Après les tests des Ryzen 7 5800X / 9 5900X d’un côté et celui du Ryzen 5 5600X de l'autre, nous bouclons maintenant la boucle. Il est temps d'apprécier le plus ambitieux processeur de la nouvelle gamme AMD. Avec ses 16 cœurs et ses 32 threads, le Ryzen 9 5950X est, sur le papier, un véritable monstre de puissance, une merveille technologique qui doit faire oublier un tarif sensiblement plus élevé que celui de ses petits frères.
- Performances de premier plan
- Consommation mesurée
- Chauffe contenue
- Efficacité énergétique au top
- Compatible B450 / X470
- Tarif élevé, forcément
- Overclocking « sensible »
Introduction
Au moment de publier nos impressions sur le Ryzen 5 5600X, nous avions mis en garde sur l’absence de pages « techniques » dans l’article. La même remarque s’impose aujourd’hui et pour en apprendre davantage sur les optimisations d’architecture, sur les secrets qui ont prévalu à la conception de ces CPU Zen 3, nous vous invitons à consulter notre test des Ryzen 7 5800X et Ryzen 9 5900X publié il y a quelques jours.
Si nous le testons avec un peu « de retard », ce Ryzen 9 5950X a été commercialisé en même temps que les autres CPU Zen 3, le 5 novembre dernier. Depuis, c’est la soupe à la grimace pour qui veut en faire l’acquisition tant les stocks sont partis comme des petits pains. Pourtant, le 5950X n’est pas un processeur bon marché : à 799 dollars, il est plus cher que le 3950X qu’il supplante, ce dernier avait été lancé en septembre 2019 à 749 dollars. Notez que ces 799 dollars ne sont que le tarif officiel : les revendeurs français le facturent plutôt 970-980 euros.
Comme vous pouvez le voir sur les tableaux « générationnels » des Ryzen série 3000 et Ryzen série 5000, le 5950X est, sur le papier, comparable à son prédécesseur, le 3950X. On retrouve ainsi le même nombre de cœurs / threads ainsi qu’un TDP et une quantité de cache L3 identiques. En revanche, les fréquences de fonctionnement ont été ajustées par AMD : de base, sur tous les cœurs, le 5950X va un peu moins haut que le 3950X (3,4 GHz contre 3,5 GHz). En revanche, l’activation du boost permet de monter, sur un seul cœur, à 4,9 GHz, soit 200 MHz de plus que le 3950X.
D'abord sur CPU-Z puis sur HWInfo, tous les détails de notre Ryzen 9 5950X
Protocole de test
Aucune surprise, notre protocole est identique à celui que nous avons employé sur les tests des autres processeurs de la gamme Ryzen série 5000. Nous avons cependant décidé de simplifier les graphiques afin de les rendre plus lisibles : il n’est donc plus question d’afficher tous les processeurs testés, nous nous limitons à des modèles boxant à peu près dans la même catégorie. Notez toutefois que nous n’avons, hélas, pas pu mettre la main sur un Ryzen 9 3950X.
Configuration socket AM4
- Carte-mère Asus ROG Crosshair VIII Hero
- Mémoire Corsair Dominator Platinum RGB 32 Go DDR4 4000 CL19 (20-23-23-45)
- Carte graphique Asus TUF RTX 3080 Gaming OC
- SSD Sabrent Rocket 4.0 2 To
- Refroidissement be quiet! Pure Loop 280 mm
Configuration socket 1151
- Carte-mère ASRock Z390 Extreme 4
- Mémoire Corsair Dominator Platinum RGB 32 Go DDR4 4000 CL19 (20-23-23-45)
- Carte graphique Asus TUF RTX 3080 Gaming OC
- SSD Sabrent Rocket 4.0 2 To
- Refroidissement be quiet! Pure Loop 280 mm
Logiciellement, nous avons maintenu nos configurations aussi proches que possible.
