Le juge new-yorkais Jesse Furman a estimé recevable une plainte déposée par huit écrivains et producteurs américains contre Baidu et la Chine, sans pour autant enfreindre la protection de sa souveraineté, a révélé Reuters.
Il s'agit là d'un revirement d'importance, puisqu'en 2011, ces huit mêmes américains avaient déjà déposé une plainte devant le tribunal américain, estimant que Baidu, avec le concours des autorités chinoise, avaient violé la Constitution américaine en censurant certains de leurs discours politiques écrits et vidéos sur le moteur de recherche.
Une plainte qui n'avait pas trouvé écho auprès du juge Furman à l'époque, qui avait considéré que celle-ci n'était pas suffisamment argumentée. Par ailleurs, la Chine aurait tenté de son côté tenté d'invoquer la Convention de La Haye, estimant que sa souveraineté nationale pouvait être mise à mal dans cette affaire. Ce que le juge vient de rejeter, arguant que cette plainte n'aura pas d'effet direct sur le service en Chine.
Des indemnités, pas de modification de la politique de censure
Les plaignants disposent désormais de 30 jours pour servir la plainte auprès des avocats américains de Baidu. Pour la Chine, la voie diplomatique impose un délai plus long, de 120 jours.
Les parties réclament pas moins de 16 millions de dollars d'indemnités au titre du préjudice dont ils s'estiment être victimes. En revanche, elles ne demandent pas la modification de la politique de censure de la part du « Google chinois ». Comme le relève The Register, une telle demande aurait peu de chances d'aboutir sur des mesures concrètes puisque toutes les entreprises implantées en Chine acceptent de se soumettre à la politique du pays, qui se traduit notamment par la censure. Google avait ainsi fini par se retirer du pays car il n'acceptait plus ces conditions, instaurées notamment dans le cadre du « Grand Firewall de Chine ».
En mars 2011, Baidu avait suscité la polémique en Chine, une quarantaine d'écrivains s'étaient plaints de violation de droit d'auteur et avaient publié une lettre invitant le moteur de recherche à modifier ses pratiques. Baidu domine encore largement la recherche sur internet en Chine, avec plus de 70% de parts de marché.