L’arrivée des écrans flexibles ne s’est pas faite que sur les smartphones. Les montres connectées aussi y ont droit. La marque chinoise Nubia - appartenant à ZTE - s’est ainsi lancée sur ce créneau en 2019 avec la Nubia Alpha et remet le couvert en cette année 2020 avec la Nubia Watch. L’écran flexible a-t-il un avenir sur nos fidèles smartwatches ? Probablement que oui, mais ça ne sera pas sur ce modèle. Chronique d’un ratage total...
- Le concept
- L'écran flexible AMOLED, quand même bien saisissant
- Le lecteur de musique
- Tout le reste...
Vous vous souvenez de Royole ? Mais si, ce constructeur chinois qui avait sorti le tout premier smartphone à écran flexible, le Flex Pai. À l’époque, l’engin faisait plus office de prototype sorti à la va-vite que réel produit fini...
C’est un peu la même chose qui s’est produite pour la Nubia Alpha, une montre connectée adoptant un large écran flexible. La succession arrive un an plus tard avec la Nubia Watch, un modèle moins cher et moins bien équipé, mais qu’on espère mieux fini.
Commercialisée à 219€, la belle n’est disponible en France que depuis le site officiel de Nubia. Mais avant de vous jeter sur ce concept, prenez le temps de lire notre test...
Nubia Watch : spécifications techniques
Alors que la Nubia Alpha était une sortie d’hybride maladroit entre un smartphone et une montre connectée, la Watch revient aux basiques. La smartwatch asiatique ressemble ainsi à n’importe quelle montre moderne, si ce n’est son fameux écran flexible.
Avant de décortiquer l’engin, voyons ce que nous réserve la fiche technique :
Ecran AMOLED de 4.01”
Processeur Snapdragon Wear 2100 - 1 Go de RAM - 8 Go de stockage interne
Batterie de 425 mAh
Bluetooth 4.1 - Wi-Fi 802.11 b/g/n
GPS + Beidou + Galileo
Capteur de rythme cardiaque
Microphone + haut-parleur
Certains d’entre vous auront probablement tiqué sur certains éléments, à commencer par le processeur. Le Snapdragon Wear 2100 n’a plus fait parler de lui depuis un moment et pour cause : il est le SoC privilégié des premières smartwatches sous WearOS, remplacé depuis belle lurette par le Wear 3100 et le tout récent Wear 4100.
On note aussi l’utilisation d’une puce Bluetooth 4.1 et l’absence de capteur de SpO2. Pour être honnête, on dirait la fiche d’une montre connectée de 2015. Pas très rassurant tout ça...
Design : difficile de rater la Nubia Watch !
L’un des gros défauts des smartwatches est leur design. Si les années qui passent ont permis un certain affinement des dimensions, la discrétion est rarement de mise. Mais jamais une montre connectée n’a atteint le niveau de la Nubia Watch en matière de tape-à-l'œil...
Avec un poids de presque 100 grammes, l’engin ressemble plus à un brassard lesté pour sportif qu’une vraie montre. Même l'imposante Garmin fénix 6X Pro Solar semble rikiki à côté de la tocante à écran flexible. Oubliez toute velléité de discrétion une fois la Nubia Watch à votre poignet.
Car en plus d’être lourde, la smartwatch chinoise est aussi loin d’être sexy. L’écran flexible est ceinturé par deux gros rebords en métal de couleur dorée. L’appareil n’est pas très large malgré son boitier de 41.7 mm. C’est plutôt son épaisseur qui ressort avec pas moins de 14.4 mm au compteur.
Un seul bouton est disponible. Il sert à l’allumage et l’extinction de la Nubia Watch, ainsi qu’à la navigation dans le système. Il est impossible de le personnaliser. Il n’est pas non plus rotatif, ce qui aurait pourtant été bien pratique vu le format allongé de l’écran.
La première impression est donc loin d’être positive. Même si elle est bien assemblée, la Nubia Watch est trop encombrante et lourde pour une utilisation quotidienne. Mais vous allez vite voir que ce n’est pourtant pas l’aspect le plus rebutant de cette montre connectée...
Écran : la seule réussite de la Nubia Watch
Il est temps de jeter un œil au fameux écran flexible créé par la société-fille de ZTE. Avec un format rectangulaire de 4”, inutile de préciser qu’il détonne particulièrement, surtout qu’il utilise la fameuse technologie AMOLED.
La première approche est ainsi pour le moins surprenante. Les nombreux cadrans proposés tirent parfaitement avantage de cette dalle extra-longue. Les couleurs vives ressortent particulièrement bien, avec des contrastes magnifiques.