- Windows 10 Professionnel 64-bit 20H2 v19042.572
- Pilotes NVIDIA v457.09 64-bit WHQL
- Pilotes chipset Intel v10.1.18383.8213
- Pilotes chipset AMD v2.10.13.408
Les tests ayant été conduits selon le même protocole, nous avons bien sûr éliminé les programmes résidents en mémoire et nous sommes assurés que toutes les configurations étaient pour ainsi dire identiques. Une fois encore, les tests que nous vous présentons sont le résultat de moyennes établies après avoir réalisé chaque mesure cinq fois, en ayant pris soin d’éliminer toute valeur incongrue, signe d’un problème ponctuel.
Tests mémoire
Nous débutons, comme à chaque fois, par un test pour observer les résultats de l'interface mémoire, un domaine où l'architecture Zen a déjà marqué pas mal de points malgré quelques « incohérences ».
Compte tenu de la proximité technique qui existe entre le Ryzen 9 5950X et le 5900X que nous testons aujourd'hui, il n'est pas étonnant de les trouver au coude à coude. C'est le « plus petit » qui l'emporte, mais le 5950X signe des débits mémoire parmi les plus élevés jamais vus.
Performances applicatives
Nous embrayons sur des tests que l'on qualifie « d'applicatifs » en opposition avec le monde ludique dont les tests seront réalisés dans un second temps.
Mettant d'abord à contribution un cœur simple puis, dans un second temps, l'ensemble des cœurs d'un processeur, Cinebench R20 est un outil de référence. Les résultats obtenus sont conformes à ceux présentés par AMD lors de sa conférence et le 5950X signe des performances encore supérieures à celles du 5900X.
Lors du test singlethread, les résultats sont assez proches de ceux du 5900X. En revanche, c'est en mutithreads que le 5950X creuse nettement l'écart : ses 4 cœurs / 8 threads de plus font clairement la différence.
Nous avons ensuite mesuré l'efficacité du 5950X en encodage vidéo. Pour ce faire, nous utilisons le logiciel Handbrake à qui nous confions une séquence vidéo d'environ 50 minutes avec le preset Matroska H.265 1080p30.
Les mesures sont exprimées en secondes - le temps nécessaire pour réaliser l'encodage - et le graphique se lit donc à l'envers : le processeur le plus performant affiche le plus petit score. Les résultats sont éloquents et, là encore, les 16 cœurs / 32 threads font des merveilles : le 5950X écrase littéralement la concurrence, même le 5900X est loin derrière.
Afin de confirmer - ou d'infirmer - les résultats en encodage vidéo, nous passons à des mesures de compression. Là, nous avons mesuré le temps nécessaire à la création d'une archive .ZIP sous WinRAR avec 12 Go de données diverses.
Là encore, les résultats sont exprimés en secondes et le processeur avec le score le plus petit est le plus performant… et bien sûr il s'agit du 5950X qui domine encore les débats : l'écart avec le 5900X est toutefois bien plus faible que précédemment.
Nous terminons les tests « applicatifs » avec l'un des logiciels phares de la société UL, PCMark. Ce dernier est une espèce de « compilation » des usages modernes d'un PC : il simule de multiples activités usuelles depuis la navigation Web jusqu'à la visioconférence en passant par de la bureautique ou de l'édition photo / vidéo.
Une fois encore, c'est le 5950X qui s'impose avec toutefois une marge finalement assez faible par rapport au 5900X. Si on ajoute à ce duo, le 5800X, on voit que les nouveaux Ryzen occupent, seuls, le podium.
Avant d'embrayer sur des tests véritablement jeu vidéo, nous faisons une transition avec l'autre logiciel majeur de la société UL, 3DMark. Là, nous utilisons la scène TimeSpy pour laquelle nous ne prenons que le test CPU en 1 080p de sorte que la carte graphique ne soit pas bloquante.
