Portées par des sociétés spécialisées comme le suédois Tobii, les technologies de suivi du regard ont déjà trouvé de nombreux débouchés sur Internet, où elles aident à l'optimisation des sites Web en fonction des zones vers lesquelles se porte naturellement l'attention de l'internaute. La démarche a également été portée dans l'univers du commerce physique, où des prestataires proposent par exemple de faire circuler des clients témoin équipés de lunettes dédiées, qui là encore se chargent de capturer le parcours du regard. Reste à savoir dans quelle mesure elle pourrait être industrialisée ?
Sur le salon Ceatec de Tokyo, le japonais Fujitsu estime qu'il est possible de mesurer le parcours des yeux d'un client sans nécessairement l'équiper d'un dispositif dédié. En intégrant aux rayons d'un magasin de petits périphériques de capture, il assure être en mesure de calculer l'attention accordée à chacun des différents produits d'un rayon. Un espace de démonstration permet de juger de la viabilité du concept : les visiteurs passent les uns après les autres face à une table sur laquelle sont exposées des bouteilles, tandis que derrière, des écrans affichent en direct (ou presque) les points chauds correspondant aux endroits fixés le plus longtemps des yeux.
Dans l'esprit de Fujitsu, rien n'empêche d'agréger ces données, chaland après chaland, pour en extraire des informations statistiques pertinentes et, par exemple, décider de mettre en avant tel produit plutôt que tel autre. Sans aller jusqu'à les stocker, il serait également possible de les utiliser à chaud, pour pousser rapidement une promotion à l'indécis.
On retrouve donc ici les qualités déjà reconnues de l'eye-tracking, mais proposées à l'échelle globale plutôt que sur une simple population témoin. Fujistu assure que le coût unitaire des caméras nécessaire est dérisoire au regard des bénéfices attendus, mais ne s'étend pas sur les investissements associés au traitement des informations ainsi recueillies.
L'industriel propose en revanche de compléter le scénario en ajoutant à l'étude du regard celle des mouvements. A l'aide d'autres caméras, dédiées à la reconnaissance de mouvements cette fois (les démonstrations sont faites à l'aide de Kinect), il suggère de comptabiliser les interactions entre le client et les produits exposés en rayon, de façon à, là encore, mieux comprendre et analyser le comportement d'achat. Si je prends en main cette bouteille et la repose sans l'acheter, peut-être n'ai-je pas été convaincu par l'étiquette ? A moins que finalement le prix ne m'ait rebuté ?
Derrière ces démonstrations, un message sous-jacent : la technologie nécessaire est aujourd'hui disponible, et n'est plus associée à des investissements prohibitifs. Reste à voir comment offrir quelques garde-fous en matière de respect de la vie privée, puisque ces deux dispositifs impliquent des caméras, et voir dans quelle mesure le quidam accepterait de se soumettre à ce type d'étude...