L’écran flexible est du plus bel effet. Il faut toutefois mitiger un peu le terme de “flexible”. Il s’avère que la dalle ne se courbe qu’aux extrémités, là où le bracelet commence à faire le contour du poignet. Le reste du boitier étant rigide, il n’y a pas d’autre pliage possible de la montre.
Un petit défaut pointe d’ailleurs assez vite le bout de son nez. L’incurvation élevée de l’écran empêche de bien voir sur les extrémités. Au final, on se contente de lire les infos au milieu du cadran ou sur la partie basse.
Le concept n’est donc pas encore abouti, même s’il est extrêmement alléchant. On imagine aisément l’apparition de montres dont l’écran ferait tout le tour du poignet. Avec un système adapté, le potentiel est énorme. Le souci, c’est que la partie logicielle est complètement aux fraises sur la Nubia Watch...
Système d’exploitation : un logiciel conçu à la truelle...
On pourrait penser que Nubia aurait tiré une certaine expérience de la commercialisation de l’Alpha. Malheureusement, il n’en est rien. Entre bugs, incohérences et fonctionnalités incomplètes, la Nubia Watch déçoit sur de nombreux points.
C’était pourtant bien parti. Le logiciel basé sur Android tire bien avantage du vieux SoC Wear 2100, restant parfaitement fluide au quotidien. On a du mal à croire que ce processeur a presque cinq ans au compteur !
Mais ça s’arrête là. L’interface a beau être relativement bien travaillée pour le grand écran, elle va vite vous faire vous arracher les cheveux. On passera sur le fait qu’elle est entièrement en anglais sur la montre (et avec des traductions plus qu’approximatives sur l’application). Faisons un petit tour du propriétaire si vous le voulez bien.
Comme toujours, tout commence par le cadran principal. Il y en a une trentaine sur la mémoire de la Nubia Watch. Vous pouvez même créer le vôtre avec vos propres photos, à la manière d’un gigantesque collage. C’est assez sympa, même si c’est au final plutôt inutile. Avec un glissement vers le haut ou le bas, vous accédez aux paramètres rapides et aux notifications. Simple et classique.
On accède aux applications avec un swipe vers la gauche ou la droite. La liste contient de quoi passer des appels, recevoir des messages, suivre vos activités physiques ou même écouter de la musique. A priori, ça semble plutôt complet.
Mais on se rend vite compte de la catastrophe en naviguant au sein de cette interface. Déjà, on note quelques bugs, comme des déconnexions fréquentes du Bluetooth ou encore le WiFi qui s’active tout seul alors qu’on l’a éteint cinq minutes avant. D’ailleurs, ce fameux WiFi ne sert à rien. Même connecté au réseau, il ne permet pas de recevoir de notifications ou de passer des appels. Même le passage de coups de fil est une épreuve : le haut-parleur est totalement inaudible en plus d’être de mauvaise qualité. Vous devrez coller la montre à votre oreille pour entendre votre correspondant. Pas super pratique...
Dans le même ordre d’idée, la boussole ne fonctionne pas du tout. Mieux encore : l’agenda ne se synchronise pas sur la montre, impossible de suivre les rendez-vous à moins d’activer les notifications. J’ai aussi été confronté une ou deux fois à des blocages de plusieurs secondes. Inutile d’en ajouter plus, vous aurez compris que le logiciel est loin d’être finalisé. Nubia ne semble d’ailleurs pas décidé à apporter la moindre mise à jour. Pour le coup, on a un peu l’impression d’être face à un prototype plus qu’un produit finalisé...
Fonctions sport : une montre aussi complète qu’un traqueur... de 2015 !
Tout n’est pas noir sur la Nubia Watch. Il y a aussi quelques parties grises. Le suivi du sport est ainsi ce qui fonctionne certainement le mieux. Enfin, encore faut-il ne pas être trop exigeant...
Prenons par exemple le suivi du rythme cardiaque. Il n’est pas effectué en permanence comme c’est le cas sur toutes les montres connectées actuelles. Il faut l’activer manuellement ou alors lancer une session de sport. La capture est plutôt précise, même si bien entendu on n’arrive pas au niveau de vraies smartwatches sportives.
N’espérez pas non plus un nombre hallucinant de profils sportifs. Là, on doit se contenter de quatre sports seulement : marche en extérieur, course en extérieur ou en intérieur et exercice libre. Difficile de faire plus spartiate...
Lors du lancement d’une activité, le GPS met un temps fou à accrocher un signal. L’écran n’affiche pas de trace de navigation, il se contente de vous donner le rythme cardiaque, les calories dépensées, le nombre de pas et le temps passé dans la session. C’est bien trop succinct pour une montre à plus de 200€, qui plus est de 2020. On arrive à peine au niveau des traqueurs d’activité d’il y a quelques années.
