L'Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet parle d'avènement du SaaS, ou le logiciel en tant que service. Dans une étude publiée avec Deloitte et la Caisse des Dépôts, l'Afdel dresse un premier panorama du cloud en France, avec une attention toute particulière portée sur le logiciel.
Dans les dépenses IT en 2012, la part du cloud n'a cessé de progresser, même si elle ne devrait peser que 5% du total d'ici 2015. Parmi ces investissements, les offres SaaS sont les plus mûres et bénéficient de la plus forte croissance, relève l'étude. De 532 millions d'euros en 2011, les dépenses en la matière ont atteint 735 millions d'euros en 2012. Elles devraient se rapprocher du milliard cette année, pour presque doubler d'ici les deux prochaines années. Dans le top 100 des éditeurs français, le SaaS représente 8% des revenus, et a connu une croissance de 50% en 2012, contre 11% seulement pour le reste du marché de l'édition.
« Ces solutions sont de plus en plus perçues comme des alternatives crédibles dans les domaines de la gestion et de la relation client, de la gestion des talents et de la gestion des achats/approvisionnements », explique l'étude. Le CRM pèse 31% des recettes globales, les logiciels d'infrastructure, 37% et la comptabilité, 9%.
Quels sont les facteurs qui incitent à adopter le logiciel à la demande ? Pour l'Afdel, les secteurs qui s'y prêtent le mieux sont ceux pour lesquels « la population utilisatrice est nombreuse et variée car les solutions SaaS sont conçues pour être simples à utiliser au quotidien. Leur déploiement permet d'économiser des coûts de formations importants par rapport à des solutions traditionnelles. Un gain particulièrement important auprès d'utilisateurs peu expérimentés ».
La place de marché, un bon levier de croissance
Parmi les plus gros acteurs (l'étude porte sur les pure players) du SaaS, l'Afdel place EmailVision en tête, avec un chiffre d'affaires de 51 millions d'euros, suivi de SideTrade (29 millions d'euros). Concernant les sociétés qui se sont lancées dans les cinq dernières années, l'association relève que leur chiffre d'affaires reste très contenu, ne dépassant jamais 500 000 euros.
Des perspectives de croissance fortes existent selon l'étude, notamment parce que le SaaS est dématérialisé. « Les plateformes commerciales en ligne, comme l'App Store d'Apple ou l'App Exchange de Salesforce, peuvent accélérer de manière radicale la diffusion d'applications pertinentes, en plaçant un produit quasi inconnu à deux clics de plusieurs dizaines de millions de consommateurs », écrit l'Afdel.
Pour se développer, les éditeurs de logiciels en SaaS pourront s'adosser sur le vivier des PME/TPE, grâce au paiement à l'usage et à la possibilité d'adapter les fonctionnalités proposées aux besoins spécifiques des petites structures. D'autant que ces entreprises sont demandeuses de solutions moins chères et plus sécurisées.
Mais avant tout, l'Afdel rappelle que nombre d'entreprises sont encore réticentes vis-à-vis des solutions cloud. Afin d'aider au développement de la filière SaaS, l'association des éditeurs formule plusieurs recommandations, parmi lesquelles :
- Soutenir financièrement les nouveaux acteurs du SaaS par des tickets d'entrée dès 500 000 euros
- Créer un fonds de capital-risque public adossé à la BPI centré sur la filière SaaS
- Développer des places de marché numérique pour soutenir l'offre de logiciels adaptés aux métiers
- Accompagner la transition des éditeurs on premise via la BPI
- Dynamiser l'exportation des entreprises de logiciels et valoriser la France dans les salons IT
- Accompagner les comportements d'achat de l'administration qui n'externalise pas assez son IT
- Faire progresser la coopération économique entre grandes entreprises et PME innovantes