Accompagner les professionnels et créatifs en leur fournissant les appareils dont ils ont besoin pour travailler. C'est l'objectif affiché depuis le début par NVIDIA avec sa gamme de laptops RTX STUDIO. Annoncée pour la première fois lors de la conférence des verts au Computex, fin mai, cette dernière se déclinait initialement autour de 17 modèles certifiés par NVIDIA et assemblés par les partenaires historiques du géant au caméléon. Trois mois plus tard, ce label dédié aux pros s'est largement étoffé pour porter le nombre de machines adoubés par la marque à plus d'une quarantaine, issues de chez Acer, ASUS, HP, MSI, Dell ou encore GIGABYTE.
Pour nous permettre de tester la crème de la crème de cette lignée RTX STUDIO, NVIDIA nous a fait parvenir en test l'Aero 15 du taïwanais GIGABYTE. Méchamment rapide, doté d'une dalle OLED 4K du meilleur effet, et habillé d'une robe noire à faire défaillir un SR-71 Blackbird, l'appareil se monnaye à 3599 euros sur le net.
Pour ce prix, voici le menu que GIGABYTE nous propose :
- Un écran AMOLED 4K (signé Samsung) de 15,6 pouces (HDR 400, 100% DCI-P3 / couverture à 125% du spectre sRGB, certifications Certification X-Rite Pantone), non tactile.
- Un processeur Intel Core i7-9750H (6 cores / 12 threads, fréquences entre 2.6 GHz et 4.5 GHz,12 Mo de cache)
- 32 Go de DDR4 (Samsung) à 2666 MHz (via 2 barrettes de16 Go), extensibles jusqu'à 64 Go
- Une Carte graphique NVIDIA GeForce RTX 2080 Max-Q équipée de 8 Go de mémoire vidéo GDDR6
- 1 To de SSD (Intel 760p M.2 PCIe) et un slot libre pour l'ajout d'un second SSD M.2
- Une puce Killer Wi-Fi 6 AX1650
- Une batterie 94 Wh pour une autonomie maximale théorique de 8h30
- Une prise en charge Microsoft Azure AI pour des réglages CPU et GPU optimisés sans intervention de l'utilisateur
Plutôt compact pour une configuration de cette pointure, l'Aero 15 se limite à des mensurations de 250 x 356 x 20,4 mm et affiche tout juste deux kilos sur la balance. C'est d'entrée de jeu 500 grammes de moins que le ZenBook Pro Duo d'ASUS (15,6 pouces lui aussi) que nous testions récemment sur Clubic, et qui se destine peu ou prou au même type d'utilisateurs... sans pour autant s'intercaler dans la famille RTX Studio.
On notera aussi qu'un écart de seulement 100 euros sépare les deux appareils, et ce alors que l'Aero 15 embarque une RTX 2080 MaxQ en lieu et place d'une « simple » RTX 2060 chez son camarade. Une différence de prix expliquée par l'intégration d'un écran secondaire 4K au ZenBook Pro Duo. L'avantage revient néanmoins au terminal de GIGABYTE sur le plan des performances (et nous en aurons la confirmation plus loin).
Ces précisions étant désormais derrière nous, passons au test de l'appareil.
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La puissance intérieure, sublimée par l'élégance extérieure
Noir comme la nuit (même si une version grise existe) et intégralement drapé d'aluminium, l'Aero 15 fait son petit effet dès le déballage. Tout dans l'appareil, sa conception et sa finition nous indique que nous sommes sur un laptop pour adultes et non sur une machine pour ado de 15 ans. Les néons et logos criards sont mis de côté, les effets RGB désactivés par défaut sur le clavier et l'ensemble affiche une sobriété qui confine peut-être au rigorisme, mais saura à n'en point douter séduire les amateurs de PC discrets.S'il est discret, l'Aero 15 n'en est pas pour autant fade ou quelconque. Le terminal de GIGABYTE est élégant et ses lignes tantôt régulières, tantôt tortueuse savent lui conférer une personnalité bien à lui et un cachet que l'on ne saurait renier.
Vous l'aurez compris, sans être un appareil d'esthète, l'Aero 15 fait mouche... et ce tout autant que le degrés de finition qui lui est apporté. Nous avons à faire à une machine haut de gamme et cela se ressent dès la première ouverture.L'écran se déploie sans que la base du châssis ne se soulève sur le bureau. Nous en attendions pas moins pour 3600 euros, mais la première impression dégagée par ce détail laisse augurer du meilleur.