C’est assez dommage, le comptage des pas semble plutôt précis. Mais en dehors de ça, difficile de trouver un quelconque intérêt à cette smartwatch largement en-dessous de la concurrence. Ce constat est le même pour le suivi réalisé dans l’application. Deux graphiques se battent en duel, n’apportant aucune information fiable. Cette pauvreté affligeante n’aide pas à sauver la Nubia Watch du naufrage...
Fonctions connectées : le minimum avec un maximum de bugs
Bon, la partie sport étant loin d’être convaincante, on peut espérer que les fonctionnalités utilitaires se débrouilleront mieux. Hélas, ce n’est guère plus efficace de ce côté-là...
La Nubia Watch peut recevoir les notifications d’appels, SMS et applications, mais n’ira pas plus loin. Il est impossible d’y répondre avec des messages prédéfinis. Oubliez la présence des assistants vocaux, ils sont bien entendu absents.
On pourra néanmoins se rattraper sur la musique. La montre possède une généreux stockage de 8 Go qui permet d’importer plusieurs centaines de titres au format MP3. Même le FLAC est géré. Branchez des écouteurs ou un casque Bluetooth et vous pourrez profiter de vos musiques préférées durant quelques heures. C’est déjà ça de pris !
En dehors de ça, la montre ne va pas bien loin. On peut mettre en place des alarmes ou des minuteurs, c’est le plus basique. L’agenda ne fonctionne pas, donc on le laissera vite de côté. On trouve aussi une fonction nommée “Barrage” qui affiche des animations sur l’écran. C’est parfaitement inutile, à moins de vouloir être vu de tous en boite de nuit...
Inutile d’aller plus loin, la Nubia Watch est une fois de plus une grosse déception. Le peu qui fonctionne est à peine digne d’une montre connectée bas de gamme.
Autonomie : même pas deux jours d’usage
Est-ce vraiment une surprise que l’autonomie soit une déception ? À ce point du test, la réponse est malheureusement non... Entre le vieux SoC Wear 2100 loin d’être un champion de la basse consommation, le grand écran très gourmand et le logiciel optimisé à la truelle, la Nubia Watch n’est pas une championne en termes d’endurance.
Le constat est donc le même que pour le reste du test : on est sur des valeurs dignes d’une montre connectée d’il y a cinq ans. La tocante à écran flexible peine donc à tenir la charge plus d’une grosse journée en usage normal. Le constructeur asiatique annonce une autonomie de 36h environ, mais il reste bien difficile d’atteindre un tel score. On est plus sur 30h grand maximum en jouant sur la luminosité - non automatique – de l’écran et en évitant bien entendu les utilisations les plus gourmandes en énergie comme l’écoute de musique.
Pour la recharge, n’attendez pas non plus de miracles. L’engin ne propose pas de charge rapide ou même sans-fil comme on commence à le voir de plus en plus. Ici, on a juste un gros socle magnétique carré, peu élégant soit dit en passant. Comptez plus de 2h pour faire le plein complet de la batterie de 425 mAh. C’est à peine plus long que la concurrence, mais rapporté au temps d’utilisation, ça fait mal...
Nubia Watch : le verdict de Clubic
La Nubia Watch aurait pu être une véritable bombe dans le domaine des montres connectées et paver la voie à une nouvelle ère. Sauf qu’elle en est loin, bien loin...
En l’état, la smartwatch de ZTE ressemble plus à un prototype pas finalisé sorti à la va-vite, histoire de dire “on l’a fait en premier”. C’est un dur constat, mais difficile de trouver le moindre attrait à cette montre à écran flexible. Si l’écran est de belle qualité, il n’apporte finalement pas grand-chose en termes d’usages. Mais c’est surtout le logiciel et l’application, tous deux plombés de bugs et d’incohérences, qui viennent totalement ruiner l’expérience.
Pour le même prix que la Nubia Watch, vous pourrez vous offrir une montre connectée classique bien plus efficace dans tous les domaines, que ce soit pour le sport ou les fonctions utilitaires, sans oublier l’autonomie. Il sera probablement plus sage d’attendre encore quelques années avant d’investir dans les smartwatches à écran pliable...
À moins de vouloir à tout prix posséder l'une des premières montres connectées à écran flexible du marché, passez votre chemin….
De la Nubia Watch, on ne retiendra que le concept. Le reste semble à peine à l'état de prototype, à mi-chemin entre beta-version et travail bâclé. Les quelques fonctionnalités qui marchent à peu près ne rattrapent pas l'ensemble et ne justifient surtout pas le prix demandé.
On vous recommande donc de patienter quelques temps avant de craquer pour une montre à écran flexible comme la Nubia Watch, le marché actuel n'est pas encore assez mature pour cette technologie…
- Le concept
- L'écran flexible AMOLED, quand même bien saisissant
- Le lecteur de musique
- Tout le reste...
15 octobre 2024 à 11h45