Si notre Core i9-9900K est une fois encore distancé, on voit que le 5950X ne devance son petit frère, le 5900X, que d'une courte tête, environ 3,5%. Cela suffit toutefois pour le déclarer une fois de plus vainqueur.
Performances dans les jeux
Comme ce fut le cas sur nos précédents tests, les mesures dans des jeux vidéo récents se répartissent en deux grandes catégories. Nous débutons avec des tests axés sur la puissance de calcul du seul processeur et, ensuite, des tests qui prennent en compte la machine utilisée de manière plus globale.
Ashes of the Singularity intègre deux outils de mesure et nous avons donc opté pour le test CPU. Nous avons cependant retenu le mode DirectX 12 et employé une définition d'image de 1 920 x 1 080 avec un niveau de détails au maximum, « insensée ».
Alors que notre Core i9-9900K se défendait plutôt bien face aux cœurs Zen 2, nous avions déjà remarqué qu'il était plus en difficulté contre les nouveaux Ryzen série 5000. Forcément, c'est donc le 5950X qui s'impose ici, devançant sensiblement le 5900X.
Comme le jeu de Stardock, Sid Meier's Civilization VI offre la possibilité de tester le GPU ou le CPU d'une machine. Nous avons retenu la mesure des temps réaction de l'intelligence artificielle sur l'extension Gathering Storm pour ce test CPU. Là encore, nous étions en mode DirectX 12 avec une définition de 1 920 x 1 080 et les détails au maximum, en « ultra ».
Les conclusions que l'on peut tirer sont les mêmes qu'avec Ashes of the Singularity et le Ryzen 9 5950X s'impose une fois encore, même si l'écart avec l'ancien champion, le 5900X, est restreint.
Red Dead Redemption 2 permet d'aborder les performances ludiques de manière « globale ». Le jeu de Rockstar Games était configuré en Vulkan et avec les détails au maximum - « ultra » - alors que deux tests ont été réalisés : en 1 080p d'abord puis en 2 160p.
En Full HD, on note un écart sensible entre les 5900X / 5950X d'un côté et tous les autres processeurs d'un autre. Un écart que nous ne nous expliquons pas. Nous ne nous expliquons pas non plus pourquoi le 5900X devance cette fois d'une courte tête son grand frère. En 4K, les écarts, infimes, indiquent que la carte graphique - pourtant une Asus TUF Gaming RTX 3080 - vient limiter les performances.
Une observation que nous pouvons refaire avec le benchmark intégré à Shadow of the Tomb Raider. En effet, lorsque les détails sont réglés au maximum en mode DirectX 12 et en 3 840 x 2 160p, nos processeurs font strictement jeu égal.
En revanche, dès lors que nous nous limitons au Full HD, on observe une hiérarchie assez claire avec les Ryzen série 5000 qui dominent les débats et le 5950X qui s'impose comme le nouveau champion.
Pour être absolument certains que la carte graphique était bien le maillon faible de notre configuration en 3 840 x 2 160p, nous avons observé plus précisément les résultats du benchmark de Shadow of the Tomb Raider et nous en avons extrait les mesures CPU estampillées « rendu » et « jeu ».
Dans un cas comme dans l'autre, il n'est alors plus question de bridage par la carte graphique. Nous retrouvons alors une hiérarchie à laquelle nous sommes maintenant bien habitués : les Zen 3 sont nettement devant et le 5950X s'affirme comme le plus puissant du lot.
Consommation et températures et overclocking
Le suivi de notre protocole implique maintenant de nous pencher sur la consommation électrique du 5950X et de ses 16 cœurs… c’est qu'il doit avoir de l'appétit le bonhomme ! Nous avons comparé sa consommation à celle d’autres processeurs. Hélas, nous n’avions toujours pas de 3950X sous la main. Les mesures ont été réalisées de la manière suivante.
- Au repos, alors que Windows 10 avait terminé son démarrage.
- En pleine charge, alors que Cinebench R20 réalisait un test multithreads.
