Le secteur du logiciel français est en croissance, et il le doit en partie au mouvement de transformation numérique en cours dans les entreprises. Dans la onzième édition de son Truffle 100 (.pdf), le fonds Truffle Capital observe une croissance du secteur - limité aux cent premiers éditeurs, dont un tiers de la valeur est captée par le seul Dassault Systèmes - de 6 % en 2014, pour un chiffre d'affaires de 6,6 milliards d'euros.
En fusionnant avec Steria en 2014, Sopra a gagné une place - Crédit : CXP.
Pour Laurent Calot, président du groupe CXP et co-auteur de l'étude, si « toutes les entreprises n'ont pas encore opéré leur transformation, il existe désormais une réelle prise de conscience, partagée par tous, des enjeux du numérique ». Les moteurs de cette transformation et de la croissance des éditeurs sont bien connus. Ils se résument par certains sous l'acronyme SMAC, pour « social, mobile analytique et cloud ».
Et tous les métiers sont concernés. « Le marketing et les ventes, impliqués dans l'amélioration de l'expérience client, se mettent à la gestion omnicanale, aux réseaux sociaux et au big data, observe-t-on au CXP. Les DRH cherchent à utiliser le networking, l'analytique et la mobilité pour piloter et motiver leurs équipes. » Et même les lourds logiciels de gestion d'entreprise (ERP) gagnent en agilité sous l'effet du cloud et du social.
Le SaaS tire la croissance
Dans les grandes attentes des entreprises qui souhaitent faire le pas vers le « digital », Laurent Calot identifie le besoin d'outils orientés vers les clients et dont l'interface est adaptée au Web, l'accès à des applications mobiles, des outils de pilotage agiles, des tableaux de bord visuels et faciles à interpréter et des fonctions d'analyse pouvant valoriser des données de plus en plus volumineuses et de moins en moins structurées.Un cahier des charges qui peut aisément se superposer à celui des logiciels dans le cloud (SaaS). Ce n'est pas pour rien si en 2014 encore, leur croissance (de 30 à 40 %) a été largement supérieure à celle de l'ensemble du marché. Même Dassault Systèmes, avec des technologies de virtualisation avancées comme le GRID de Nvidia peut adapter ses logiciels de conception 3D très gourmands à un mode de fonctionnement en cloud.
En 2014, 800 postes en R&D auraient été créés en France - Crédit : CXP.
Cet élan vers le cloud profite aussi aux intégrateurs, sociétés de services et courtiers de cloud qui, au lieu de vendre et de déployer des licences, « travaillent à apporter aux logiciels une dimension "service" à forte valeur ajoutée et orientée métier », souligne encore Laurent Calot. La finalité est d'adapter plus finement l'offre logicielle à la demande des différents métiers, et de la moduler rapidement grâce à l'agilité du cloud.
Et attire les investissements
L'un des atouts vantés par les éditeurs pour vendre leurs solutions sur abonnement est le plus faible coût - d'autant qu'il n'est pas nécessaire de déployer d'infrastructures physiques ni de recruter une main d'œuvre dédiée à la maintenance, en principe. Pour eux, cette évolution s'accompagne d'une stagnation de profits, établie à 600 millions d'euros en 2014. Et d'une baisse des dépenses en R&D, à 1 milliard d'euros.Dans une autre étude menée par le CXP, avec l'association des éditeurs de logiciels Afdel, et portant sur les trois derniers trimestres, 60 % des éditeurs français interrogés prévoient, en 2015, une accélération de leur croissance. Alors que le SaaS est déjà le principal levier de croissance, et que sept éditeurs sur dix ont une solution de ce type dans leur catalogue, 87 % affirment vouloir continuer à investir dans cette direction.
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