Plus précisément, le document interne de Google donne les directives suivantes : « Ne développez pas ouvertement. Au contraire, ne diffusez le code source qu'une fois l'innovation achevée » et « Le concept des appareils emblématiques : garantissez un accès au code en avant-première aux partenaires qui construisent et distribuent des appareils fabriqués selon nos spécifications (c'est-à-dire Motorola et Verizon). Ils obtiennent un avantage non-contractuel en matière de délai de mise sur le marché et, en échange, s'alignent sur nos standards ».
Ce document aurait été déposé auprès d'un tribunal américain dans le cadre de la défense de Google dans le procès qui l'oppose à Oracle au sujet du code Android, indique BBC News, qui précise que sa date de rédaction n'est pas connue. Rien n'indique d'ailleurs qu'il corresponde à une orientation stratégique confirmée.
Foss Patents fait observer que la première révélation n'en est pas vraiment une : le fait que Google refuse de diffuser le code source de Honeycomb avait déjà soulevé la question de savoir si Android constituait toujours un projet open source.
La question du délai de mise sur le marché avantageux accordé à Motorola et Verizon a davantage de quoi embarrasser Google. Ces déclarations pourraient notamment intéresser les agences de régulation du monde entier devant donner leur feu vert à Google pour le rachat de Motorola Mobility. En résumé, Foss Patents considère que, par ces déclarations, Google s'engage de façon claire sur « un terrain de jeu inégal pour les fabricants » qui a des conséquences sur le plan « commercial, stratégique et du droit de la concurrence ».
Un porte-parole de Google a rappelé que cette stratégie qui consiste à avoir un smartphone emblématique était connue depuis longtemps (HTC et Samsung en ont profité avec les Nexus et Nexus S), mais jusqu'ici, aucune mention de délai de mise sur le marché plus avantageux n'avait été faite.
Dans sa déposition, le co-fondateur d'Android Richard Miner reconnaît quant à lui que Google cherche à « accélérer le concept de place de marché pour la publicité en concluant des partenariats avec les opérateurs basés sur le partage de revenus », ce qui, selon lui, signifie « placer le moteur de recherche de Google dans les téléphones et s'arranger pour travailler avec les opérateurs afin qu'ils (les) y aident ». Une révélation qui semble directement corroborer les accusations d'abus de position dominante qui ont notamment valu au géant californien une perquisition dans ses locaux de Corée du Sud en début de semaine.