De Flash vers l'iPhone : Adobe rend les armes

Alexandre Laurent
Publié le 22 avril 2010 à 07h50
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Las, Adobe vient d'annoncer par la voix de Mike Chambers, son responsable des relations développeurs concernant Flash, la fin des efforts visant à permettre la mise au point d'applications iPhone depuis ses propres outils. L'option qui permet d'exporter vers iPhone OS un développement réalisé sous Flash CS5 est conservée, mais elle ne fera plus l'objet d'efforts particuliers de la part de l'éditeur.

Guerre d'usure

Flash et l'iPhone, c'est une histoire qui traine en longueur. Dès 2008, Adobe fait part de son intention de proposer une déclinaison iPhone de son environnement d'exécution Flash, qui présente pour les développeurs l'intérêt de pouvoir s'affranchir des contraintes liées à chacun des systèmes d'exploitation mobiles présents sur le marché.

Immédiatement, Apple fait savoir qu'il est hors de question d'accueillir Flash sur iPhone et Steve Jobs lui-même prend la parole pour dénigrer cette technologie, pourtant réclamée à corps et à cris par une partie des utilisateurs d'iPhone. Selon lui, la version standard de l'environnement d'exécution d'Adobe est trop lourde pour fonctionner sur un téléphone. La version mobile de Flash serait quant à elle trop pauvre sur le plan fonctionnel pour apporter une quelconque valeur ajoutée à l'iPhone.

Conscient que sur ce point, il serait difficile d'obtenir gain de cause, Adobe finit par changer son fusil d'épaule et annonce, fin 2009, que l'outil de développement Flash intégré à la Creative Suite 5 permettra la compilation d'applications conçues à l'aide de Flash en vue d'une exécution sur iPhone OS. La solution est élégante : elle autorise en effet les développeurs à partir de Flash pour leurs développements, en partant du principe qu'ils toucheraient ainsi l'iPhone, mais aussi d'autres plateformes mobiles, l'univers des PC ou le Web « fixe ».

Nouveau rebondissement en forme de coup de Jarnac début avril, trois jours avant que n'arrive sur le marché la Creative Suite 5, avec la modification du contrat de licence associé au programme de création de logiciels destinés à l'App Store. « Les applications ne pourront utiliser que les interface de programmation, en accord avec les prescriptions formulées par Apple, et ne devront pas utiliser ou faire appel à une quelconque interface de programmation privée », indique la clause 3.3.1 du nouveau contrat de licence, dotée d'une ultime mention sans équivoque : « les applications liées aux interfaces de programmation documentées par l'intermédiaire d'un portage, ou d'un outil ou d'une couche de compatibilité, sont prohibées ».

Apple 1 - Adobe 0 ?

Par cette modification, Apple interdit explicitement aux applications qui auraient été conçues à partir de Flash le chemin de l'App Store. Pour Adobe, qui n'est d'ailleurs pas seul concerné, c'en est trop. « Nous allons conserver la possibilité de cibler l'iPhone et l'iPad avec Flash CS 5. Cependant, nous n'investirons plus, pour l'instant, dans le développement de cette fonctionnalité », explique Mike Chambers, ajoutant ce conseil quelque peu désabusé adressé aux développeurs : « Si vous voulez développer pour l'iPhone, vous devez être préparé à un rejet ou une restriction de la part d'Apple à tout moment, et apparemment sans raison tangible ».

En dépit de parts de marché moindres, les faveurs d'Adobe iront maintenant à Android, indique encore Chambers. L'éditeur dit à ce sujet collaborer avec Google pour que soient bientôt proposés sur Android des versions dédiées de Flash Player 10.1 et de l'Adobe Integrated Runtime (AIR) 2.0.

Apple, mauvais cheval ? « Certains prennent le problème à l'envers », a défendu mardi Trudy Muller, porte-parole d'Apple. « Le HTML 5, les CSS, JavaScript et le H.264, qui tous sont pris en charge par l'iPhone et l'iPad, sont ouverts et se posent comme des standards, tandis que le Flash d'Adobe est fermé et propriétaire ».

Reste à voir si à vouloir conserver un riche environnement d'applicatifs exclusifs à sa plateforme mobile, Apple ne risque pas de se couper d'une partie de la population des développeurs, qui verraient sans doute d'un bon oeil la possibilité de pouvoir facilement mutualiser leurs productions. C'est peut-être dans leur camp que se situe la balle.
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