AT&T s'offre Time Warner pour 85 milliards

Thomas Pontiroli
Publié le 24 octobre 2016 à 13h58
En annonçant le rachat de Time Warner, l'opérateur mobile américain AT&T, n°2 du secteur dans le pays, entre par la grande porte dans les contenus, la nouvelle marotte des télécoms.

Ainsi va la convergence entre les tuyaux (les opérateurs) et les contenus (les médias). Cette tendance de fond, prophétisée dans les années 2000 par Jean-Marie Messier et Vivendi, atteint des sommets aujourd'hui avec le rachat de Time Warner (CNN, HBO, Warner Bros...) par l'opérateur AT&T. Le montant de la transaction est à la mesure de l'importance de l'opération : 85,4 milliards de dollars. C'est l'un des plus gros rachats de l'histoire.

Avec 110 millions de clients, AT&T fait figure de deuxième opérateur mobile aux États-Unis. Afin de se renforcer face aux câblo-opérateurs tels que Comcast et Charter Communications, tout-puissants dans le pays, l'entreprise s'était emparée en 2015 de DirectTV, leader de la télévision par satellite, pour quelque 48,5 milliards de dollars.

Renforcement mutuel

En s'offrant Time Warner, AT&T va mettre la main sur des contenus à valoriser dans ses offres télécom. En France, SFR joue également à plein cette stratégie, avec plusieurs chaînes de TV et journaux proposés au sein de son offre SFR Presse. Proposer des contenus est devenu un élément pour se démarquer des autres acteurs des télécoms, et aussi pousser les clients à utiliser toujours plus de bande passante, et acheter davantage de data.


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En mettant la main sur Time Warner, AT&T contrôlera Warner Bros, l'un des plus gros producteurs du monde - Crédit : Warner Bros.


Dans le cas de Time Warner, l'enjeu est de lutter contre l'érosion de l'audience de ses chaînes câblées et être mieux armé pour survivre à la rivalité de Netflix et autres Amazon Prime, dont la stratégie est très offensive. En s'intégrant aux offres d'un opérateur, les contenus de Time Warner pourraient ainsi avoir un coup d'avance.

Malgré ces arguments, plusieurs analystes témoignent leur scepticisme de rapprocher deux géants. « Je ne vois pas ce que AT&T apportera à Time Warner », a par exemple commenté le gourou des médias Barry Diller, qui a probablement en tête l'échec de la précédente fusion, en 2000, entre ce même groupe et AOL. Sans compter qu'AT&T est déjà très endetté (120 milliards de dollars) et risque de contrarier les autorités de la concurrence.


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