© Shutterstock
© Shutterstock

Près d'un an après le dépôt de plainte d'un ancien modérateur, la justice kényane a estimé qu'elle était tout à fait compétente pour juger l'affaire qui oppose le sous-traitant Sama et Meta à un groupe de modérateurs. Une affaire qui a pris beaucoup d'ampleur depuis le récent licenciement de 260 personnes.

Meta, qui imposait d'insupportables conditions de travail à ses modérateurs, est donc désormais sous le coup d'une action en justice collective au Kenya.

La justice kényane ouvre la voie aux poursuites

Un juge kényan a décidé jeudi dernier que la justice du pays était apte à juger la plainte déposée par 43 modérateurs contre le sous-traitant Sama, partenaire local de Meta. Cette décision vient s'ajouter à celle du tribunal du travail qui a été rendue en février, et qui indiquait que Meta pouvait être poursuivi au Kenya pour avoir licencié un modérateur du hub de Nairobi qui estime avoir subi de mauvaises conditions de travail en étant exposé de façon abusive et sans contrepartie suffisante à des contenus très dérangeants dans un environnement toxique

Les 43 modérateurs concernés ont été licenciés en janvier et estiment, dans une plainte déposée en mars, que leur renvoi est illégal, notamment parce que ces travailleurs se seraient retrouvés sur une supposée liste noire qui les empêche de prendre un autre poste chez un nouveau sous-traitant.

« Le tribunal estime que cette Cour est compétente pour statuer sur la question du licenciement illégal et injuste présumé pour motif de licenciement. »

Pour l'heure, la justice a émis une injonction provisoire contre Meta et Sama qui bloque le licenciement effectif des modérateurs en attendant que la légalité de la procédure soit étudiée. 145 modérateurs supplémentaires se sont joints à la procédure, accusant Sama et Meta d'avoir agi en représailles à des plaintes sur les conditions de travail et à une volonté de former un syndicat.

© TIME
© TIME

Une décision qui pourrait redéfinir la relation de Meta avec ses modérateurs sous-traités

Meta n'est pas dans une position favorable, que ce soit avec Facebook, Instagram et WhatsApp. La firme a en effet entrepris de licencier 25 % de ses effectifs en quelques mois. Une première vague supprimant 11 000 postes a été annoncée il y a plusieurs mois, et suivie d'une seconde lame de 10 000 postes supplémentaires auxquels il faut ajouter l'annulation de 5 000 postes encore non pourvus. En estimant être en mesure de se saisir de l'affaire, la justice kényane ouvre la voie à plusieurs procédures dans le monde et surtout sur le continent africain.

Meta fait en effet appel à de nombreuses sociétés pour sous-traiter la modération, et de nombreux travailleurs pourraient également se tourner vers leurs tribunaux respectifs s'ils s'estiment lésés. Pour le moment, Meta n'a pas répondu aux demandes d'éclaircissement de la part de l'AFP. Rappelons qu'en décembre dernier, une ONG avait déposé une plainte au Kenya contre Meta, qu'elle accusait de ne pas suffisamment combattre la haine en ligne.

Source : Reuters