Les travailleurs Amazon du site britannique de Coventry ont déclenché un mouvement de grève afin de faire entendre leur voix au sujet du salaire, des conditions de travail et de la reconnaissance des droits syndicaux.
Les protestations se multiplient contre le géant de la vente en ligne.
« Je ne suis pas un robot »
Depuis mardi, le site Amazon de Coventry est au cœur de l'actualité. Les membres du syndicat GMB, l'un des plus importants groupes généralistes du Royaume-Uni, se sont mis en grève. Le piquet est prévu pour durer du 11 au 13 juillet devant le gigantesque entrepôt BHX4 et regroupe près de 900 grévistes. D'après le syndicat, les travailleurs sont payés 10,50 £ de l'heure, soit un tout petit peu plus que les 10,42 £ minimum prévu par la loi pour les salariés de plus de 23 ans.
Les grévistes demandent une augmentation amenant le taux horaire à 15 £. Ils dépeignent également un environnement de travail écrasant, rendu encore plus compliqué par l'explosion du nombre de commandes pendant la pandémie. Si le syndicat agit maintenant, c'est parce que nous sommes en plein Prime Day, période de soldes organisée par Amazon qui pourrait rapporter jusqu'à 2 milliards de livres sterling :
« Ce mouvement de grève aura un énorme impact sur l'opération Prime d'Amazon. Cela montre que même Amazon, le plus grand vendeur au détail du monde, n'est rien sans ses employés. Il est grotesque de voir que, dans ce contexte, ils refusent aux travailleurs précaires ici au Royaume-Uni le droit d'avoir de quoi payer les factures. Vous ne pouvez pas obtenir des êtres humains bon marché », a déclaré Rachel Fagan, responsable régionale du GMB.
De son côté, Amazon a déclaré que la grève ne causerait aucune perturbation, et que l'entreprise offre des salaires compétitifs, des avantages sociaux et des perspectives d'évolution dans un environnement sûr et moderne. GMB pense donc occasionner un manque à gagner pour Amazon et mettre en avant l'importance de mieux payer les salariés.
Cependant, GMB n'a pas encore pu faire reconnaître sa représentation chez Amazon UK, le nombre d'adhérents ne représentant pas 50 % des salariés du site. Le syndicat a d'ailleurs accusé Amazon d'avoir réalisé de nombreuses embauches pour freiner les velléités syndicales.
Amazon face à ses salariés
La grève organisée au Royaume-Uni n'est que l'un des nombreux épisodes opposant Amazon à ses salariés. En 2022, un vote a donné naissance au tout premier syndicat d'Amazon dans le New Jersey. L'entreprise a cependant contesté le résultat et n'a pas entamé de négociations avec le syndicat, comme le rapporte The Guardian.
Très récemment, un syndicat allemand a organisé un mouvement de grève dans 10 centres de distribution avec peu ou prou les mêmes revendications qu'outre-Manche. En France, la situation a évolué en avril dernier, avec un accord permettant d'augmenter les salaires de 7,8 % en moyenne.
Quatre organisations syndicales sur cinq ont validé l'accord, la CGT estimant que l'augmentation était trop faible au regard de l'inflation. Rappelons enfin que le mouvement de grève à Coventry est le deuxième cette année. Le premier mouvement, organisé en janvier, avait été très suivi.
Source : The Guardian