Dans une enquête publiée le week-end dernier, le journal allemand Spiegel Online pointe du doigt plusieurs acteurs de l'Internet satellitaire européens (SES, Avanti et le français Eutelsat) pour leur rôle supposé dans la fourniture d'une connexion au Web à Daesh. Alors que les géants du Net Google, Facebook ou Twitter sont appelés à contenir la propagande de l'organisation terroriste, se pose ici la question de son accès au réseau.
Et cette question est centrale dans la lutte contre le terrorisme, car Internet est l'un des vecteurs principaux utilisés par Daesh pour embrigader ses futures recrues. L'organisation diffuse sur les réseaux sociaux grand public ses messages de propagande, qu'elle adapte dans les langues locales, afin de toucher le plus de gens.
Des paraboles turques
Selon le Spiegel, l'organisation terroriste contourne le mauvais état des infrastructures Internet des zones qu'elle contrôle - en Syrie et en Irak - en se connectant par satellite, au moyen de paraboles achetées dans des pays frontaliers, dont la Turquie. En tant que prestataires techniques situés en amont de la chaîne, les opérateurs satellitaires se sont défendus de connaître les clients finaux, voire d'avoir pris des précautions.C'est le cas d'Eutelsat, seul à avoir réagi publiquement. Le français, contrôlé à 26 % par l'État via la Caisse des dépôts, apporte dans un communiqué deux « clarifications ». Premièrement, il « n'a pas de contact avec des utilisateurs finaux », deuxièmement, « son réseau de distribution n'inclut aucun fournisseur de services en Syrie ». Eutelsat souligne qu'en 2013, il a interdit aux distributeurs de fournir des services Internet en Syrie.
Coordonnées GPS
Pourtant, lorsque les équipements fournis par les FAI se connectent aux satellites, ces derniers reçoivent des coordonnées GPS. Des informations censées permettre, en théorie, de pouvoir remonter la piste. Ainsi selon le Spiegel, de telles connexions sont bel et bien réalisées depuis le territoire de Daesh, dont Raqqa, la capitale autoproclamée, ou encore la ville de Mossoul, en Irak. Mais du côté des opérateurs satellitaires, aucun signal.L'opérateur luxembourgeois SES a déclaré ne « pas (avoir) connaissance que ses satellites sont utilisés par l'EI ou dans des zones syriennes contrôlées par l'EI » et que si tel était le cas, il mettrait « tout en œuvre pour y mettre fin ». Eutelsat, lui, dit « n'avoir aucune connaissance d'utilisation de ses ressources par Daesh ». Si l'Internet satellitaire était coupé, il enrayerait la propagande, mais aussi les efforts de résistance des civils.
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