Clubic.com : Bonjour, pouvez-vous nous donner quelques chiffres et dates pour situer Innorobo ?
Catherine Simon La première édition du salon a ouvert ses portes en 2011. Au début, nous étions franco-coréens. Nous avions à peu près 80 exposants, et avons enregistré un total de 8 à 10 000 visiteurs.
Cette année, nous en sommes à la quatrième édition, avons 140 exposants, l'année dernière 130, ce qui nous fait une progression de 8 à 10 %. L'année dernière, nous avons eu 15 000 visiteurs, cette année, nous visons les 20 000 visiteurs.
Qu'est-ce qui nous a poussés à supporter le risque financier d'Innorobo ?
Lors de la première édition, j'ai occupé le poste de secrétaire générale, et j'ai trouvé ce salon magique. Ça aidait vraiment les start-ups, et accélérait l'émergence de la robotique. Je pense que la robotique va améliorer notre qualité de vie, nous rendre plus compétitifs, et faire rayonner la France à l'international en ayant un salon international en France, je trouvais qu'il s'agissait d'un beau projet.
Quel est le coût de l'organisation d'un tel salon ?
La première année, Innorobo a nécessité un budget de 250 000 euros. Cette année, nous en sommes à plus de 800 000 euros de budget.
Peut-on dire qu'Innorobo est un salon rentable ?
Innorobo est un salon qui est équilibré. Le salon Innorobo est devenu privé parce que Syrobot (syndicat français de la robotique de service) ne voulait pas porter le risque financier. J'organise le salon avec le même état d'esprit que Syrobot. L'objectif n'est pas la rentabilité à tout prix, mais davantage la dynamisation du secteur industriel et entrepreneurial. Toutes les éditions d'Innorobo ont toujours été en équilibre financier.
Quels sont les salons concurrents à Innorobo en France, et dans le monde ?
Justement, nous sommes le seul salon européen dédié à la robotique. Il y en avait un petit en Italie, mais qui a disparu depuis. Il y a des salons énormes du type Automatica, mais qui ont simplement un tout petit hall dédié à la robotique. Les deux seuls salons existants qui sont consacrés à 100 % à la robotique sont situés en Asie. Le premier en Corée, il s'agit de RobotWorld, et au Japon Irex. Nous sommes les seules en Europe, et sommes donc référents. Aux États-Unis, vous avez un cycle de conférences qui se nomme Robot Business, qui est relativement connu des roboticiens, mais il s'agit d'un endroit où les roboticiens parlent aux roboticiens.
Innorobo a probablement favorisé des rencontres entre professionnels, ce qui a pu donner naissance à des projets qui n'auraient pas vu le jour sans ce rapprochement. Avez-vous connaissance de tels cas ?
Oui, par exemple, Awabot, la start-up de Bruno Bonnell travaille désormais en collaboration avec Orange. Cette rencontre s'est faite à Innorobo. Vous avez également EDF qui soutient un certain nombre de start-ups rencontrées à Innorobo. Également le groupe SEB qui était partenaire des deux premières éditions a investi dans des start-ups rencontrées à Innorobo.
Je pense également à une start-up française qui avait développé une technologie d'écran tactile très innovante pouvant être utilisée avec les smartphones et les tablettes, qui ont rencontré les gens de ST Microelectronics, de Samsung, de LG à Innorobo. Dans ce cas, cela n'a rien donné, et la start-up est partie sur du crowdfunding aux États-Unis, mais au moins, Innorobo a joué son rôle de mise en relation.
Où commence et termine la robotique ? A Innorobo, aux côtés des robots traditionnels, on peut voir des aspirateurs, des imprimantes 3D, ou des jouets roulants assez basiques qui semblent éloignés du sujet.
L'image que le grand public se fait du robot est le robot humanoïde. Certes, les robots humanoïdes existent, mais ils se cantonnent encore au domaine de la recherche. Mais vous avez également la robotique fonctionnelle, comme les robots aspirateurs, qui occupent actuellement 10 % de parts de marché dans le domaine des aspirateurs.
De plus, nous ne sommes pas sectaires. Si des gens qui proposent des technologies innovantes hors robotique n'ont pas de salon, ils peuvent venir à Innorobo. Par exemple, pour l'Internet des objets, prenons l'exemple d'un porte-clefs connecté. Ce n'est clairement pas de la robotique, mais si vous lui greffez quatre jambes, ce n'est pas votre smartphone qui vous permet de retrouver vos clefs, mais vos clefs qui vont se déplacer pour revenir à côté de votre smartphone. Vous voyez, nous ne sommes jamais loin de la robotique.
Y a-t-il des acteurs majeurs de la robotique encore absents d'Innorobo ? Si oui, pourquoi ?
Oui, je pense par exemple à Honda et son robot humanoïde ASIMO. Il y a également beaucoup d'autres Japonais qui ne sont jamais venus. Jusqu'à maintenant, l'absence des Japonais s'expliquait par la date d'organisation du salon arrêtée en mars depuis sa création.
Au Japon, cette période marque la clôture de l'année fiscale, et lorsque les Japonais bouclent leur année fiscale, ils ne sont disponibles pour rien d'autre.
L'année prochaine, Innorobo aura lieu en juin, nous devrions donc accueillir de nombreux exposants japonais.
Personnellement, j'ai souhaité attendre que le salon soit installé avant de modifier sa date. C'est désormais le cas, nous pouvons donc changer notre planning dès l'année prochaine.
Il y a aussi de nombreux acteurs du secteur automobile qui ne sont pas encore présents. Je pense qu'il nous reste une bonne marge de progression.
Comment voyez-vous le futur d'Innorobo ? Le salon peut-il encore grossir de façon significative ?
Oui, beaucoup d'innovations technologiques robotiques restent encore à créer. Par contre, je souhaite que le salon reste à taille humaine pour favoriser les échanges avec les dirigeants et ingénieurs des sociétés directement sur leurs stands plutôt que des hôtesses, directeurs commerciaux ou stagiaires comme on peut le voir sur les salons énormes.
Je vois bien Innorobo grossir 4, 5 ou 8 fois, mais pas plus, pour que les échanges restent à taille humaine.