La différence est particulièrement flagrante dans les clients mail et SMS. Avec un smartphone de la marque, on peut retrouver tous ses derniers messages et naviguer dans sa boite de réception ou dans ses conversations. C'est un point différenciant par rapport à Android Wear, qui en fait un meilleur outil de communication que les montres, suivant les pas de Google. Ça nécessite en revanche de passer par le client mail de Samsung.Testée sur un Moto X Style, la montre permet toujours d'effectuer des actions sur une notification (un nouveau mail, par exemple), mais pas de consulter les messages précédents, que ce soit sur les mails ou les SMS. Et même sur un smartphone Samsung, les utilisateurs de l'application Gmail souffriront des mêmes limitations.
Les options de réponse sont exhaustives, presque trop : on peut dicter sa réponse, choisir des phrases prédéfinies et... saisir son texte sur un clavier virtuel. La qualité de la reconnaissance vocale, utilisant les technologies de Nuance, nous a paru stable, même en extérieur.
On s'étonne en revanche de l'impossibilité d'utiliser S-Voice pour créer un rendez-vous ou un rappel, et l'intégration de OneNote ou Evernote, tous deux compatibles Android Wear, se fait clairement ressentir.
Fitness : S-Health est aux petits soins
En l'absence de prise en charge de Google Fit, il faut passer par S-Health pour les fonctionnalités fitness. L'app de Samsung a l'avantage d'être complète : en picorant des idées à droite ou à gauche, elle se veut à la fois une application de suivi des exercices, et un compagnon à la Lifesum ou My Fitness Pal.On se perd un peu dans les multiples widgets, mais l'intégration avec la montre est assez réussie. Les informations sont claires, la détection automatique de l'activité semble relativement pertinente, et l'utilisateur a la main sur certains paramètres comme la fréquence des mesures cardiaques. Comme sur l'Apple Watch, les notifications d'inactivité peuvent être assez agaçantes, surtout quand on sait qu'on ne peut pas se lever de sa chaise.
Navigation : Here, sinon rien
Une montre connectée pour afficher un itinéraire sans avoir le nez sur son smartphone, c'est bien. Si on pouvait ne pas se voir imposer un logiciel de navigation tiers, ça serait mieux. Non pas qu'on ait quoi que ce soit contre Here Maps, il s'agit d'une bonne solution qui a l'avantage d'offrir des informations de transport en commun assez complètes. Simplement, sur un smartphone Android, ne pas pouvoir utiliser Google Maps à cet effet, c'est un peu déroutant !Ce grief mis à part, il faut admettre que l'app Here fait plutôt bien son travail, même si on déplore le manque de réactivité des balayages et zoom (au moyen du cadran rotatif) sur la carte.
Apps tierces : de l'inconvénient de faire cavalier seul
Samsung souhaite privilégier son propre OS. Et ce, pour garder la main sur son expérience utilisateur, au demeurant plutôt réussie. Malheureusement, ce choix impose également au constructeur de développer un écosystème d'applications et, alors que Android Wear commence à peine à attirer les éditeurs, le store Gear Apps apparaît assez vide.On trouve de nombreuses (très nombreuses) façades alternatives, et quelques vraies nouvelles applications issues des partenariats noués par Samsung (Yelp, CNN, New York Times, Lifesum...). Hélas, Android Wear a déjà pris une certaine avance sur ce terrain. Et sur Samsung Gear S2, point de OneNote, Evernote, Spotify, Uber, SNCF, Shazam, et tant d'autres. Bien sûr, une montre connectée n'est pas qu'une plateforme pour apps tierces, et les fonctionnalités intégrées à la Gear S2 permettent d'en tirer profit. Mais dicter une note dans OneNote, lancer une playlist Spotify, afficher le code barre de son billet de train.... Tout cela est impossible. Dommage !
Autonomie : dans la bonne moyenne
La Gear S2 dure-t-elle plus longtemps que ses concurrentes ? Pas vraiment. En revanche, elle fait jeu égal avec l'Apple Watch 42 mm ou la LG G Watch R (ou Urbane), c'est-à-dire qu'elle tient aisément la journée et même la soirée sans mauvaise surprise, et ce, en laissant les aiguilles affichées en permanence.On peut espérer sauter une recharge quotidienne : ça nous est arrivé à deux reprises. Dans un premier cas plus favorable, le weekend, on a pu dépasser les 35 heures d'utilisation. En semaine, avec une plus grande sollicitation du push de mail via Exchange, on tombait à environ 30 heures.
Lors de notre première journée complète, forcément plus intensive que les autres quand on découvre un nouveau produit, elle n'a toutefois pas passé la nuit. Mais dans aucun cas nous n'avons eu à la recharger avant une heure tardive, où ça n'est pas gênant.
Notre avis
La Gear S2 est une bonne surprise : quand on se remémore d'où vient Samsung dans cette catégorie de produits - qu'il a tout de même contribué à faire avancer -, on ne peut qu'être impressionné par l'élégance de son design, la qualité de sa finition et l'ingéniosité de son ergonomie. À défaut d'être totalement originale, elle propose une variation astucieuse autour de son cadran rotatif, un moyen ludique et bien implémenté de naviguer dans l'interface.On reconnaît l'influence de la concurrence, et notamment de l'Apple Watch, mais on sent également une vraie réflexion autour d'une alternative convaincante, et parfois supérieure à son modèle.
La tentation de « faire du Apple » a néanmoins son revers. Si la firme de Cupertino n'a pas trop de mal à attirer les développeurs pour créer des applications sur sa plateforme naissante, Samsung a-t-il assez de pouvoir pour s'imposer face à Android Wear ? À moins d'un succès retentissant de la Gear S2 qui éclipserait complètement les Moto 360, LG Watch et autres Huawei Watch, on n'imagine pas les développeurs soutenir deux OS complètement différents, mais tous deux destinés à des smartphones Android.
On espère que Samsung saura maintenir sa pression pour sceller d'autres partenariats que les premiers annoncés (Yelp, CNN, Twitter...) car pour l'instant, l'écosystème est limité, et évidemment, la Gear S2 s'intègre très mal aux apps Google, et pas du tout à Google Maps.
Ces considérations, néanmoins, ne concerneront que ceux qui voient la montre connectée comme une plateforme. Car en tant que telle, si on se cantonne aux applications fournies, la Gear S2 remplit bien son rôle. La dictée vocale est de bonne qualité, la gestion des mails et SMS depuis la Gear S2 s'avère relativement confortable, les fonctionnalités fitness, assez bien pensées pour un usage occasionnel au moins, et l'autonomie assez satisfaisante, même si on aimerait toujours mieux dans ce domaine.
Il faudra tout de même y mettre le prix : à 349 euros, c'est moins cher qu'une Apple Watch Sport de taille équivalente ou qu'une Huawei Watch, mais ça fait déjà une petite somme. D'autant plus que pour vraiment profiter de la montre, malgré une compatibilité assez large, il vaut mieux que son smartphone soit de marque Samsung.
N'en attendez donc pas trop des développeurs tiers, mais si la gestion des notifications, la dictée des mails et SMS ou les fonctionnalités fitness intégrées vous suffisent, la Samsung Gear S2 est une montre connectée « généraliste » de qualité.
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