Une fois déployé, l'écran AMOLED signé Samsung affiche sans fausse pudeur ses bordures amincies. Avec seulement trois millimètres de rebord sur le dessus et les côtés, la dalle du constructeur occupe au maximum l'espace disponible, sans pour autant faire l'impasse sur une large bordure inférieure et sans oser passer à un format 3:2, certes peu courant sur ce type de laptops. Les pourtours de l'écran sont par ailleurs cernés d'une épaisse bande de plastique souple qui permettra d'amortir les chocs lors d'une fermeture de capot trop violente. Un bon point pour la durabilité du PC.
Conséquence des bordures rabotées à l'extrême sur l'écran de l'Aero 15, la webcam déménage pour se loger juste au dessus du clavier. Un emplacement loin d'être idéal : la caméra filmera en priorité votre torse et votre menton... et oubliera totalement la partie supérieure du visage si l'on se trouve trop prêt de l'écran. Sa qualité est par ailleurs médiocre et suffira tout juste aux appels vidéo. On est habitués. Point positif s'il faut en trouver un ici : cette webcam est dissimulable derrière un petit volet en plastique, à la manière de ce que propose le chinois Lenovo sur la plupart de ses modèles depuis un an.
Excentré sur la gauche puisque accolé à un pavé numérique, le clavier arrive de part et d'autre en limite de châssis. La frappe est ici moelleuse et précise en dépit de touches assez petites. La course est longue mais l'on regrette que le retour soit bien trop mou. Question de goûts, mais cela pourra déplaire à certains utilisateurs.
Notre sens de lecture de haut en bas, nous amène tout naturellement au trackpad. Petit, trop petit selon nous en 2019, ce dernier se montre en revanche précis et a le mérite d'intégrer un capteur d'empreintes digitales dans son coin supérieur gauche. Un emplacement particulièrement utile et facile d'accès. Notons enfin que ce trackpad est cliquable sur l'ensemble de sa surface et de manière uniforme... ce qui n'est pas nécessairement le cas partout chez la concurrence.
Pour le reste, les flancs biseautés de l'appareil hébergent de larges grilles dédiées à la ventilation ainsi qu'une connectique généreuse. Nous avons sur la droite, et de haut en bas, un lecteur de carte SD, un port USB Type C Thunderbolt 3 et deux ports USB Type-A 3.1 Gen 1. Sur la gauche, on retrouve une sortie HDMI 2.0, un port USB Type C 3.1 supportant l'affichage DisplayPort 1.4, un autre port USB 3.1 Type A Gen 1, une prise Jack 3,5 mm et enfin une entrée RJ-45 (Killer Ethernet E2600). Ainsi paré, l'Aero 15 ne manque de rien ou presque. On saluera donc cette connectique complète, ainsi que la présence d'un lecteur de carte SD toujours aussi pratique.
Une dalle OLED olympienne...
De plus en plus courant sur smartphone, l'OLED s'impose peu à peu sur ordinateurs portables depuis quelques mois, et même sur moniteurs de bureau. Les efforts consentis par Samsung Display, notamment, pour livrer des dalles AMOLED sur des diagonales moyennes commencent en effet à porter leurs fruits sur le marché. Preuve en est, notre Aero 15 est justement pourvu d'un panneau AMOLED émanant de chez le fabricant coréen... et inutile de préciser que la maîtrise de Samsung en la matière est une nouvelle fois toute manifeste.L'expérience prodiguée ici est éclatante et l'écran de l'Aero 15 ne souffre d'aucun défaut qu'un oeil humain, même bien entraîné, pourrait déceler. Les noirs sont infinis, la luminosité maximale généreuse et la colorimétrie au poil, avec des couleurs éclatante mais retranscrites avec grande justesse.
Histoire d'en remettre une couche, GIGABYTE nous bombarde d'une foule de certifications. Son écran est ainsi certifié VESA Display HDR True Black 400, supporte 100% de l'espace colorimétrique DCI-P3 et surpasse de 25% le spectre sRGB. L'ensemble est par ailleurs capable d'un temps de réponse de 1 ms, pour une réactivité optimale y compris en jeu, même si ce n'est pas l'objectif premier dans le cas présent.
L'expérience visuelle permise par la dalle Samsung de l'Aero 15 parvient ainsi à surclasser celle — déjà très flatteuse — du ZenBook Pro Duo d'ASUS (lui aussi équipé d'un écran OLED 4K certifié 100% DCI-P3). A notre niveau, l'affaire est simple : nous n'avons tout bonnement rien à lui reprocher. Cette dernière compte parmi les toutes meilleures dalles OLED sur laptop à l'heure où nous rédigeons ces lignes.
