C'est un véritable bras de fer qui se déroule entre l'État japonais et l'assembleur taiwanais Foxconn. Au centre : Sharp, ex-star de l'électronique grand public et des téléviseurs, dont la situation financière n'a cessé de se détériorer ces dernières années, avec la concurrence venue de Corée du Sud et de Chine. Après avoir été lourdement renfloué (3,6 milliards d'euros) par des banques japonaises en 2012, il pourrait été vendu.
Le Wall Street Journal rapporte, jeudi 21 janvier, que Foxconn a formulé une proposition de rachat de 625 milliards de yens, soit 4,9 milliards d'euros. Cette offre - qui serait une réévaluation de 30 % comparé à une précédente - montre la détermination du taiwanais à remporter l'affaire, et à renforcer sa position dans le secteur de l'assemblage. Ce montant vise aussi à plier le débat face à l'État japonais, très attaché à Sharp.
Le spectre de Japan Display
Après avoir créé Japan Display en 2012, en agrégeant les unités de production de dalles LCD de Sony, Toshiba et Hitachi, l'État est tenté d'y ajouter le dernier acteur manquant à sa collection, dans le but de protéger ses salariés, ses brevets et surtout la position du Japon dans le domaine des écrans à cristaux liquides pour la téléphonie mobile - Sharp est numéro deux mondial, derrière un certain Japan Display.Le bras armé de l'État dans ce duel est le fonds Innovation Network Corp. of Japan. Son offre (300 milliards de yens, soit 2,4 milliards d'euros) est financièrement moins forte, mais plus stratégique. Les résultats trimestriels de Sharp sont attendus le 4 février et devraient permettre d'en savoir plus sur la société.