L'ambition d'Adobe d'ajouter Figma à la liste de ses produits a du plomb dans l'aile.
Annoncée en septembre dernier, la colossale opération de rachat de Figma par Adobe, pour un montant estimé à 20 milliards de dollars, pourrait finalement tomber à l'eau. Il faudra du moins attendre les conclusions des régulateurs européens de la concurrence, qui doivent d'abord s'assurer qu'elle ne met pas en cause la libre concurrence. Et le dossier risque d'être difficile à défendre pour Adobe.
L'UE se laisse jusqu'à décembre pour trancher
En septembre dernier, lorsqu'Adobe annonce avoir trouvé un accord pour racheter le logiciel de design Figma, de nombreux régulateurs se penchent sur la question. Il faut dire qu'il y a de quoi : ce produit est le principal concurrent d'un de ses services les plus populaires, Adobe XD, qui a d'ailleurs presque disparu de la suite depuis cette annonce. Pour l'UE, cette opération menace « d'affecter significativement la concurrence dans ce marché ». Le prix annoncé, autour de 20 milliards de dollars (WhatsApp avait été acheté pour 19 milliards), pose également question, étant considéré comme largement surévalué.
Ces points ont attiré l'attention d'au moins 16 pays membres de l'UE, qui ont donc demandé à la Commission européenne d'enquêter sur l'opération. Celle-ci a donc décidé de se pencher sur la question, et devrait rendre ses conclusions qui indiqueront s'il s'agit ou non, de pratiques anticoncurrentielles, et ce, d'ici au 14 décembre de cette année. L'ambition de Figma de finaliser ce rachat en 2023 n'est donc pas totalement enterrée, mais son avenir reste très incertain.
Les régulateurs européens ne sont pas seuls
Si l'Union européenne est généralement bien plus contraignante en matière de protection des utilisateurs que ses homologues hors du continent, n'hésitant notamment pas à faire pleuvoir les centaines de millions de dollars d'amendes sur les entreprises qui ne se conforment pas à ses règles, ses régulateurs ne sont cette fois-ci pas les seuls à suivre de très près le projet de rachat.
En effet, une fois n'est pas coutume, ce sont les autorités de la concurrence des États-Unis et du Royaume-Uni qui ont pris les devants, lançant des enquêtes similaires sur cette acquisition, respectivement en mars et juin dernier. Au Royaume-Uni, le dossier est considéré comme suffisamment sérieux pour être passé en « phase 2 », après qu'Adobe et Figma n'aient pas fourni les documents demandés pour se défendre des accusations de pratiques anticoncurrentielles.
Espérons que, contrairement au rachat d'Activision, la décision soit cette fois-ci claire et définitive.
Source : The Verge, Siècle Digital