En France, les drones de loisir s'envolent mais ceux pour les professionnels ont du mal à quitter le sol. Cet état de marché « dual » est la conclusion d'une étude du cabinet Xerfi. Les drones pour le grand public ont pesé 75 % des ventes en 2014, soit 100 000 unités pour 95 millions d'euros de chiffre d'affaires. À la fin de 2015, la proportion des drones de loisir atteindrait 85 %, pour un marché proche de 170 millions d'euros.
À la source de cet engouement pour les drones de loisir, Xerfi voit « l'attrait des Français pour les nouvelles technologies » et leur « côté divertissant ». Un phénomène qui devrait s'amplifier dans les années à venir, à mesure que les fabricants élargissent leurs gammes et équipent leurs appareils de fonctionnalités ludiques.
Parrot, en pointe
Des innovations, à l'image des « dronies » qui filment automatiquement leur utilisateur, et l'essor des ventes à l'international (États-Unis et Asie principalement) devraient également soutenir la filière française. Parrot, n°2 mondial derrière DJI, aurait dans ses cartons une dizaine de nouveaux produits pour la fin 2015. En début d'année, le français quadruplait ses ventes d'appareils comparé à 2014, dépassant la barre du million d'exemplaires distribués. Un succès que le groupe imagine amplifier avec les drones pour professionnels.Parrot a franchi un nouveau cap avec le Bebop lancé au printemps 2015 - Crédit : Parrot.
Après avoir dévoilé le Bebop cette année, un appareil capable de filmer de façon stabilisée en HD, Parrot devenait actionnaire majoritaire d'Airinov cet été, un spécialiste des drones pour l'agriculture. Le français a également pris des parts dans EOS afin de se positionner sur le segment de la sécurité. Car selon Teal Group, le marché du drone B2B atteindrait désormais 6,4 milliards de dollars, et il doublera de taille dans dix ans.
L'industrie à la traine
D'ici-là, tout reste à faire. Flavien Vottero, directeur d'étude chez Xerfi, constate que les industriels restent attentistes, refroidis par une « lourde réglementation ». Les entreprises ont pourtant cumulé « des mois d'expérimentation », mais elles « tardent à concrétiser leurs investissements ». Lorsqu'elles font le pas, elles font jouer la concurrence pour abaisser les prix. Les carnets de commande se remplissent « modérément ».Plus inquiétant pour les fabricants de drones, note Flavien Vottero, certaines sociétés « ont choisi d'acquérir un drone pour internaliser l'activité d'exploitation au sein d'une filiale dédiée ». Une décision qui se fait « au grand dam de plusieurs spécialistes des drones professionnels dont la viabilité économique est menacée ». Sur ces bases, Xerfi n'attend pas de croissance forte des drones professionnels dans les années à venir.
Chiffre d'affaires des constructeurs et exploitants français de drones professionnels et de loisir, en millions d'unités - Source : Xerfi.
Des pistes pour décoller
Si le marché B2B ne décolle pas, c'est aussi en raison d'un manque de connaissance de ces appareils, qui supposent de nouvelles compétences, en matière de pilotage et de traitement des données récoltées. Un peu à la manière d'Engie (ex-GDF Suez), qui emploie ces engins pour la pré-inspection de chaudières en recourant à un prestataire, Flavien Vottero recommande aux fabricants de proposer des services à valeur ajoutée.« En clair, les opérateurs doivent se positionner sur l'aval de la filière dans le traitement et l'analyse des données issues des drones », explique le directeur d'étude. Autre conseil : « Vendre un service et non plus une simple technologie. » Un parallèle peut être établi avec le cloud, un terme fourre-tout pour beaucoup d'entreprises, mais bien plus lisible dès qu'il est vendu sous la forme d'un service répondant à un usage.
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