Le vintage est plus que jamais à la mode dans le domaine de la photo, que ce soit pour l'esthétique des appareils (Fujifilm X-Series, Olympus Pen puis OM-D) que pour le rendu des clichés (Instagram et assimilés), mais aucun fabricant n'avait encore poussé le vice jusque là.
D'aucuns diront que le « Leica M Monochrom » n'est bon que pour quelques puristes (très) fortunés, mais son capteur n'est pas totalement dénué d'intérêt sur le plan technique. Il soulève au contraire les limites des capteurs conventionnels, dont les inconditionnels du noir et blanc se passeraient volontiers.
En quoi une photo issue d'un capteur noir et blanc est-elle meilleure qu'une autre convertie à partir d'un capteur couleur ?
À l'exception des capteurs Foveon X3 qui combinent le meilleur des mondes mais n'ont pas encore rencontré le succès escompté (et mérité ?), les capteurs sont constitués d'une seule couche qui n'est capable de mesurer que l'intensité lumineuse, pas les nuances de couleur. Ils sont donc recouverts d'une mosaïque de filtres de couleur (color filter array), le plus souvent une matrice de Bayer, qui filtre les couleurs atteignant chacun des photosites.
Pour schématiser, un tiers des photosites ne capte que du rouge, un autre tiers que du vert et un dernier tiers que du bleu. Un photosite monochrome (R, V ou B) correspond pourtant à un pixel multicolore (RVB) sur l'image finale, au moyen d'un algorithme d'interpolation qui devine les couleurs manquantes à partir des photosites voisins.
Mais puisque ce procédé est susceptible d'entraîner l'apparition d'aliasing (de crénelage), on recouvre l'ensemble d'une couche supplémentaire, d'un filtre anti-aliasing (aussi appelé filtre passe-bas) qui lisse et donc floute délibérément l'image transmise au capteur.
Un capteur monochrome n'a donc besoin d'aucun de ces deux artifices et capte par conséquent une image à la fois plus lumineuse et plus nette. Il est en contrepartie impossible de modifier l'équilibre chromatique, pour privilégier le bleu des ciels ou le vert de la végétation par exemple.
Revenons en au Leica M Monochrom
Le « Leica M Monochrom » abrite donc un capteur monochrome CCD plein format de 18 millions de pixels. Il offre une plage de sensibilité native s'échelonnant de 320 à 10000 ISO, avec une extension à 160 ISO, photographie jusqu'à 2 images/seconde mais ne filme pas.
La visée est naturellement assurée par un viseur télémétrique, c'est le propre d'un appareil photo à monture Leica M comme celui-ci, et le visionnage par un piètre écran LCD de 2,5 pouces à 230 000 points.
Le « Leica M Monochrom » sera lancé à l'international au mois de juillet au prix public de 6800 euros, prix auquel s'ajoute celui de couteux objectifs à monture M.