Antitrust : les concurrents récusent une nouvelle fois les propositions de Google

Alexandre Laurent
Publié le 13 décembre 2013 à 10h39
Accusé d'avantager ses propres services au sein de ses résultats de recherche, Google a formulé à la demande de la Commission européenne des propositions de mise en forme alternatives pour ses pages de résultats. Pour les concurrents du moteur, qui s'appuient sur une étude d'eye tracking, celles-ci n'amélioreraient en rien la situation.

Engagé depuis trois ans dans une procédure pour abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne face à la Commission européenne, Google a dû, à la demande de cette dernière, proposer des façons différentes d'afficher ses propres services (Maps, Shopping, etc.) au sein de ses pages de résultat. Le dernier lot de modifications suggérées par le moteur ne convainc toutefois aucunement ses concurrents. Le réseau Icomp (Initiative for a Competitive Online Marketplace), fondé par Microsoft et réunissant bon nombre d'acteurs des services en ligne, estime ainsi que ces changements aggraveraient « le système d'abus au lieu de le stopper ».

Pour justifier son propos, Icomp indique avoir fait procéder à une étude d'analyse du regard (eye tracking) en confrontant des internautes aux nouvelles mises en page proposées par Google. « Cette étude démontre notamment que les résultats sponsorisés par Google attirent de façon systématique la majeure partie de l'attention visuelle des utilisateurs », en conclut l'organisme.

Une recherche sur le terme « iPod » conduirait ainsi 56% des participants à cliquer sur les résultats associés au moteur de comparaison de prix du moteur (Google Shopping). Il en irait de même pour une recherche de billets d'avion, ou une requête portant sur la cartographie. « Pour la recherche "plan de Londres", la zone affichant les cartes Google et les images associées attirent l'attention des utilisateurs de façon plus importante et prolongée que pour les fournisseurs de cartes concurrents. 46% des sondés cliquent ainsi sur les cartes Google et 36% sur "Google Images". En comparaison, le premier lien organique disponible sur la page "mylondonmap.com" n'engendre que 2 clics et le second lien "Transport of London" n'en engendre aucun », dénonce encore Icomp.

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« La proposition sur les liens concurrents faite par Google est non seulement inefficace mais peut potentiellement augmenter encore ses abus. Si la Commission venait à accepter ces propositions, la position dominante de Google serait irrévocablement ancrée », résume dans un communiqué David Wood, conseiller juridique d'Icomp pour l'Europe.

Le calendrier de cette communication ne doit évidemment rien au hasard : la Commission européenne, qui privilégie la piste de la conciliation plutôt que celle de la sanction, est en effet censée se prononcer dans les prochains mois sur les propositions formulées par Google, dont les parts sur le marché de la recherche en ligne sont estimées à plus de 90% en France.

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