Acheter ses médicaments en ligne ? Un projet de loi en discussion

Bastien Contreras
Publié le 05 février 2020 à 15h11
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Le Conseil des ministres étudie aujourd'hui un projet de loi visant à simplifier l'action publique. Un de ses articles prévoit d'assouplir les conditions de vente en ligne des médicaments sans ordonnance, au grand dam des pharmaciens français.

Notons tout d'abord qu'en réalité, la vente de médicaments en ligne est déjà autorisée en France, et ce, depuis 2012. Seulement, cette pratique est aujourd'hui strictement encadrée. Pour qu'un site puisse proposer ce service, il doit par exemple être obligatoirement lié à une officine de pharmacie. Ce qui limite de fait le nombre d'acteurs, mais également le développement de l'activité sur Internet.

Bientôt Amazon Pharmacy en France ?

Cependant, la donne pourrait changer, avec le projet de loi Asap (« Accélération et simplification de l'action publique »). L'article 34 de ce dernier prévoit en effet d'assouplir les conditions imposées aux plateformes de vente de médicaments en ligne. Avec, entre autres, la fin de l'obligation de ne vendre que des produits stockés au sein d'une pharmacie physique.


Cette mesure, qui n'est encore qu'au stade du projet, pourrait donc encourager davantage de sites e-commerce à se lancer dans l'aventure, y compris les plus gros. Une menace prise très au sérieux par les pharmaciens français, comme l'explique Gilles Bonnefond, Président de l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) : « Avec ce texte, on ouvre la voie à l'ubérisation de la pharmacie, Demain, si Amazon veut s'associer à un ou plusieurs pharmaciens diplômés, il pourra le faire et se lancer dans la vente en ligne de médicaments ». Une hypothèse crédible, dans la mesure où l'entreprise de Jeff Bezos a récemment lancé une nouvelle marque aux États-Unis : Amazon Pharmacy.

Le ministère tente de calmer la fièvre des pharmaciens

Carine Wolf-Thal, Présidente du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, est du même avis, dénonçant un texte qui « n'apporte aucune garantie de sécurité, par exemple sur l'usage des données personnelles ». Elle déclare cependant ne pas être opposée au principe de la vente en ligne, mais dans les conditions actuelles, qui préservent le monopole des pharmacies. Mais d'après l'Autorité de la concurrence, qui soutient l'assouplissement des règles, de telles restrictions favorisent également... les sites étrangers, notamment ceux installés en Belgique, où la réglementation est moins contraignante.


De son côté, le ministère de la Santé affirme que cette réforme est nécessaire, en particulier pour les régions où il est plus difficile d'implanter une pharmacie. Et ajoute que toute plateforme vendant des médicaments en ligne devra être « rattachée à la licence d'une officine et placée sous le contrôle du pharmacien ». Pas sûr que cela suffise à tempérer la grogne des syndicats professionnels.

Source : Le Parisien
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Popoulo

Alors, qu’est-ce que le gouvernement français à décidé aujourd’hui ? Ah, saborder les pharmacies.
Et quand on lit « Amazon », c’est qu’il en y a qui vont s’en mettre plein les poches. La France vendue pièce par pièce, tel un puzzle. Triste.

SPH

Je n’ai pas envie de me retrouver avec des medicaments contrefaits vendus sur le net.
Les pharmacies sont là pour ça, et c’est tres bien comme ça…

cirdan

« De son côté, le ministère de la Santé affirme que cette réforme est nécessaire, en particulier pour les régions où il est plus difficile d’implanter une pharmacie. »
Déjà, c’est Ministère des Solidarités et de la Santé, faut préciser même si c’est pas toujours évident avec ce gouvernement.
Voilà un bon exemple de désertification du territoire. On prend acte qu’il n’y a pas suffisamment de pharmacies dans certaines régions mais au lieu de s’attaquer aux racines du mal, c’est à dire à la politique d’organisation du territoire pour préserver sa diversité, on prend acte qu’il y a un problème en le traitant de la pire des façons, c’est à dire par des mesures qui ne vont que l’accentuer. Il n’y a pas assez de pharmacies ? Prenons des mesures qui mettront en difficulté celles qui restent. Et vive les solutions de facilité, on verra bien pour la suite.

Eths25

HOP HOP HOP je vais de ce pas faire l’application allôcachetons avec le service de livraison uber médoc!

iksarfighter

Je veux bien recevoir automatiquement mes médocs dans ma boîte aux lettres tous les mois.

Azarcal

Clair…on a vraiment une belle brochette de saboteurs là, et il n’economisent pas leurs efforts :frowning:

nicgrover

Les pharmaciens ont peur de quoi ? Voir leurs revenus baisser… Ce ne sont pas les plus à plaindre loin s’en faut…

Un village de 1700 âmes, une pharmacie et une pharmacienne qui s’envoyait Crésus tous les soir…

comcom

On fait tout pour limiter les produits phytosanitaires dans les champs parce que c’est soi-disant mauvais pour la santé par contre les phytosanitaires pour les humains (médicaments on vous préférez) là on y va gaiement, là les bayer et cie peuvent s’en mettre plein les fouilles sur un marché combien de fois supérieur, 10x, 20x ?

MHC

C’est un nécessité, un médicament ça ne vaut rien à produire. Beaucoup se gavent en faisant des marges astronomiques et en multipliant par plus de 10 le prix des boites vendues par rapport à leur prix d’achat. Il est temps que ce holdup, cette arnaque cesse !

Supprimons une bonne fois pour toutes tous ces foutus monopoles. Une boite de Dafalgan vendue en pharmacie, chez Leclerc ou par Amazon est exactement la même. Qu’elle soit vendue par un pharmacien ne fait que exploser son prix au détriment du pouvoir d’achat des français et de la fiscalité qui pèse sur eux.

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