« Nous sommes dans un secteur où la matière première est rare car les marques essaient de limiter au maximum leur stocks. En conséquence, si les acteurs sont trop nombreux et se font concurrence, on va continuer d'assister à une multiplication des sociétés qui ne gagnent pas d'argent. Je connais déjà 500 copycats de vente-privée dans le monde » explique le dirigeant. De son côté, la société se targue d'avoir enregistré un chiffre d'affaires d'1 milliard d'euros l'an dernier (100 millions sur le M-Commerce).
Crée en 2002, le site a été rentable dès 2004 et a tenté de construire sa marque autour de la confiance acquise auprès des marques. En rachetant des stocks de produits aux enseignes, le portail s'est immiscé dans la chaîne de distribution du textile. Il propose ensuite ces produits à prix réduits à ses 2 millions de visiteurs uniques par jour.
A l'attaque de Groupon et des « Daily deals »
Fidèle à son franc-parler, le responsable de vente-privée donne son avis au sujet du service américain de couponning. « Groupon perd 500 millions d'euros par an et n'a jamais gagné un centime. De même, il me semble que leur modèle économique ne soit pas original » ironise J.A Granjon. Afin de jouer sur les plates-bandes du site américain, le portail a lancé « Rosedeal », un service permettant de vendre des coupons. Les clients sont ensuite invités à se rendre en magasin afin de récupérer le produit.
Dans la même veine, vente-privée tente également de fournir une offre dite de « Daily deal ». Cette technique permet, à l'image des promos sur les jeux vidéo de Steam, de proposer des tarifs réduits pour des offres à saisir dans la journée. Pour la société française, « One day » représente un service qui devra être développé à l'avenir. Un utilisateur pourra même depuis son portable acheter des places de spectacles mais également de théâtre (VP tickets) et s'y rendre le soir-même.
L'Amérique, l'Amérique...
Au début du mois de novembre, la société a indiqué avoir passé un accord avec American Express en vue de développer son service auprès des utilisateurs américains. Grâce à ce contrat, le portail peut donc tenter de séduire les 40 millions de détenteurs de cartes vertes aux Etats-Unis. « Le nerf de la guerre est la base de données clients. Les sites américains cherchent à avoir le plus de clients possibles dans leurs bases afin d'attirer plus facilement des revenus publicitaires (achats de bases, bannières...). Eux font du B to C, philosophiquement, cela n'a rien à voir avec notre activité » confie le responsable.
Malgré cet allié de poids, le marché américain est sensiblement différent de celui européen. Outre-Atlantique, la plupart des grandes enseignes disposent d'une ou plusieurs sous-marques qui vendent leurs propres produits moins chers. « Le marché américain c'est 20 villes et quelques malls, le reste du marché est structuré sous forme d'outlets (ou magasins d'usine, ndr) ». Difficile donc pour une société qui propose des produits à prix cassés de concurrencer les marques sur leur propre terrain.
Malgré ces difficultés, Jacques-Antoine Granjon reste confiant dans l'avenir et se targue de disposer de 150 millions d'euros de trésorerie et d'aucune dette. Aux levées de fonds, il oppose la stabilité de son entreprise. Reste à savoir si les consommateurs américains y seront aussi sensibles.