130 "fabriques" numériques pour former les exclus de la République

Alexandre Broutart
Publié le 11 mars 2016 à 10h30
L'Etat vient de donner le feu vert à 130 établissements français pour dispenser des formations numériques certifiantes à des non initiés. L'objectif : diriger massivement les jeunes en situation précaire ou déscolarisés vers un secteur créateur d'emploi.

5 millions d'euros. C'est le coût de cet investissement massif dans les formations numériques dédiées aux non diplômés, aux chercheurs d'emploi ou en reconversion professionnelle. Suite à un appel à projet, l'Etat vient d'offrir à des petites structures de formation le label « grande école du numérique » en plus d'un financement. Un deuxième appel d'offre aura lieu cet été, dans le but de former à terme 10 000 nouveaux entrants dans le monde du numérique.

Le rapport du gouvernement précise que l'opération d'envergure vise notamment l'insertion professionnelle « des jeunes traditionnellement éloignés du numérique », « des quartiers », « des jeunes en décrochage scolaire ». En réponse à une triple nécessité - économique, sociale et sociétale -, il s'agira de créer de l'emploi grâce aux besoins croissants du monde numérique, former les sans-emploi, réconcilier les sans-perspective.


Relier effectivement ces formations avec « les besoins exprimés par les entreprises ». Le gouvernement dit avoir pris en compte ces réalités dont dépend toute la réussite du projet, et insiste aussi sur la donnée géographiques, en étudiant « le tissu entrepreneurial du territoire en question ».

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La carte des premières "fabriques" numériques en France


Pour les futurs apprenants sont aussi prévues des bourses, selon les mêmes critères sociaux que dans l'enseignement supérieur. Un nouvel organisme dédié jouera le superviseur, réunissant l'Etat et divers acteurs du secteur publique ainsi que, nous dit-on, « certaines entreprises ».

« Méthodes alternatives d'enseignement  »

Des « start-up éducatives » aura dit Axelle Lemaire pour désigner ces nouvelles structures de formation. L'Etat se serait inspiré de l'Ecole 42 de Xavier Niel, selon Rue 89, cherchant du côté de « méthodes alternatives d'enseignement », sans que l'on sache bien ce que les start-up en question auront d'alternatif à offrir.

Human Booster, l'une des petites structures de formation venant tout juste de recevoir le précieux label, éclaire notre lanterne : « on travaille déjà avec beaucoup de petites entreprises qui doivent s'adapter, et qui n'ont pas forcément les moyens de recruter des DSI (directeurs de service informatique) et des Master 2 en ingénierie. Nous on va leur proposer des gens polyvalents, des "couteaux suisses", qui ne viennent pas forcément de l'informatique mais qu'on aura formés à l'installation, aux connexions réseau, à la maîtrise du système... voire plus. Des aptitudes qui ne nécessitent pas forcément un bac +5. L'esprit de l'Ecole du Numérique c'est arriver à créer cette demande auprès des entreprises avec une offre adaptée. »

Le projet de la Grande Ecole du numérique est porté par la secrétaire d'Etat au numérique, la ministre du travail ainsi que la ministre de l'éducation.


Sur le site de la start-up de Clermont, on lit aussi que « les modalités de mise en œuvre sont encore à préciser ». Pour Nicolas Mourgues de Human Booster, aucun doute que l'opération sera suivie par des financements privés, car il n'est pour l'instant pas prévu que l'enveloppe de l'Etat soit délivrée une seconde fois. « Après c'est vrai qu'on est encore dans une sorte de nébuleuse. On attend donc de recevoir la convention qu'on nous a promis imminente et qui devrait être la feuille de route que nous n'avons pas encore », nous confie-t-il.


Ce budget qui n'a pas encore était alloué devrait en partie provenir des régions, et pourrait aider les start-up à hauteur de 100 000 euros en moyenne, même si pour l'heure, aucun montant fixe ne leur a été communiqué. Il devrait au moins couvrir le premier « parcours », c'est-à-dire une formation de six mois pour une dizaine de personnes. Concernant la façon dont ces start-up iront chercher ces jeunes en échec scolaire, nulle indication en provenance du gouvernement pour le moment, même si Human Booster pense déjà miser sur de l'événementiel intelligent, ainsi que sur ses relations avec des associations d'Auvergne.

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