Runiso : "Il n'y a pas de magie pour optimiser une page Web"

Thomas Pontiroli
Publié le 15 décembre 2014 à 16h22
Runiso aide les sites Web, surtout dans secteur du e-commerce, à se préparer aux montées en charge lors des fêtes de fin d'année ou des soldes. Sébastien Baert, directeur associé, nous décrit son métier.

Comment définissez-vous votre activité ?

Runiso a vu le jour en 2007 sur le constat qu'il manquait un lien entre le développeur et l'hébergeur. Quand un serveur tombe en panne, on sait l'identifier et faire ce qu'il faut. Quand un bug dans une page est détecté, on corrige le bout de code incriminé. Mais quand le problème est plus vague, qu'il s'agit d'un problème de performance, alors cela peut venir de n'importe où. Ne pas s'être préparé à une montée en charge à tous les niveaux fait courir un risque d'indisponibilité du site. Dans le e-commerce, cela fait perdre des ventes.

Quel conseil donnez-vous à vos clients ?

Il est très important que nous soyons mis dans la confidentialité des projets, afin d'avoir une bonne visibilité sur l'activité à venir. Tout ce qui peut amener du trafic massivement doit être signalé, c'est pourquoi nous devons être au courant des campagnes média, spécialement en télévision. Cela peut paraître bête mais si une publicité passe à la TV, cela crée un pic d'audience et si le site ne le supporte pas, l'effet est négatif.

Qu'est-ce qui est difficile dans l'optimisation ?

Au-delà des imprévus, nous sommes habitués aux périodes de pic comme Noël ou les soldes. Mais ce qui est plus dur à appréhender, c'est le changement des sites au cours de l'année. Et ils sont nombreux ! Ils bougent beaucoup, ne serait-ce qu'au niveau du catalogue mais surtout en ce qui concerne l'ajout de fonctionnalités. De nouvelles variables s'ajoutent dans l'équation, c'est pour cela que nous employons des développeurs.


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Prévisions pour Noël 2014 - source : Runiso


Comment se déroule un audit de site Web ?

D'abord, nous créons un scénario de navigation que nous voulons le plus réaliste possible. Pour cela nous « injectons » différents types de population : une acheteuse, une non-acheteuse, une qui s'inscrit à la lettre d'actualités, etc. Ensuite nous montons la charge progressivement pour trouver le point de rupture afin d'identifier ce qui a lâché. Est-ce que c'est la base de données ? Les processus ? L'infrastructure ? Le code ? Notre rôle est ensuite de conseiller nos clients sur les bons investissements à réaliser, et sur quelle partie.

Qu'est-ce qui a changé ces dernières années ?

La flexibilité ! Lorsque nous avons commencé, en 2007, préparer un site à un pic d'activité se pensait comme un véritable projet, où il fallait commander des serveurs, les préparer, les mettre en œuvre... C'est beaucoup plus simple aujourd'hui. Grâce aux technologies de virtualisation et au cloud public, il suffit de commander virtuellement la bonne quantité de ressources. Cela peut être par exemple dix serveurs pour les premiers jours de soldes et cinq pour le reste de la période. La facturation selon l'usage a aussi simplifié les choses.

Votre méthodologie a-t-elle aussi changé ?

Avant, notre métier consistait à superviser le fait que les sites soient disponibles et que le matériel tourne. Maintenant, nous envoyons des sondes dans toutes les couches : dans le code des applications Web, dans les bases de données sur les serveurs, etc. Cela nous permet de remonter des informations en temps réel sur les événements qui se produisent et de bien mieux comprendre ce qui n'a pas supporté une montée en charge. Nous avons des experts en bases de données qui observent les requêtes pour repérer celles qui pêchent.


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Moyenne observée en 2014 - source : Runiso


Savez-vous repérer le bout de code qui plante ?

Il n'y a pas de magie ! Notre travail repose sur l'utilisation d'un certain nombre d'outils permettant d'observer un ensemble de paramètres contenus dans les logs et les sondes. A la fin, nous créons un entonnoir qui nous conduit au bout de code qui ne va pas mais il n'y a pas de bouton sur lequel on appuie et qui nous le montre.

Est-ce que le surf sur mobile change la donne ?

Je pense que le mobile ne change pas grand-chose à la navigation car nous avons de bonnes infrastructures dans l'ensemble. Maintenant, il est vrai que la combinaison des modes de connexion et la diversité des appareils tend à complexifier l'approche de l'optimisation de la performance Web. Nous avons beaucoup plus de paramètres à prendre en compte qu'avec un simple PC, comme la gestion de la navigation multicanale.

Comment voyez-vous votre métier évoluer ?

Nous sommes arrivés à une forme de maturité du point de vue des clients, car ils prennent en compte l'importance de l'amélioration de la performance. Ils savent qu'il en va de leurs affaires. De notre côté, nous devons sens cesse nous mettre à jour car les technologies évoluent. De nouveaux outils et langages sont venus, comme Docker, qui améliore encore la flexibilité, ou Node.js. L'accélération des réseaux est aussi à prendre en compte car elle entraîne - et nous le constatons déjà - un alourdissement des pages Web, qui se dotent de plus de fonctions. Une chose est sûre : les internautes acceptent de moins en moins les temps de latence.


8 bonnes pratiques pour anticiper Noël et les soldes
  • Informer son hébergeur
  • Espacer l'envoi d'e-mails dans le temps
  • Inciter les clients à préparer leur panier à l'avance
  • Effectuer un test de charge avant l'opération
  • Eviter les mises à jour majeures à la dernière minute
  • Optimiser la taille des visuels
  • Mettre en cache les pages Web
  • Surveiller les points stratégiques pendant le rush
Source : Runiso


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