HBO demande à tort de déréférencer VLC Media Player, et maintenant ?

Ludwig Gallet
Publié le 16 juillet 2013 à 14h21
La chaîne HBO a formulé une requête de déréférencement de contenus dont elle détient les droits, notamment concernant la série Game of Thrones. Mais au beau milieu de la liste de liens visés, figure une adresse portant sur un lien de téléchargement du lecteur multimédia VLC Media Player, tout à fait légal.

Chaque semaine, Google reçoit plusieurs millions de requêtes de déréférencement. Pour la semaine du 8 juillet, les statistiques fournies par la firme font état de 3 716 073 demandes, concernant aussi bien des particuliers (pour diffamation, apparition d'informations personnelles privées, etc...) que les ayants droit, dans le cadre de la lutte contre le piratage sur la base de la loi DMCA (Digital Milenium Copyright Act) en vigueur aux États-Unis.

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Reste que sur ces millions de requêtes, il est très fréquent que les ayants droit fassent du zèle et réclament la suppression de liens tout à fait légaux. Le dernier en date à en faire les frais n'est autre que le lecteur multimédia VLC, dont un lien torrent s'est retrouvé au beau milieu d'une demande massive de suppression de contenus dont la chaîne HBO détient les droits, concernant principalement la série Game of Thrones ainsi que True Blood, révèle le site Torrent Freak.

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Ce ne serait pas la première fois que HBO irait un peu trop loin, puisqu'il avait récemment demandé le déréférencement de lien pointant vers son propre site, s'amusait Torrent Freak.

Les conséquences d'un déréférencement abusif peuvent être particulièrement néfastes, au vu du poids que représente Google dans la recherche sur Internet. S'il y a de quoi s'offusquer et s'inquiéter de la suppression de liens renvoyant à des contenus légaux, rappelons que Google est également tenu par la nécessité d'agir rapidement.

Le déréférencement, comment ça marche ?

Il existe une première procédure (ici) concernant toute personne souhaitant remettre en cause le référencement d'une URL. Les raisons invoquées peuvent alors être diverses et variées, qu'il s'agisse de l'apparition d'informations personnelles confidentielles, d'informations inexactes, voire diffamatoires. Pour résumer, il s'agit de tous les cas n'entrant pas dans un cadre juridique précis.

Concrètement, Google propose alors au demandeur de compléter un formulaire en précisant le service visé (Gmail, YouTube, Search, etc) et en justifiant sa requête. La firme s'engage ensuite à examiner et traiter la demande dans les plus brefs délais.

Arrive ensuite une procédure spéciale, réservée aux ayants droit et basée sur la DMCA, une loi américaine prévoyant de dédouaner les hébergeurs de contenus illicites si tant est qu'ils s'engagent à répondre aux titulaires de droits réclamant leur suppression. En moyenne, le moteur de recherche répond à ces requêtes en à peine 6 heures.

Si Google répond favorablement aux requêtes d'« atteinte présumée aux droits d'auteur » dans 97% des cas, il arrive que des contenus tout à fait légaux se retrouvent désindexés à tort. Dans ce cas, Google a mis en place un autre formulaire qui permet de contester un déréférencement abusif. Cette « counter notice », qui doit être elle aussi justifiée, est censée permettre au moteur de rétablir tout aussi rapidement le contenu et de limiter les dégâts. Dans le cas de VLC, si le lien venait à être supprimé, il serait donc possible de le contester immédiatement. Heureusement, l'impact de cette potentielle suppression devrait être limité du fait que la demande ne porte que sur un lien torrent, et non sur l'indexation du site en lui-même.

Des effets collatéraux ?

Torrent Freak rappelle que Google prend désormais en compte le nombre de requêtes sur le fondement de la DMCA, validées par lui-même, pour établir son référencement. Une modification de son algorithme intervenue en août 2012, afin de pénaliser les sites favorisant le piratage, en plus de la suppression des liens illégaux. Une pratique susceptible de nuire au bon référencement de sites parfaitement légitimes dans le cas de requêtes sans fondement. Ce fut notamment le cas en octobre dernier, lorsque Microsoft révélait avoir demandé à tort la désindexation de nombreuses adresses.

Google considère toutefois que cette marge d'erreur est lissée par le fait qu'il inclut 200 autres indicateurs pour établir son référencement. Ce qui permettrait de limiter l'impact de la prise en compte d'une requête infondée. Enfin, si une erreur venait à être détectée, la demande de l'ayant droit ne serait alors plus comptabilisée, pour ne plus nuire à la bonne indexation du contenu en question. Google n'a pour le moment pas donné de position officielle sur le cas VLC.
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