Parcours de développeurs : "j'ai travaillé aux USA, cela ne m'a pas donné envie d'y retourner"

Olivier Robillart
Publié le 14 mars 2016 à 08h21
Cédric Coroir est architecte technique pour Société Générale. Il assure pour ce grand compte le pilotage de projets stratégiques IT relatifs au passage au PaaS. Il applique également ses connaissances en matière de Business Intelligence et autour de Docker, au sein de la banque. A 35 ans, Cédric officie désormais dans le secteur de la Finance même si son parcours ne l'y prédestinait pas.

Issu d'un DUT puis d'une école d'ingénieur (3IL à Limoges), il a en parallèle de sa dernière année suivi un cursus universitaire en Master de recherche. Polyglotte des langages de programmation, il a commencé le Python il y a un an et il sera l'un des représentants de Société Générale au prochain concours du "Meilleur Dév de France 2016" dans ce langage.

Quel est votre parcours professionnel ?
Cédric Coroir : J'ai suivi un parcours classique d'école d'ingénieur IT que j'avais souhaité à l'époque compléter en même temps par un Master IT à l'université. J'ai trouvé les deux formations intellectuellement complémentaires, en école d'ingénieur vous allez implémenter une méthode de bout en bout alors qu'à l'université, vous étudierez toutes les méthodes possibles autour d'un sujet sans nécessairement les implémenter.

Vers la fin de mes études, j'ai voulu développer et commercialiser un contrôle parental. Cela m'a pris un an et cela n'a pas été le succès espéré. Je suis ensuite allé chercher du travail. Avec le recul, je me suis rendu compte qu'avoir fait un logiciel du début à la fin m'a beaucoup aidé pour bien démarrer. Ces dernières années mon travail a essentiellement été de manager ou piloter des projets et mes compétences de développeur ont été un atout. D'ailleurs, j'ai eu le plaisir de participer au dernier concours interne de développement de Société Générale, auquel j'ai terminé 44e au classement général et 4e en Python.

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L'expérience est-elle, selon vous, plus importante que les diplômes ?
C.C : J'ai tendance à dire qu'il y a un vrai sujet en France sur les diplômes. Il n'existe que deux options : être cadre ou ne pas l'être. A mon sens, il faut être cadre et pour progresser, il faut arriver à Bac+5 indépendamment du cursus, sauf si on a la possibilité d'entrer dans une des écoles françaises ayant un réseau puissant. Une fois ce cap passé, le plus important reste tout de même les compétences. Pour être développeur, il faut développer. C'est une valeur qui se mesure et qui est reconnue. A ce titre, on peut avoir un profil junior ayant de bons réflexes de développement et qui aura toute sa place dans une équipe chevronnée.

En matière de langages de programmation, il est utile d'être polyglotte. Au plus une personne maîtrise des langages différents, au plus il lui sera aisé de passer de l'un à l'autre tout en restant à l'aise dans son langage de prédilection. Mais ce que je pressens à titre personnel c'est que d'ici 5 ans, la fourchette des salaires des ingénieurs pourrait être indexée à des concours ou à d'autres classements autour du développement informatique. Car finalement, le fait de mesurer la performance demeure important. A titre d'exemple, quand on m'a recruté à mon premier emploi, j'ai dû rédiger du code au tableau. Actuellement, le gagnant du concours du "Meilleur Dév de France" repart avec un chèque de 10 000 euros. Mais dans 5 ou 10 ans, son prix sera de combien ? beaucoup plus.

Quels conseils donner à un développeur qui cherche la "bonne société" dans laquelle travailler ?
C.C: Mon conseil est simple : être certain de savoir ce que l'on veut faire. Un ingénieur informatique peut trouver du travail facilement. Se focaliser sur un langage peut être une bonne approche, car cela permet de s'intéresser en particulier à un type d'environnement. Ce qui ne s'apprend pas seul c'est les réalités de l'architecture technique. C'est encore ce qui va manquer à un jeune diplômé. Un développeur en devenir va devoir chercher un travail dans lequel il va surtout pouvoir disposer d'un contexte de développement, qui va l'aider, intégrer une équipe et pourquoi pas un gros système pour lequel des années de travail ont déjà été réalisées. Ainsi, il va gagner en maturité.

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Partir à l'étranger est-il réellement utile ?
C.C : C'est une expérience enrichissante d'un point de vue personnel. Pour le côté professionnel, l'essentiel est d'intégrer une bonne équipe pour travailler et partager les connaissances, ce qui n'est pas toujours évident à distance. On peut plus aisément trouver en France des entreprises qui possèdent de bons environnements.

J'avais fait un stage à Los Angeles qui a abouti sur une proposition d'embauche, ce qui normalement est très positif. A ceci près que c'était pour un salaire littéralement deux fois moindre que mon collègue stagiaire américain dans la même équipe. En règle générale lorsque l'on ne travaille pas dans son propre pays, la plupart du temps cela se fait à des conditions bien moins intéressantes. Il est donc important d'être sélectif car cela détermine beaucoup de choses.

Quelles compétences de développement faut-il travailler en priorité ?
C.C : J'ai deux conseils à donner. Tout d'abord, s'abonner aux comptes Twitter des technologies que l'on aime. Il faut se rendre compte de ce qu'il se passe car cela permet à une personne d'arriver à un niveau au-dessus de la moyenne. Mes comptes préférés sont @docker, @MongoDB, @meteorjs et @polymer.

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L'autre conseil que j'applique moi-même est de toujours développer chez soi. La différence entre un candidat qui développe pour manger et un autre qui développe chez soi saute aux yeux lors d'un recrutement, mais aussi pendant la phase de négociation. Les concours démontrent aussi les possibilités de chacun à s'entraîner sur le bon vecteur pour être bien évalué.

Quel serait le conseil à donner à un jeune qui souhaite travailler dans ce métier ?
C.C : Nous sommes actuellement dans une fracture générationnelle. A mon époque, on découvrait les cartes graphiques, se faire un PC était une chose. Mais la mode d'être curieux sur la question de l'informatique en particulier semble être passée. Ce qu'il faut retenir demeure le côté créatif de ce métier, c'est un facteur déterminant. De nos jours, quels sont les métiers qui vous laissent vous exprimer ? La littérature, la BD, le design, mais aussi écrire un programme informatique. Cela devrait séduire toute personne qui désire s'exprimer, après tout un métier qui vous apporte de la satisfaction est une forme d'accomplissement.

Retrouvez d'autres parcours de développeurs sur Clubic Pro. A noter que ce 14 mars se déroule la 4e édition du concours du « Meilleur Dev' de France ». Organisé par Ametix en partenariat avec Clubic Pro, l'événement doit récompenser les meilleures prestations.

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Olivier Robillart
Par Olivier Robillart

Mêler informatique, politique et journalisme tu essaieras ! Voilà ce que m'a demandé un jour un monsieur ridé tout vert qui traînait dans un square en bas de mon immeuble. J'essaie désormais de remplir cette mission en tant que rédacteur pour Clubic. Je traite principalement de politique numérique tout comme de sécurité informatique et d’e-Business. Passionné de Star Wars, de Monster Hunter, d’Heroic Fantasy et de loisirs numériques, je collabore régulièrement à de multiples projets vidéo de la rédaction. J’ai également pris la fâcheuse habitude de distribuer aux lecteurs leur dose hebdomadaire de troll via la Clubic Week.

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