L'ombre de Zynga plane sur l'entrée en bourse de King

Thomas Pontiroli
Publié le 12 mars 2014 à 18h26
Sur le point de s'introduire en bourse, l'éditeur de jeux King, à l'origine de Candy Crush Saga, aura la même valorisation que Zynga. Tout l'enjeu pour le britannique sera de ne pas connaître le même sort.

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Dans un nouveau document transmis à l'autorité américaine des marchés financiers (SEC), King en dit un peu plus sur son introduction en bourse. L'éditeur de Candy Crush Saga (et de 179 autres jeux) explique notamment s'attendre à une valorisation de son entreprise comprise entre 6,6 et 7,6 milliards de dollars. Cela n'est pas sans rappeler la valeur d'introduction d'un autre éditeur bien connu : Zynga.

Le spectre de Zynga

C'était à la fin de l'année 2011 et la start-up californienne, bien connue par les membres de Facebook pour ses jeux FarmVille ou encore CityVille se lançait à l'assaut des marchés financiers, forte de la plus grosse capitalisation jamais enregistrée depuis Google en 2004, et se permettant même de devancer le site de couponing Groupon. Un peu plus de deux ans après, eh bien « la start des jeux vidéo sociaux » n'a pas fait florès et a perdu près de 40% de sa valeur en bourse...

Entre temps, on ne compte plus les démissions à tout-va au sein de la direction : le directeur financier, le directeur d'exploitation, l'artisan du jeu ZyngaPoker... La société a également remercié 5% de ses effectifs fin 2012, pendant que l'ancien responsable de CityVille était accusé de vols de données. Bref, la bérézina. Sur le volet financier, les recettes ont chuté d'un tiers à la mi-2013 et Zynga perdait de l'argent.

Parmi les raisons de l'échec de Zynga, certains observateurs expliquent que des actionnaires ont désavoué le titre lorsque Facebook s'est introduit sur les marchés en mai 2012 - les deux sociétés étant alors très liées. Surtout, Zynga semble avoir exploité au maximum les ficelles de la viralité sur le réseau social. Et lorsqu'il a fallu s'attaquer frontalement à la question du jeu sur mobile, Zynga ne fut pas capable de relever le défi.

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Pour tenter sa chance, l'éditeur avait cassé sa tirelire pour s'offrir OMGPOP, auteur du jeu à succès Draw Something. Mais l'américain n'a jamais transformé l'essai et a été contraint de stopper ses activités en juin 2013. Et Zynga d'annoncer dans la foulée la suppression de près d'un cinquième de ses effectifs.

King, un modèle à succès ?

Depuis, King a pris une place prépondérante sur ce marché et semble bien mieux armé que Zynga pour affronter la bourse. De taille plus importante avec 1,9 milliard de dollars de chiffre d'affaires en 2013, le Britannique possède un avantage : une rentabilité en pleine explosion. De 7,8 millions de dollars gagnés en 2012, l'éditeur a réalisé la bagatelle de 567 millions de dollars de bénéfices en 2013, grâce au freemium.

Seulement, ce succès repose sur un seul pilier : Candy Crush Saga ,qui a généré 78% des revenus de King en 2013. Or ce jeu accuse déjà deux ans et le risque majeur est de lasser ses 93 millions d'utilisateurs actifs.

La difficulté pour ce genre d'entreprise est de conserver ses joueurs actifs. Les jeux mobiles perdent en moyenne la moitié de leurs utilisateurs dans les deux mois après avoir atteint leur pic d'audience, selon Flurry, les classant au sommet des applications à la plus courte durée de vie. Pour contrer ce phénomène, King joue sur l'addiction et essaie de passer le témoin à ses nouveaux jeux en les poussant dans les anciens.

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Le classement de Candy Crush Saga a perdu 16 places dans les App Stores depuis janvier selon Thinkgaming.

Pour soutenir la cadence, King a décuplé ses investissements de recherche et développement ces deux dernières années, et a lancé de nouveaux opus comme Farm Heroes, Papa Pear et Pet Rescue. En parallèle, la société a multiplié par 20 ses dépenses en marketing. Toutefois, l'éditeur a montré un premier signe de faiblesse au dernier trimestre 2013 avec un chiffre d'affaires 20 millions de dollars inférieur au précédent.

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