Greg Zemor : "l'étape suivante de l'e-commerce dépendra du développement offline"

Antoine Duvauchelle
Publié le 20 mai 2010 à 10h11
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Fondateur et directeur associé de Neteven, Greg Zemor a accepté de répondre à quelques questions sur sa solution de gestion des places de marché et sur les tendances de l'e-commerce. Choisi par eBay pour aider les marchands professionnels à vendre sur son site, Neteven propose un back-office unique intégré avec les principales places de marché.

Bonjour, Greg Zemor. Ebay a choisi Neteven pour aider les entreprises à vendre sur sa place de marché. Pourquoi cette solution ?

Nous sommes partenaires d'eBay car le site ne gère pas en direct les professionnels. Ils ont accès à un formulaire de vente, commun à tous les marchands, et doivent se débrouiller, ce qui rend complexe le développement d'une activité professionnelle sur eBay. Nous avons développé notre solution pour gérer les places de marché depuis cinq ans. Nous avons déjà plusieurs partenaires : PriceMinister, Amazon, Pixmania, la Fnac, RueDuCommerce, 2xMoinsCher... Nous avons un peu plus de 500 clients, la plupart en France, ou en Suisse, en Belgique et au Luxembourg, mais uniquement avec les versions françaises des places de marché.

Nous avons intégré en 2005 le programme de développeurs tiers d'eBay, qui existe depuis 2003 aux Etats-Unis. Nous avons choisi d'entrer dans ce programme parce que c'est l'époque à laquelle eBay a commencé à passer d'un service C2C à du B2C. Or nous sommes les seuls à proposer ce type de solutions en France. Il est possible pour une entreprise d'entrer dans le programme de développeurs, de développer une interconnexion avec eBay, mais c'est complexe, et ce n'est pas là qu'est leur valeur ajoutée.

Une plate-forme pour les contrôler tous, en somme ?

En passant par Neteven, les marchands en ligne peuvent effectivement vendre sur toutes les places de marché que nous prenons en charge. C'est beaucoup moins long pour eux que de mettre constamment à jour leur passerelle d'interconnexion avec les places de marché, et de maintenir les connecteurs à jour. Nous avons rendu l'univers des places de marché homogène, en permettant d'avoir accès à toutes leurs fonctionnalités avec un seul back-office. Cela permet également de gérer un site dédié. Par exemple, un cybermarchand pourra établir une connexion avec son propre site, et le gérer directement avec le même back-office que les autres places de marché.

Il y a deux phénomènes qui sont liés : des vendeurs déjà présents sur les places de marché uniquement, comme les Power sellers d'eBay, veulent développer leur marque, et ouvrir un site externe pour avoir un canal de vente en plus. D'un autre côté, on trouve des e-marchands qui ont du mal à se développer. Sur le secteur high-tech par exemple, il n'est pas évident de concurrencer Pixmania ou RueDuCommerce en terme de référencement. Ils vont donc chercher à entrer sur les places de marché, plus rentables.

Votre modèle économique est à la commission... Cela multiplie les intermédiaires, et donc les coûts pour les vendeurs ?

Nous travaillons comme les places de marché, avec une commission sur les ventes. 2% en moyenne. Nos tarifs sont dégressifs, en fonction du volume d'affaires mensuel. Ebay a le même modèle dégressif, et les autres ont une commission différente par secteur d'activité. C'est vrai que cela multiplie les intermédiaires, mais les marchands se posent la question différemment. Soit ils mobilisent une équipe de développeurs pendant six mois ou un an, en plus d'employés permanents dédiés à la mise à jour des connexions, soit ils en ont pour une semaine de développement pour intégrer notre solution. Dans ce second cas, ils peuvent se concentrer sur leur produit et leur relation client.

C'est leur valeur ajoutée. Nous, nous apportons le collecteur, et des fonctionnalités qui ne sont pas disponibles sur les places de marché. Les ventes flash, par exemple. Et nous optimisons leur référencement, qui plus est, pour faire en sorte que leurs annonces soient toujours en tête de liste. Nous avons une partie technique, mais aussi une expertise sur les marchés. Les taux de vente sont d'ailleurs nettement supérieurs en passant par Neteven. Sur le high-tech par exemple, on a pu voir un marchand qui gérait seul ses ventes sur eBay gagner 20% en six mois avec Neteven. Dans d'autres domaines, comme les articles de sport, c'est bien supérieur. Mais dans tous les cas, il faut compter trois à six mois pour que l'effet se fasse ressentir, car les places de marché ont un système d'historique, qui fait qu'ils faut un certain temps pour se construire une réputation et monter dans les listes d'annonces.

Vous prévoyez un développement à l'international ?

C'est presque naturel, puisque nos partenaires ont des entités partout en Europe. On prévoit de se développer d'abord sur leurs extensions européennes, puis sur des places de marché locales. La première annonce devrait intervenir en 2011, avec une levée de fonds, en cours, à la clé. Mais il y a de toute façon des perspectives pour le e-commerce. Je pense que l'étape suivante dépendra du développement offline : la mise en place d'une logistique nécessaire à la distribution européenne permettra d'ouvrir les frontières pour les marchands. On en est au début, et les entreprises sont très concentrées sur leur marché d'origine, mais Internet favorise un marché européen. Cela dit, il y a beaucoup de défis à relever : il faut un service client multilingue, une chaîne de distribution dans tous les pays... C'est un axe stratégique dans le développement du e-commerce.

Nous dépendons donc aussi du développement de nos clients à l'étranger. Nos partenaires peuvent les aider pour les questions logistiques sur le marché européen. Nous nous appuyons sur ces partenaires, mais ce n'est pas notre vocation de le faire nous-mêmes.

Une autre tendance du e-commerce : le social commerce. Cette forme de commerce sur les réseaux sociaux peut être un axe de développement, même si c'est pour l'instant plus un concept qu'une réalité. Il y a beaucoup de monde sur Facebook, mais la promotion d'offres ne fonctionne pas très bien aujourd'hui. Cela dit, c'est moins notre problématique, parce que nous ne faisons pas de gestion d'image. C'est aux marchands de trouver comment capter l'audience sur les réseaux sociaux. Ce sera amené à se développer s'ils y parviennent, même si pour l'instant les visiteurs de Facebook ne cliquent pas beaucoup sur les publicités. Ils s'inscrivent dans des groupes, deviennent fans de marques ou d'entreprises, mais il n'y a pas encore un taux de transformation suffisant. Et c'est précisément ce qui intéresse les marchands. Il faudra voir si Facebook parvient à se transformer d'un lieu d'échange à une place de communication réellement intéressante. Pourquoi pas, le portail Orange.fr est bien passé d'un modèle très éditorial avec un taux de clic très faible à un site qui intègre la marque, avec des mini-sites événementiels, etc. Tout le problème pour Facebook sera de chercher sa voie intelligemment, pour ne pas faire fuir l'audience plutôt que de la capter.

Greg Zemor, je vous remercie.
Antoine Duvauchelle
Par Antoine Duvauchelle

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