Ce qui est reproché à la plateforme est d'avoir diffusé du contenu pour adulte à l'heure où le pays mène une campagne active contre ce phénomène. Selon un communiqué publié fin avril par le Bureau national contre les publications illégales et pornographiques, vingt articles et quatre vidéos postées sur Sina.com contiennent des contenus jugés « obscènes » et ont fait l'objet de « nombreuses dénonciations publiques ».
Les autorités chinoises considèrent que « certains de ces articles ont reçu des millions de clics, ce qui peut mettre en péril la morale sociale et nuire gravement à la santé physique et mentale des mineurs ». D'ajouter que Sina, « en tant que portail majeur du Net, compte un grand nombre de jeunes utilisateurs et doit prendre ses responsabilités dans la protection des mineurs ». Une considération dont ne s'émeut pas autant Twitter qui, s'il a fait le ménage sur sa plateforme vidéo Vine, laisse fleurir ce type de contenu dans ses pages.
Décidé à récupérer ses licences d'exploitation, Sina.com affirme vouloir « coopérer pleinement avec les autorités compétentes ». Cette sanction intervient quelques jours après l'annonce du gouvernement de vouloir restreindre les droits de publication de Sina après la découverte de contenus pornographiques.
Un parfum de censure
Si l'intention de protéger les plus jeunes du contenu explicite est louable, cette sanction intervient dans un contexte de censure galopante des messages publiés sur Weibo, un espace où essaient de s'exprimer librement internautes et opposants au pouvoir politique. Selon le spécialiste des réseaux sociaux chinois Maxime Rolandez, le gouvernement emploie plus de 250 000 personnes pour surveiller Internet.Lorsque des émeutes meurtrières ont éclaté à Shishou en 2009, les internautes se sont exprimés sur Fanfou et Taotao, deux réseaux sociaux à succès. Rapidement, les autorités ont demandé aux plateformes de mieux contrôler ce contenu. Devant la prolifération des messages et la difficulté technique de tout contenir, les autorités ont finalement décidé de fermer les deux sites, trois jours après. Depuis, Weibo a vu le jour, mais il intègre un filtrage des messages en amont assuré par des « commissaires de disciplines spécialisés ».
En 2011 Weibo a permis à 12 000 opposants à une usine polluante d'organiser une manifestation, et de conduire à sa fermeture. Cela a aussi été l'occasion pour Sina d'expérimenter pour la première fois la censure de manière géolocalisée en rendant impossible la publication de messages depuis un certain lieu. L'année d'après, la maison-mère du réseau social a obligé ses membres à renseigner leur véritable identité.
L'effet voulu est de limiter la contestation en exposant les contradicteurs de façon publique. Weibo a aussi enclenché un système de filtre de mots non-désirés activable suite à un événement, comme l'affaire du cannibale du Yunnan ayant fait onze victimes en 2011. Citons encore le « permis à points » instauré par Weibo en 2012 afin de limiter les messages jugés non-conformes. L'ex-directeur de Google Chine lui-même, Kai Fu Lee, suivi par 23 millions de personnes a été radié début 2013 suite à un message controversé.
Engagé dans un nettoyage du Net, Pékin aurait mené à la fermeture de plus d'une centaine de sites Internet, selon l'agence Xinhua, et à la suppression de plus de 3 000 comptes sur les réseaux sociaux et les forums.
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