Meta a récemment cessé de travailler avec Sama, un sous-traitant chargé de lui fournir des modérateurs pour ses plateformes sur le continent africain.
En cause ? Un procès qui doit se tenir au Kenya dans les prochaines semaines. La maison mère de Facebook et son désormais ex-sous-traitant sont accusés de travail forcé, de trafic d'êtres humains et de pratiques antisyndicales. Mais ce changement de partenaire de Meta semble loin d'être un acte de bonne foi, lorsque l'on regarde qui l'entreprise a choisi pour remplacer Sama.
Modérateur pour Sama, horrible sur le fond et sur la forme
Le métier de modérateur pour Meta, par essence, peut être épuisant et très difficile à vivre : passer des journées de travail entières à regarder des images d'agression, de violence, ou tout simplement du contenu très dérangeant peut déjà, en soi, suffire à traîner des pieds pour se rendre au travail. Mais Sama est allée encore plus loin en dégradant davantage les conditions de travail de ses salariés.
Ainsi, en mai dernier, l'un des modérateurs de ce sous-traitant situé au Kenya a porté plainte contre les deux entreprises. Sama, en plus de proposer une paie qui ne dépasse pas les 2 dollars de l'heure, dénie la moindre vie privée à ses employés et licencie ceux qui tentent de se regrouper en syndicat. Plus grave encore, la firme aurait omis de préciser sur ses offres d'emploi la nature du contenu à modérer, ce qui fait que la plupart des nouvelles recrues sont mises devant des images atroces et le fait accompli. Dans la mesure où de nombreux employés non kenyans ont rejoint le pays pour ce job, cela pourrait être considéré comme du trafic d'êtres humains. Seuls et loin de leurs pays, ils sont alors forcés de continuer à travailler pour Sama, car aucun autre travail ni sécurité sociale ne les attend.
Majorel pire que Sama ?
Facebook et Sama, donc, c'est terminé. Place à Majorel, qui réussit l'exploit d'être considérée comme similaire à Sama, si ce n'est pire qu'elle, sur le plan des conditions de travail. Cette entreprise d'externalisation installée au Luxembourg aurait déjà des bureaux remplis de modérateurs pour différentes entreprises autour du monde.
Un employé de Majorel au Kenya, qui modère du contenu de TikTok, a expliqué à Wired que, pour l'équivalent de 281 dollars par mois (presque deux fois moins que chez Sama), son travail consistait à supprimer des vidéos de suicide ou de décapitation, entre beaucoup d'autres. De plus, le soutien psychologique pour les employés est tout simplement inexistant.
Quant à Meta, elle s'en sortira probablement avec une amende supplémentaire. Après tout, le groupe est également cité dans deux procès pour complicité de génocide, ce n'est pas celui-ci qui va lui faire peur.
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