Le président de la République, qui recevait des dizaines de maires mardi à l'Élysée, en a profité pour poser sur la table l'idée d'un blocage des réseaux sociaux, qui surviendrait en cas de crise.
Emmanuel Macron n'a-t-il pas mesuré la portée de ses paroles, ou savait-il justement très bien ce qu'il faisait ? En évoquant la possibilité de couper temporairement les réseaux sociaux si cela était nécessaire, le tout devant un parterre de maires touchés par les émeutes des derniers jours, le chef de l'État a donné du grain à moudre à certains de ses opposants. Mais surtout, en a-t-il le pouvoir ?
Devant les maires, Emmanuel Macron évoque le blocage des réseaux sociaux
« Quand les choses s'emballent, il faut vraiment se dire qu'on peut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper. Il ne faut surtout pas le faire à chaud, et je me félicite que l'on n'ait pas eu à le faire. C'est un vrai débat qu'on a à avoir, à froid ». La déclaration, relayée par nos confrères de BFMTV, est courte, mais fait énormément réagir.
Face aux 220 édiles qui étaient invités au palais présidentiel à la suite des émeutes ayant éclaté partout en France après la mort du jeune Nahel, Emmanuel Macron a de nouveau pointé du doigt les réseaux sociaux, quelques jours seulement après avoir fait le lien entre certains jeux vidéo et les émeutes.
Alors que les élus sont de plus en plus frappés par des actes de violence, parfois gratuits, soulever l'idée d'un blocage potentiel des médias sociaux devant eux dans un contexte si brûlant n'est peut-être pas très habile. Le timing est en tout cas discutable, mais encore une fois, peut-être était-ce voulu.
Macron comparé à Kim Jong-un et Poutine
Dans sa réflexion, le président de la République considère que les réseaux sociaux peuvent tout à fait se transformer en un « instrument de rassemblement », pour « essayer de tuer ». De nombreux appels à la violence et de nombreuses violences ou dégradations ont, ces derniers jours, été relayés et diffusés, parfois en direct et souvent suivis par des milliers de personnes, sur des réseaux sociaux comme Snapchat ou TikTok. Dès le 30 juin, Emmanuel Macron en avait d'ailleurs appelé à leur « esprit de responsabilité », leur demandant de supprimer les contenus les plus sensibles.
À froid, comme le chef d'État le dit, il ne peut pas forcer tel ou tel réseau social à couper son service. Sauf à légiférer et à strictement écrire et détailler, dans un texte de loi, les situations dans lesquelles les plateformes sont tenues de retirer des contenus et de bloquer leur activité. Mais les négociations seraient houleuses, dans la mesure où les réseaux sociaux demeurent des entreprises privées. Et le DSA, le Digital Services Act de l'Union européenne, n'inclut pas la possibilité de « bloquer les réseaux sociaux », même temporairement.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle sortie du président fait réagir, l'opposante et députée LFI Mathilde Panot s'étend fendu d'un court « OK Kim Jong-un » sur Twitter, faisant suite à un autre post de son collègue Manuel Bompard, établissant le parallèle avec « Poutine, Xi Jinping et Fabien Roussel ». Le débat, à tous les niveaux, promet d'être tendu.
Source : BFMTV