... doublée d'augustes performances
Côté performances, nous avons pu tester l'appareil en montage sous Da Vinci 16 et en jeu pour un bilan très positif, tout spécialement porté par les prestations sans égal de la RTX 2080 Max Q.Epaulée de ses 8 Go de mémoire vidéo GDDR6 et de 32 Go de RAM (DDR4 2666 MHz également estampillée Samsung), la puce de NVIDIA forme un tandem rêvé avec le Core i7-9750H d'Intel, que l'on retrouve désormais, au moins en option, sur la majorité des machines de ce segment.
Sous Da Vinci 16, ce couple CPU/GPU est d'une efficacité redoutable. Le montage en 4K / 24 images par seconde (codec H.264) d'un petit reportage de 1 min 21 a nécessité 4 min 42 sur batterie et seulement 2 min 58 sur secteur. Pour poursuivre nos essais sur l'outil de montage, nous avons eu recours à un protocole de test et à des fichiers proposés par NVIDIA et Black Magic pour les testeurs d'appareils RTX Studio et de Da Vinci 16.
Le test consistait à réaliser le montage d'une courte vidéo composée de rushs .RAW en 4K de très haute qualité. Dans le cadre de ce test, la vidéo de 24 secondes était exportée (en codec H.264) en tout juste 34 secondes grâce à l'apport de la RTX 2080 (utilisée, comme pour le montage de notre reportage, en GPU par défaut) et de la méthode de calcul CUDA.
Sans égaler les performances d'une machine de bureau spécialement conçue pour le montage vidéo, l'Aero 15, porté par les drivers professionnels que NVIDIA prodigue sur cette gamme RTX Studio, permet une expérience des plus convaincantes en mobilité. En l'état, seul le très récent ASUS ProArt StudioBook One avec son Core i9 et sa Nvidia Quadro RTX 6000 (nouveauté chez NVIDIA) pourrait être en mesure de faire mieux. Notons d'ailleurs que ce PC est lui aussi rattaché à la gamme RTX Studio.
Sous CineBench R20, enfin, notre Aero 15 complétait la simulation en 1 min 57 seulement et obtenait 2490 points. Un bilan qui lui permet de se placer loin devant le ZenBook Pro Duo (Core i7-9750H, 32 Go de DDR4 et RTX 2060), qui avait pour sa part terminé l'épreuve en un peu moins de trois minutes.
Un point sur ce que l'appareil est capable de faire en jeu. Sur Shadow of the Tomb Raider, avec tous les détails poussés à leur niveau maximum (hors ombres par Ray-Tracing) et en maintenant la définition 4K native de l'écran, nous obtenions un framerate compris en 24 et 33 FPS sur le benchmark du jeu (qui pousse volontairement tous effets à bloc pour éprouver les composants).
Dans des conditions normales de jeu, il fallait cette fois compter sur 27 à 29 FPS en extérieur et sur 30 à 35 FPS dans les niveaux en intérieur. Des performances, en 4K, rappelons-le, qu'il était possible d'améliorer en rabotant légèrement la qualité de certains effets.
Opter pour une occlusion ambiante BTAO et passer les ombres en « élevé » plutôt qu'en « Ultra », permettait ainsi de dépasser les 40 FPS pour profiter d'une expérience plus fluide et plaisante. La perte en termes de qualité d'affichage était pour sa part minime. Attention en revanche aux gourmandes ombres par Ray-Tracing. En les activant ne serait-ce qu'à leur niveau « Moyen », nous tombions cette fois à moins de 30 FPS en 4K. La fluidité globale du jeu s'en voyait par ailleurs sensiblement compromise, avec des chutes de framerate fréquentes dans les environnements les plus chargés. Nous avons préféré les laisser désactivées pour maintenir le plus possible les autres jolis effets de SotTR, qui tournera facilement à 60 FPS en 1080p ou 2K.
Question températures enfin, l'Aero 15 ne peut pas se targuer d'être particulièrement frais ou silencieux. Bruyant lorsque fortement sollicité, son système de dissipation permettait de maintenir le CPU d'Intel aux environs de 80-85 degrés sous Shadow of the Tomb Raider. Sur le bureau, aidés par une ventilation presque tout le temps active, nous nous limitions à 45-50 degrés. En montage, les températures oscillaient aux environs de 90 degrés.
Nous avons par ailleurs lancé notre traditionnel stress test sous AIDA 64. En usage CPU à 100%, nous avons constaté un léger souci de thermal trotting (entre 2 et 8%), nettement moins problématique que sur le ZenBook Pro Duo d'ASUS.
