Lors de la présentation de ses résultats financiers, Orange a remis sa décision relative au rachat de Bouygues Telecom à une date ultérieure. Aucune décision n'est encore entérinée mais l'opérateur historique se laisse le temps de la réflexion. Pour que les autorités chargées de la concurrence valident le processus, Orange va en effet devoir concéder la cession de plusieurs actifs à la concurrence.
Si Orange n'a donc pas annoncé le rachat de Bouygues Telecom, le groupe a insisté sur la nécessité d'apporter un changement au marché des télécommunications, sous peine de voir à nouveau poindre la menace des licenciements. Stéphane Richard précise : « s'il n'y a pas de consolidation, je considère qu'il y a des risques pour l'ensemble de la filière, et notamment sur le plan social. Depuis deux ans, on a quand même eu pas mal de réductions d'effectifs, notamment chez Bouygues Telecom ».
Le patron d'Orange estime qu'une nouvelle vague de licenciements pourrait être organisée si aucune porte de sortie n'est trouvée. L'historique récent de certains opérateurs lui donne raison. Bouygues Telecom a déjà renégocié ses contrats avec ses sous-traitants et a été contraint dès 2012 de supprimer 556 postes.
Des réductions de postes chez Bouygues Telecom, SFR, Orange
Cette première salve s'est poursuivie avec une réduction des effectifs de 1 516 collaborateurs deux années plus tard. Des mouvements successifs attribués par la direction au regain de concurrence enregistré sur le marché des Télécoms, ainsi qu'à la nécessité de rationaliser les actifs du groupe.Du côté d'Orange, le mouvement est plus diffus. La direction de l'opérateur historique a expliqué qu'elle procédera au recrutement de 4 000 personnes sur trois ans. Dans le même temps, la société s'attend à enregistrer 9 000 départs à la retraite sur la même période. Son effectif total devrait donc diminuer de 5 000 collaborateurs.
Enfin SFR a annoncé en 2012 un plan de départs volontaires touchant 856 emplois. Une réorganisation actée avant même le rachat par Numericable.
« 10 000 emplois, c'est 20 centimes par mois »
Les propos du patron d'Orange résonnent comme un écho lointain aux dires d'Arnaud Montebourg. Face à l'arrivée de Free Mobile sur le marché et sa politique de baisse des prix, l'ex-ministre du Redressement productif n'avait eu de cesse de mettre à l'index les risques de casse sociale chez les opérateurs.« Pour 10 000 emplois relocalisés sur le territoire, cela coûterait en moyenne par forfait et par mois une vingtaine de centimes de plus pour les consommateurs », estimait Arnaud Montebourg. Le ministre invitait les opérateurs à limiter les mesures sur l'emploi. Un vœu pieu dans la mesure où chaque groupe a mis en place ses plans de restructuration.
Sans une régulation plus poussée, Arnaud Montebourg jugeait alors qu'il est « possible que dans cette guerre des prix nous ayons un mort ». SFR à présent vendu à Numericable, c'est désormais au tour de Bouygues Telecom de céder son activité.
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