La Chine a bloqué l'accès à la version chiffrée de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, annonce The Next Web, la veille de la date anniversaire des manifestations de la place Tian'anmen de 1989. Cette décision sonne comme une volonté des autorités chinoises de renforcer encore un peu plus le contrôle exercé sur les navigations des internautes.
Depuis octobre 2011, les chinois pouvaient utiliser la version « https » du site internet pour contourner les restrictions et la censure imposées par le gouvernement via le « Grand Firewall de Chine », ou barrage vert. Ce qui n'est plus possible depuis le 31 mai dernier, les internautes se retrouvant de nouveau privés de plusieurs centaines d'articles.
Pour empêcher l'accès à Wikipedia, la Chine a bloqué le port 443, sur lequel s'établissent les connexions chifrées. Les autorités ont cependant pris soin de maintenir le port 80 ouvert, permettant l'accès à la version non chiffrée et largement censurée, notamment s'agissant des articles portant sur les manifestations de 1989.
Le 4 juin 1989, la République Populaire de Chine avait fait appel à son armée pour réprimer le mouvement lancé par des étudiants, intellectuels et ouvriers chinois, réclamant de profondes réformes démocratiques et politiques. Cette répression avait donné lieu à un véritable massacre, coûtant la vie à de nombreux manifestants. Aucun bilan officiel n'a jamais été publié, les estimations oscillant entre quelques centaines et plusieurs milliers de morts.
Le Grand Firewall de Chine censure bien au-delà des seuls contenus pornographiques
Le site GreatFire s'étonne de voir la Chine réagir seulement un an et demi après la disponibilité de la version « https » de Wikipédia aux chinois. Pour isoler le pays et sa politique, il exhorte Wikipédia à passer par défaut aux données chiffrées pour forcer le gouvernement à prendre une décision radicale ou bien se résigner à abandonner le contrôle de la navigation des internautes. GreatFire est persuadé que la Chine finirait par abandonner le filtrage des articles publiés sur l'encyclopédie contributive.
Ces dernières années, la Chine a mené un long bras de fer avec Google pour que le moteur de recherche se plie aux conditions imposées par les autorités. Après avoir un temps collaboré, Google avait finalement décidé de rediriger les requêtes chinoises vers son service basé à Hong-Kong, échappant à toute censure. Il a récemment infléchi quelque peu sa position en supprimant la fonction d'avertissement sur la censure chinoise.
En début d'année, c'est le réseau social GitHub qui a été censuré. Ces services sont très largement utilisés par les chinois pour s'affranchir autant que possible des restrictions imposées par le gouvernement, grâce à un certain effet de masse. Lors de la mise en place du « barrage vert », la Chine avait prétendu qu'il servirait à préserver les enfants des contenus à caractère pornographique qui circulent sur le web. Les censures ont depuis très largement dépassé ce cadre, le pays ayant depuis instauré un contrôle massif d'Internet.