Autonomie plaisante, partie son usuellement contrastée
Le GIGABYTE Aero 15, qui nous a accompagné pendant près de deux semaines fait preuve d'une endurance assez plaisante pour une machine aussi bien dotée.Utilisé dans le cadre d'un usage bureautique et multimédia (surf sur le net avec Google Chrome et une petites dizaine d'onglets ouverts, lecture de vidéos sur YouTube et travail bureautique avec luminosité de l'écran à 80% et le rétroéclairage du clavier actif), l'appareil parvenait à tenir sur batterie 5 bonnes heures. En diminuant la luminosité et en coupant le rétroéclairage, il est très certainement possible de tutoyer — voire même dépasser légèrement — les 6 heures d'autonomie. Ce n'est pas si mal.
En lecture vidéo sur Netflix (via Edge, avec la luminosité à 70%, le rétroéclairage coupé et un casque branché avec le volume à 60%) nous avons d'ailleurs compté environ 5 h 20 avant de voir l'alerte windows apparaître à l'écran pour solliciter une prise secteur.
Naturellement, ces estimations seront plus que divisées par deux en montage vidéo soutenu. Un point qui n'étonnera personne et qui contraint, dans les faits, l'utilisateur à transporter la plupart du temps le laptop avec son chargeur... un chargeur assez lourd et volumineux. Encore une fois, nous sommes habitués.
Un point rapide sur l'expérience sonore proposée par l'Aero 15.
Nous nous trouvons ici face à un bilan contrasté, comme sur 90% des laptops du marché. Il faut ainsi faire avec des haut parleurs plutôt piteux, essentiellement centrés sur les médiums et donc la restitution des voix. En lecture vidéo, la chose ne pose pas trop de problème et l'on peut alors recourir, en dépannage, aux speakers de la bête, mais inutile de trop compter dessus pour écouter ne serait-ce qu'un peu de musique : les basses sont aux abonnées absentes et les aigus paraissent dans bien des cas complètement étouffés. La scène audio est aussi très resserrée pour une écoute globalement déplaisante.
Une fois n'est pas coutume, tout va beaucoup mieux une fois un casque branché. Le volume maximal est suffisant et le son ne sature pas. Attention en revanche à la légère perte de précision que nous avons pu constater à l'écoute lorsque le volume est poussé à 100%. Rien de méchant néanmoins.
Le son est autrement bien équilibré. Sans compter parmi les meilleures sorties casque que nous ayons vu passer sous nos doigts velus, celle de l'Aero 15 s'en sort bien.
GIGABYTE Aero 15 OLED (YA-7FR5450SP) : l'Avis de Clubic
Vous cherchez un laptop gaming ? Passez votre chemin. Proposé à 3599 euros, le GIGABYTE Aero 15 n'offre pas grand chose de plus (sinon un très bel écran OLED 4K) qu'un appareil proposé 1000 euros de moins, avec une configuration certes moins musclée. Si vous êtes un professionnel ou un créatif et que vous cherchez un nouvel outil de travail sobre, capable de mettre une tannée à un MacBook Pro 15 avec GPU AMD Radeon dédié, alors vous pourriez bien avoir trouvé le compagnon qu'il vous faut.Insolent d'efficacité en montage, admirable à peu près partout y compris dans les logiciels professionnels les plus exigeants, l'Aero 15 ne peut décevoir. La machine de guerre de GIGABYTE a été conçue pour plaire aux utilisateurs les plus pointus, et à cet égard elle remplit parfaitement son office, sans jamais démériter ou se prendre les pieds dans le tapis. Son autonomie est par ailleurs très convenable pour ce segment du marché.
Difficile aussi d'oublier la douce volupté de l'écran 4K AMOLED livré ici par le coréen Samsung. Il s'agit, comme nous l'avons expliqué plus haut, d'un des plus beaux écrans que nous ayons vu sur le marché laptop. Même le très bel écran OLED 4K du ZenBook Pro d'ASUS fait moins bien — notamment sur le terrain de la colorimétrie. On sent que GIGABYTE s'est entouré des meilleurs pour produire un appareil d'exception et l'on ne peut qu'applaudir... sans pour autant fermer les yeux sur les quelques (petites) faiblesses de cet Aero 15.
Outre une partie son un chouia décevante, un trackpad trop petit et un clavier qui ne plaira pas à tout le monde, l'appareil a tendance à montrer ses premières limites sur le terrain des températures. Comme souvent sur ce genre de produits, le système de dissipation ne fait pas de merveilles. En résulte une surchauffe occasionnelle du processeur et des problèmes de thermal throttling (diminution automatiques des fréquences lorsque la température passe un certain seuil) que nous aurions préféré ne pas avoir à pointer.
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