Mis en cause par le gendarme de la Bourse américaine (SEC), le p-dg du leader de la vidéo à la demande, Netflix, est accusé d'avoir divulgué des informations d'ordre financier sur son mur Facebook en juillet dernier. Des informations qui avaient alors eu pour effet d'entraîner l'action de la société à la hausse.
Reed Hastings et la société qu'il dirige, Netflix, pourraient faire l'objet de poursuites de la part du gendarme de la Bourse aux États-Unis. Dans un message sur sa page Facebook, l'homme rapporte que la Securities and Exchange Commission (SEC) n'a pas apprécié un autre message, à caractère financier celui-là, qu'il avait publié sur le réseau social en juillet. Ainsi, Reed Hastings annonçait alors à ses 200 000 abonnés que Netflix avait été utilisé pendant un milliard d'heures en juin.
Pour la SEC, cette annonce viole la règle qui encadre la divulgation des informations financières, dite « Regulation Fair Disclosure ». Cette règle s'assure que les investisseurs bénéficient d'un égal accès à l'information en prohibant les déclarations confidentielles, afin d'éviter les délits d'initiés. Dans le cas du message de Reed Hastings, réservé à ses abonnés Facebook, la SEC estime qu'il revêtait un caractère privé, et que Netflix aurait dû se fendre d'un communiqué de presse public pour diffuser cette information.
« Je pense qu'écrire pour plus de 200 000 personnes est très public, surtout que beaucoup de mes abonnés sont des journalistes et des blogueurs », commente le p-dg mis en cause. De plus, il ajoute que les messages publiés sur son mur Facebook sont également visibles pour les personnes qu'il n'a pas en ami. Reed Hastings fait aussi valoir que ce message a donné lieu à une couverture médiatique, rendant de fait l'information publique. Enfin, il rappelle que cette information sur le nombre d'utilisateurs de Netflix avait été publiée sur le blog de la société le mois d'avant, en juin.
L'information publiée était-elle significative ?
Autre argument avancé par Reed Hastings : cette information n'était de toute façon pas « essentielle » pour les investisseurs. Un discours que ne partage pas Michael Pachter, analyste chez Wedbush Securities interrogé par Reuters. Selon lui, « il est totalement malhonnête d'affirmer cela quand l'action est passé de sous les 70 dollars à plus de 80 dollars avec comme seule base, l'information contenue dans ce post ».
Au lendemain de la publication du message incriminé, l'action Netflix avait bondi, de 67,85 dollars le 2 juillet, à 81,72 dollars le 7 juillet. Soit plus de 17%. Ce qui inquiète la SEC, c'est que l'information relative au nombre d'utilisateurs laissait supposer une bonne santé financière de Netflix, alors que la société allait publier, le 24 juillet, un bénéfice en dégringolade de 91% sur un an - 6 millions de dollars, contre 68 millions l'an passé à la même période. Conséquence, le lendemain, le cours de Bourse avait chuté de 22%, à 60,28 dollars.
Au-delà de la question de savoir si le cas Netflix s'inscrit ou non dans le délit d'initié, il ouvre le débat sur la manière dont les sociétés cotées s'accaparent les réseaux sociaux pour publier des informations qui peuvent se révéler stratégiques. Un avocat cité par l'agence de presse britannique conseille à ces entreprises de ne pas publier d'informations de ce type sur Facebook ou encore Twitter, dans la mesure où la législation est encore floue sur le sujet. En attendant, Reed Hastings se dit « confiant » quant à la décision de la SEC
Le patron de Netflix est menacé de poursuites par la SEC
Par Thomas Pontiroli
Publié le 07 décembre 2012 à 11h26
Par Thomas Pontiroli
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