Crise, croissance, IBM s'interroge sur l'avenir des opérateurs

Alexandre Laurent
Publié le 14 juin 2010 à 18h18
Fin mai, IBM a présenté à l'occasion du TM Forum de Nice les conclusions d'une étude prospective visant à déterminer quelles pouvaient être les grandes tendances en matière d'évolution des télécoms, en s'intéressant tout particulièrement à la position des opérateurs en place. A partir des différents signaux, facteurs dominants qui ne font guère de doute ou tendances plus incertaines, quelles sont les pistes à envisager pour les différents acteurs des telcos ?

Après une décennie de folle croissance liée à l'avènement du téléphone mobile, la situation se stabilise progressivement, estime Jean-Charles Cointot, Directeur du secteur télécom chez IBM France. « Sur 2009, on constate que les opérateurs sont sur des revenus stables ou en légère hausse, on n'a plus les croissances à deux chiffres qu'on a connues », explique-t-il à Clubic Pro. « En parallèle, on remarque que les contours entre opérateurs, médias et autres acteurs sont de plus en plus flous ».

Dès lors, quel avenir pronostiquer aux opérateurs télécoms ? Au terme d'une étude combinant entretiens avec des dirigeants, sondage et synthèse de travaux antérieurs, IBM dégage quatre pistes, quatre scénarii, considérés comme une indication de ce vers quoi le marché des télécommunications pourrait tendre.

Ceux-ci se basent sur une série de tendances considérées comme « certaines » : le déclin de la téléphonie fixe, l'essor de la voix sur IP ou la multiplication des accès, par exemple. Ainsi, bien sûr, que l'explosion du volume de données échangées sur les réseaux par des terminaux toujours plus variés, qui ramène au plus près de la question des infrastructures. A leurs côtés interviennent les facteurs économiques et structurels, avec des revenus qui ne reposent plus sur le temps de communication mais sur l'accès, la mise en place de modèles reposant sur la monétisation de contenus, sans oublier les contraintes réglementaires ou législatives.

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Entrent ensuite dans l'équation des tendances plus difficiles cerner, comme l'influence des acteurs dits over the top qui n'hésitent pas à sortir de leur pré carré, tel Google qui envisage par exemple la mise en place de CDN (Content Delivery Network). De nouveaux marchés verticaux génèreront-ils un jour de la valeur ? M2M (Machine to machine), paiement mobile, services d'e-santé, sont autant de débouchés dont l'avenir est encore incertain. Mêmes incertitudes quant aux réglementations futures.

« Nous avons donc élaboré quater scénarii, construits autour de l'évolution de l'économie et de la structuration du marché », explique Jean-Charles Cointot.

En cas de stagnation des marchés ou de crise prolongée, IBM dégage ainsi deux schémas. D'un côté, une forte concentration, résultant de la baisse ou de la stagnation des revenus ainsi que de la perte de confiance des investisseurs, vue comme le seul moyen de maintenir la croissance. De l'autre, un éclatement du marché, avec le transfert d'une partie de la valeur à des fournisseurs de services, de contenus ou de terminaux et la recherche d'une croissance horizontale.

Si la croissance est au rendez-vous, comme elle l'a été ces dernières années, le jeu des alliances et de la coopérations entre opérateurs pourrait se poursuivre, conduisant à des regroupements visant à répondre à la menace que représentent les over the top. Exemple typique : le projet de Rich Communication Suite (RCS) mené par la GSMA, ou l'alliance de 24 opérateurs en vue de créer un concurrent viable aux kiosques d'application d'Apple ou de Google (voir Applications mobiles : une alliance de 24 opérateurs).

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A l'inverse, le retour à la croissance pourrait conduire à un modèle de type Generative Bazaar, dans lequel le marché continuerait à progresser, mais en se fragmentant. « On verrait apparaitre de nouveaux opérateurs, des MVNO, partageant les infrastructures et offrant des services très verticaux, qui suffiraient à atteindre la rentabilité puisque le marché est dynamique », détaille JC Cointot. Une vision qui se rapproche de ce que pouvait connaitre le marché français aux alentours de 2006 ou 2007, avant que n'arrive la crise économique.
Alexandre Laurent
Par Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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