L’optimisation observée sur les précédents tests est toujours visible ici et le Ryzen 9 5950X se montre plus économe que notre Ryzen 9 3900X. Il consomme un tout petit peu plus que le 5900X, mais n’oublions pas qu’il intègre 4 cœurs / 8 threads de plus et propose des fréquences de fonctionnement assez similaires. Une belle performance donc.
Nous venons de souligner que la consommation du 5950X est à peine plus importante que celle du 5900X. En revanche, son résultat multithreads sous Cinebench R20 était sensiblement supérieure. En ce sens, il n’est donc pas surprenant de voir que l’efficacité énergétique du 5950X est un cran-dessus de celle du 5900X. En réalité, c’est même la meilleure de tous les processeurs passés entre nos mains.
La mesure des températures s’est déroulée comme sur les précédents tests : nous avons effectué nos relevés alors que le processeur était sur un encodage H.265 « longue durée » via Handbrake. Là, c’est peut-être la première fois qu’on peut le dire, le 5950X est moins à son aise. Il chauffe bien moins que le 5800X, mais cède du terrain par rapport au 5900X. À 72°C avec 16 cœurs actifs, le bilan est malgré tout intéressant.
Si les températures plutôt acceptables du 5950X pouvaient nous laisser espérer de bons résultats en overclocking, nous n’avons pas pu atteindre les mêmes valeurs qu’avec notre dernier processeur, le 5600X. Notez bien que l’overclocking concerne ici tous les cœurs du processeur : il est logiquement plus délicat de booster ainsi 16 cœurs que 6.
Pour pousser le 5950X dans ses retranchements, nous avons utilisé l’inévitable AMD Ryzen Master, un logiciel plutôt bien fait qui ne nous a toutefois pas permis de dépasser les 4,6 GHz. À cette fréquence, pour vérifier la stabilité de l’overclocking, nous avons vu la température flirter avec les 90°C sans toutefois les atteindre. La tension retenue était de 1,31875 V. Impossible de passer à 1,325 V sans rencontrer un blocage immédiat du système pour cause de température trop élevée du CPU.
À 4,6 GHz, les gains observés sur le test multithreads de Cinebench R20 sont déjà appréciables : de 10 298 points, nous passons effectivement à 11 855 points. Des gains d’un peu plus de 15% qui viennent asseoir encore un peu plus la domination du 5950X.
AMD Ryzen 9 5950X, l’avis de Clubic :
À près de 1000 euros le processeur « nu », sans aucun système de refroidissement, il est évident que le Ryzen 9 5950X ne s’adresse pas M. Tout-le-monde. Ce n’est de toute façon par l’objectif d’une puce qui dispose d’un indiscutable côté « vitrine technologie ». Comme le Ryzen 9 3950X en son temps, il est là pour montrer le savoir-faire d’AMD et sa capacité à venir tailler des croupières à son concurrent immédiat, Intel.
Le bougre y réussit d’ailleurs fort bien puisque le 5950X n’est rien d’autre que le processeur le plus puissant jamais passé entre nos mains et qu’il se paie le luxe de devancer nettement le petit frère – le 5900X – lorsque les calculs parallélisés sont prépondérants. Mieux, il parvient à le faire sans que sa consommation électrique n’explose ce qui lui permet de prendre la place, convoitée, de processeur le plus efficace du moment. Un coût élevé donc, mais qu’AMD ne devrait pas avoir trop mal à justifier auprès des utilisateurs « enthousiastes » comme disent les anglophones.
Si son tarif le rend inaccessible au plus grand nombre, le Ryzen 9 5950X est bien le monstre de puissance attendu. Il s'agit tout simplement du plus performant des processeurs x86 sur le segment desktop.
- Performances de premier plan
- Consommation mesurée
- Chauffe contenue
- Efficacité énergétique au top
- Compatible B450 / X470
- Tarif élevé, forcément
- Overclocking « sensible »