France Télévision, Canal+, RATP, Vinci ou encore Volkswagen, la société Applidium multiplie les partenariats et s'impose comme l'un des acteurs incontournables dans le développement d'applications mobiles en France. A l'occasion du salon App Days, qui se déroule à Paris, nous avons rencontré son co-fondateur Romain Goyet.
Clubic : Pourriez-vous présenter la société Applidium ?
Romain Goyet : La société a été fondée fin 2009 et nous avons débuté les activités en 2010. Nous sommes 25 personnes. Nous n'avons quasiment que des ingénieurs diplômés à l'exception de trois designers. Nous avons donc un positionnement très technique, ce qui colle très bien à notre activité.
Vous avez signé avec plusieurs grands noms, comment se passent les négociations ?
R.G : C'est assez classique. Une grande boite de média souhaitant faire réaliser une application mobile est tenue d'émettre un appel d'offres. Nous sommes régulièrement consultés puis nous avons un cahier des charges et nous leur présentons nos propositions en espérant ensuite être sélectionnés.
Nous avons un positionnement premium. Nous prenons toujours des engagements au forfait. Nous livrons un service et ne facturons pas à l'heure.
Combien de temps dure le développement d'une application de manière générale ?
R.G : En apparence on a l'impression que toutes les applications se valent avec cette même petite icône en porte d'entrée mais ce n'est pas aussi simple. Cela peut aller d'une application très simple avec un focus particulier sur une fonctionnalité qui peut être réalisée en moins d'un mois à des travaux qui peuvent durer plus d'une année s'il s'agit d'un projet transverse. C'est souvent le cas sur iPad.
Je dirais qu'en moyenne c'est entre trois et six mois.
Développez-vous toujours de manière native ?
R.G : Oui cela fait partie de notre positionnement. Ce qui compte pour nous c'est la qualité. Bien sûr il y a des inconvénients, par exemple le code n'est pas multiplateforme et il faut refaire l'application deux fois pour iOS et Android. Mais nous voulons des applications qui soient vraiment adaptées aux OS.
Bien sûr si l'on veut faire de la rationalisation des coûts il est intéressant d'utiliser des frameworks générant des applications universelles. Mais si l'on veut gagner la guerre du mobile ce n'est pas pertinent.
En plus des projets de vos partenaires vous avez également créé vos propres applications.
R.G : Oui, nous pensons qu'il n'est pas possible de rendre de bons services si nous ne sommes pas nous-mêmes nos propres clients. C'est impératif de se mettre à la place du client pour bien le cerner et d'aller se frotter à l'App Store. Cela permet ensuite de mieux conseiller.
Cela permet également de faire parler de soi. Par exemple les gens de Canal+ nous ont repéré avec l'application VLC. Aussi on comprend mieux les mécanismes de la monétisation.
Quelques applications développées par Applidium
Aujourd'hui quelle est l'application conçue par vos soins la plus populaire ?
R.G : Cela dépend de la manière de voir les choses. La plus connue à Paris est probablement celle que nous avons fait pour la RATP. A l'échelle planétaire c'est plutôt VLC. En nombre de téléchargements et d'usage c'est le jeu Falldown 3D.
Vos applications sont majoritairement disponibles sur iOS et Android, vous intéressez-vous à d'autres plateformes ? Avez-vous été courtisé par Microsoft ?
R.G : Nous souhaitons offrir un service. Après c'est un simple calcul de ROI. Si j'ai moins d'utilisateurs sur une plateforme je vais être moins enclin à passer du temps sur celle-ci. Nous regardons le marché et les usages et nous nous adaptons. Aujourd'hui nous n'observons pas vraiment d'appétence pour Windows Phone.
Microsoft est venu nous voir et je pense qu'ils ont raison de faire ces démarches pour défendre leur système. C'est normal, c'est leur discours commercial. Ils essaient d'appâter les développeurs à venir sur leur plateforme.
Quelle est selon vous l'avenir des applications mobiles ?
R.G : Moi j'observe une concentration du marché et il y a plein d'acteurs qui investissent énormément sur le mobile. Je pense que ces usages mobiles prendront le pas sur beaucoup d'autres tels que le PC par exemple.
Ces acteurs qui font le pari de miser gros finiront par sortir du lot. Au début tous les acteurs trouvaient leur place sur le marché mais déjà certains commencent à écraser la concurrence. Par exemple si aujourd'hui il y a une dizaine d'applications d'actualités, je ne serais pas surpris de n'en voir que deux dans 1 ou 2 ans qui vont beaucoup plus loin.
Aujourd'hui, l'éditeur de Candy Crush annonce 600 000 dollars de revenus par jour. Cela nous donne une idée assez incroyable de ce qu'ils sont prêts à investir en terme de marketing comparé à un petit studio qui ne pourra pas lutter face à des campagnes de publicités de grande envergure. Sur le jeu il n'y a que quelques titres qui dominent le marché. Cela devient de plus en plus dur de trouver des petits jeux qui ne sont plus présents dans les recommandations des app stores.
Vous être très bien implanté en France, songez-vous à signer des accords à l'international ?
R.G : Nous avons des clients internationaux mais chez nous il y a un élément important de notre service : la proximité avec le client. Ils ont envie de nous voir et de nous parler. Le développement à l'étranger devient tout de suite très lourd puisque cela implique d'ouvrir des bureaux et de recruter sur place.... Bien sûr nous y réfléchissons mais je ne pense pas que nous sommes arrivés à saturation sur le marché européen. Pour l'instant nous avons la chance et le plaisir de travailler ici alors nous en profitons.
Je vous remercie.