Pascale Dumas, HP : "Windows 10 n’a jamais été la priorité des entreprises en 2015"

Olivier Robillart
Publié le 03 juin 2016 à 18h02
HP a récemment connu une révolution. Le groupe américain spécialisé dans l'informatique a scindé ses activités, créant deux nouvelles entreprises : Hewlett Packard Enterprise et HP. Pascale Dumas, PDG de HP France évoque pour nous cette période et l'avenir du groupe.

Environ 300 000 collaborateurs dans le monde, 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Quels ont été les arbitrages lors de la scission des activités de HP ?

Pascale Dumas : De nombreuses raisons ont poussé le groupe à se scinder en deux. Nous étions jusqu'à présent une firme gigantesque avec une forte diversité d'activités, parfois très différentes qui évoluent dans des écosystèmes qui n'ont que peu voire pas de rapports. La concurrence étant forte sur l'ensemble de ces domaines, il était nécessaire d'insuffler une nouvelle énergie et de comprendre quels étaient les besoins en termes d'investissement.

Face à la perte de dynamisme dans certains secteurs et au besoin de prendre en compte les différents cycles de ventes des produits, nous avons fait des choix. Hewlett Packard Enterprise reprend toute la partie serveurs, solutions d'infrastructures, logiciels et services (cédés depuis à CSC) en agrégeant 250 000 collaborateurs. Quant à HP, nous conservons le poste client pour les professionnels et le grand public et l'impression avec nos 50 000 collaborateurs pour environ 50 milliards de dollars de chiffre d'affaires mondial.

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Comment la scission s'est-elle déroulée ?

P.D: Il faut comprendre que nous parlons ici de la plus grosse scission jamais organisée au niveau mondial. Nous avons donc constitué une équipe spécifiquement chargée de l'opération, pour en aborder tous les aspects. Il a fallu traiter de questions contractuelles, des schémas financiers, la supply chain... Nous avons également dû remettre à plat des questions telles que la comptabilité, le contrôle de gestion, le RH, le juridique...


Mais notre objectif était de ne pas perdre de parts de marché. Le fait que nous soyons déjà organisés sous forme d'entités autonomes voire indépendantes a contribué à nous aider et à rendre ce passage plus digeste.

Le groupe a rapidement annoncé qu'entre 25 et 30 000 emplois seraient supprimés dans le monde. Quelles ont été les conséquences en France ?

P.D: En ce qui concerne HP, nous avions convenu qu'il était hors de question de toucher aux forces commerciales du groupe. Les mouvements qui ont été entrepris ont eu pour but d'alléger la structure de l'ensemble, mais nous ne sommes pas directement touchés en France (à date HP France compte environ 1200 salariés contre 3500 pour Hewlett Packard Enterprise, qui a déjà entamé des procédures de départs volontaires, NDLR).

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Le marché du PC étant actuellement en crise, la scission était également nécessaire pour des raisons stratégiques ?

P.D: En nous permettant d'être plus agiles, nous avons pu lancer de nouveaux investissements. J'entends par là, la sortie de nouveaux produits, de nouvelles gammes de PC et d'imprimantes. Nous continuerons d'ailleurs à investir sur le marché professionnel car nous jouons là notre image de marque. Cette volonté ne devrait pas s'arrêter là puisque nous disposons à l'heure actuelle de 18 000 brevets, nous en utiliserons certains en vue de les monétiser.

Actuellement, HP possède une part de marché de 24,7% en ce qui concerne les PC pour professionnels. Il s'agit d'un secteur extrêmement concurrentiel mais notre part en France est actuellement de 33%. Notre objectif est d'atteindre rapidement la barre des 35% en nous appuyant sur nos 10 000 partenaires présents sur le territoire. Il s'agit principalement de grands comptes ou de partenaires géographiques.

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Toujours est-il que le second semestre 2016 sera synonyme de retour à la croissance. Nous ne serons pas sur des progressions à deux chiffres mais la hausse sera entre 5 et 10% en France, en monnaie constante.

Comptez-vous également sur un « effet Windows 10 » pour booster les ventes de PC ?

P.D: Pour savoir s'il y a ou non un effet Windows 10 sur les ventes, il faut regarder deux années en arrière. Fin 2014, il y a eu un appel d'air car des professionnels ont réalisé des investissements en renouvelant leurs bases installées avec la fin du support de Windows XP. Mettez-vous à la place d'un DSI qui prend en compte l'ensemble de la chaîne informatique, de la mobilité à l'ERP en passant par la sécurité. Quand Windows 10 est sorti, de nombreux équipements actuels n'étaient pas compatibles. Il n'y a donc pas eu d'effet instantané car le passage au dernier OS de Microsoft aurait demandé un investissement trop lourd à supporter. Windows 10 n'a donc jamais été la priorité des entreprises en 2015.

Aujourd'hui, la problématique est différente. De nombreuses sociétés opèrent une transformation dans leurs process et leurs équipements. On sent donc une accélération dès cette année, qui devrait s'intensifier en 2017. Il faut noter que les cycles d'équipement sont généralement plus courts, autour de 3 ans, on devrait donc profiter d'un regain dans les investissements.

Récemment, vos sorties de produits ne concernent pas uniquement les professionnels mais également le grand public, en particulier les joueurs. Quelle est votre vision ?

P.D:Nous essayons de comprendre les besoins de catégories spécifiques de clients et de comprendre certains codes. C'est pourquoi nous avons récemment lancé une nouvelle gamme Omen, spécifiquement destinée aux joueurs de jeux vidéo. Ce secteur est porteur et connait chez nous une croissance à deux chiffres.

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La transformation numérique des entreprises est un axe de développement sur lequel vous entendez miser ces prochaines années. Quelle est votre stratégie pour accompagner les entreprises ?

P.D: Notre idée est de miser sur trois axes majeurs de développement. Nous allons capitaliser sur notre « core business », c'est-à-dire les PC professionnels ou bien encore le marché de l'impression pour conserver ce qui fait notre marque. Il nous faut également miser sur les « nouveaux » usages comme le gaming ou encore la mobilité en entreprise. Enfin, nous comptons beaucoup sur les innovations dans le domaine de l'impression qu'elle soit 3D ou non.

Actuellement, nos chercheurs travaillent sur des technologies de rupture qui peuvent paraître a priori éloignées de notre cœur de métier. Nous étudions par exemple des modèles d'hologrammes haptiques (que l'on peut toucher) pour permettre à des équipes de transformer des objets. Le corps humain nous intéresse également en travaillant sur l'insertion dans les organismes d'éléments connectés capables de réagir aux besoins du corps. C'est tout un pan technologique qui s'ouvre devant nous et sur lequel nous investissons dès à présent.

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