La plateforme française de streaming musical Deezer propose un nouveau système de rémunération pour les artistes, qui se veut être plus équitable, puisqu'établie sur les écoutes individuelles des abonnés.
La question de la rémunération des artistes rattachés au streaming musical fait débat depuis plusieurs années. Selon Deezer, la méthode actuelle privilégiée par les géants du secteur, comme Spotify et Apple Music, n'est pas la bonne. Autrement dit, celle de rémunérer les artistes en fonction du volume d'écoute n'est pas très juste. Voilà pourquoi la plateforme française propose son propre système de rémunération, axé sur l'engagement de l'utilisateur.
Avec le système actuel, les artistes moins écoutés sont étouffés
À cette occasion, Deezer, 14 millions d'utilisateurs et 37,5 % de parts de marché dans le monde, a dévoilé un mini site explicatif sur lequel le système de rémunération pour les artistes est détaillé. « Aujourd'hui, les ayants droit et créateurs sont rémunérés à la hauteur de leur part de marché globale », indique le service. Rappelons que, à l'instar de Spotify, Deezer reverse 70 % de ses revenus aux ayants droit. Ces derniers redistribuent ensuite la manne aux artistes, auteurs et compositeurs, qui perçoivent leur part due.Cela signifie que certains genres musicaux sont par exemple favorisés par rapport au Jazz. Prenons deux abonnés Premium à 10 euros par mois. L'un écoute 90 fois un artiste, l'autre 10 fois. L'artiste écouté 90 fois recevra 90 % de la rémunération globale, soit 12,60 euros, contre 10 % pour l'autre, soit 1,40 euro. C'est le système actuel.
Deezer veut favoriser un partage de la valeur qui enchante les maisons de disques indépendantes
Pour rétablir une certaine équité et éviter les fraudes - suspectant des artistes de gonfler abusivement et artificiellement leurs écoutes - Deezer propose de mettre en place le UCPS (User Centric Payment System). Mais quèsaco, nous direz-vous ? « Avec UCPS, ce que vous payez sera reversé uniquement aux artistes que vous écoutez », explique Deezer. Il s'agit donc, pour la plateforme, de rémunérer les artistes non plus en fonction de la masse et d'une part de marché global, mais en fonction des écoutes individuelles des utilisateurs.Prenons encore nos deux abonnés. Si A écoute l'artiste B, et que C écoute l'artiste D, le montant reversé sera le même (7 euros chacun), peu importe que B soit écouté 90 fois ou D 10 fois. « L'argent de chaque abonnement que Deezer reverse aux éditeurs et producteurs ne serait réparti qu'aux seuls artistes écoutés par l'abonné. C'est une mesure d'équité pour les artistes et de transparence pour nos clients. Ainsi Deezer France souhaite innover en favorisant un partage de la valeur plus équitable pour les ayants droit et les artistes », réagit Alexis de Gemini, le DG France de la plateforme.
Selon Deezer, les artistes qui aujourd'hui gagnent peu d'argent pourraient voir leurs revenus croître de 30 %, tandis que les plus puissants pourraient perdre 10 %. Vous vous en doutez bien, la réforme souhaitée par Deezer ne rencontre pas le succès chez les majors comme Warner Music ou Universal Music. En revanche, elle obtient le soutien des maisons de disques indépendantes comme Wagram, Idol ou Believe. La route sera encore longue.
Source : Communiqué de presse