Ce genre de radiateur va plaire aux geeks, mais aussi aux personnes voulant faire des économies et à celles ayant la fibre écologique. Le Q.Rad, proposé depuis deux ans par le français Qarnot Computing (Qarnot, une référence au physicien Sadi Carnot et à la lettre Q, le symbole de la chaleur), a pour particularité d'être un ordinateur. Pendant que vous vous réchauffez, il réalise des opérations de calcul de risque d'une banque...
Le principe est d'agréger les efforts de plusieurs Q.Rad pour constituer une grappe de radiateurs qui, à plusieurs, feront office de supercalculateur. Anecdotique ? Son fondateur, le polytechnicien Paul Benoît, affirme qu'à ce jour, 5 % des calculs réalisés par BNP Paribas pour sa banque d'investissement sont pris en charge par ses radiateurs. D'autres grands ont signé : Société Générale, Air Liquide ou Disneyland Paris.
Pour l'instant, Qarnot Computing limite son marché aux entreprises. « Vendre au grand public suppose un réseau de distribution et de maintenance trop complexe », affirme Paul Benoît. Après cinq ans d'existence, dont une moitié à faire de la R&D, la start-up parisienne atteindra 1 million d'euros de chiffre d'affaires à la fin de 2015. Une croissance encore modeste. Qarnot Computing attend son heure, avec l'Internet des objets.
Un bout de datacenter dans chaque logement
Plus précisément : les bâtiments intelligents. « La multiplication des capteurs au sein des bâtiments va demander d'énormes capacités de calcul à terme, prédit le responsable. Pourquoi les confier à des centres de données quand on peut assurer ces calculs au sein même des bâtiments ? » Pour l'instant, ces calculs ne sont pas suffisants pour produire assez de chaleur, mais les Q.Rad commencent à les prendre en charge.Pour mener à ces bâtiments connectés, les radiateurs de Qarnot Computing comptent jouer un rôle actif, en captant eux-mêmes des informations. « Comme ils sont reliés à Internet, on s'est dit qu'ils étaient les mieux placés pour collecter des données, les traiter, et rendre des services », explique le porteur de projet. Dans la version 2 du Q.Rad, présentée en janvier 2016 au salon CES de Las Vegas, on dénombrera 20 capteurs.
Vers une console de jeu dans le radiateur ?
Paul Benoit donne un exemple d'application : en équipant de Q.Rad un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), le radiateur pourrait détecter les chutes de pensionnaires et alerter le personnel. Le logiciel embarqué - qui capte 80 % des dépenses de R&D - pourrait se nourrir de ces données pour réaliser des analyses prédictives, grâce à un algorithme auto-apprenant, et directement dans le Q.Rad.L'entrepreneur imagine même que ses radiateurs deviennent l'unité de calcul de la maison, remplaçant, pourquoi pas, le PC ou la console de jeu... Le gros des clients sera constitué de bailleurs immobiliers, pour qui l'intérêt est de rendre leurs bâtiments plus intelligents et moins énergivores. Paul Benoît et ses radiateurs tenteront de séduire le marché américain en 2016. Une levée de fonds est aussi en cours de préparation.
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