Mais au delà des promesses tapageuses inhérentes au marketing sauvage des grands salons, et une fois retombée la hype des premiers instants, que vaut le design Max-Q de ces fameuses GeForce RTX ? Début de réponse au travers de notre test du GS65 Stealth 8SF-051FR de MSI. Un Laptop prometteur, pourvu d'une RTX 2070 que nous avons délibérément fait chauffer.
Fidèle à sa volonté d'offrir au chaland des machines plus polyvalentes que par le passé, MSI nous propose en ce début 2019 une resucée de sa gamme GS65 Stealth. On garde donc une silhouette pratiquement inchangée par rapport aux modèles 2018 et un châssis semblable, mais en y intégrant des composants de nouvelle génération... dont nous allons rapidement faire l'inventaire.
Fiche Technique
Le constructeur taïwanais nous a fait parvenir le modèle intermédiaire de sa nouvelle gamme GS65. Ce dernier est affiché à un tarif de 2599 euros et s'articule autour de la configuration suivante :- Écran mat IPS Full HD de 15,6 pouces (144 Hz), 100% sRGB/72% NTSC
- Processeur Intel Core i7-8750H (6 cores/12 threads @ 2,2/4,10 GHz)
- 2 x 8 Go de DDR4-2666
- Nvidia GeForce RTX 2070 Max-Q avec 8 Go de mémoire vidéo GDDR6
- 512 Go de stockage en SSD PCIe NVMe
- Batterie 4 cellules, 83 Whr
Sur la description de son appareil, MSI nous fait savoir que cette déclinaison peut s'accompagner d'un maximum de 32 Go de mémoire vive. Deux autres versions du GS65 Stealth 8SF sont par ailleurs disponibles. Toutes deux reprennent les mêmes caractéristiques techniques que l'appareil que nous nous sommes attachés à décrire ci-dessus, à l'exception du GPU (RTX 2060 et 2080 disponibles) et de la quantité de RAM qui atteint le seuil des 32 Go par défaut sur le modèle le plus dispendieux de la portée. Son prix grimpe cette fois à 3299 euros.
Un design séduisant contrebalancé par un châssis qui craque
Dès les premiers instants, le MSI GS65 annonce la couleur, son châssis n'est pas du genre à passer pour du béton armé. Bien que l'ensemble respire la qualité grâce à un coffre en aluminium et une quantité restreinte de matières plastique, la conception même de l'appareil semble ici être à pointer du doigt. Au niveau des reposes-poignets et des bordures du Laptop, aucun problème à signaler. En revanche, les choses se gâtent lorsqu'on manipule l'engin au niveau de la large grille d'aération positionnée juste au dessus du clavier.Discrète et bien intégrée à l'ensemble d'un point de vue esthétique, cette dernière a tendance à craquer assez franchement lorsqu'on y touche. Et comme le bouton de mise sous tension du PC est placé non loin, autant dire que cela arrivera souvent. S'il ne faudrait pas voir ici un défaut rédhibitoire, l'impression donnée lors de la première prise en main de l'appareil peut surprendre, surtout pour un Laptop vendu à plus de 2500 euros. Seul le temps nous dira par contre si cette déconvenue s'avère problématique en ce qui concerne la solidité, et donc la durabilité, de ce GS65 au bout de quelques années d'utilisation.
Pour le reste, le terminal de MSI se montre assez classique et reprend, comme évoqué plus haut, le gros du design déjà adopté par la gamme GS65. On profite donc de lignes sobres et épurées et d'un look global qui, une fois le clavier RGB oublié, ne renvoie pas immédiatement aux standards en matière de PC portables pour Gamers. Un bon point pour les amateurs de machines permettant de rester discret en public.
L'appareil est en outre très compact pour un laptop gamer et relativement facile à trimballer avec soi lors de déplacements. Avec 1,8 kilos sur la balance, il entre pour de vrai dans la catégorie des PC véritablement portables et non simplement transportables. A noter, que ce constat se fait de plus en plus fréquent depuis l'apparition sur le marché des puces de génération Max-Q. Le bloc d'alimentation, quant à lui, est dans la moyenne de ce que l'on trouve sur des machines de ce calibre. Il tiendra sans mal dans une sacoche ou un sac à dos.
Côté connectique, MSI table sur l'exhaustivité avec 3 ports USB 3.1, 1 port USB-C Thunderbolt, 1 sortie HDMI, 1 sortie Mini DisplayPort, 1 port Ethernet et 2 prises jack dédiées au micro/casque. On regrette par contre le positionnement de l'entrée destinée à la recharge. Placée sur le flanc droit de l'appareil, pile au niveau des différents ports, on ne parviendra jamais à la trouver du premier coup à l'aveugle.
Le chiclet : l'ami de la finesse... pas des joueurs
Difficile de ne pas aborder la question du clavier RGB intégré par MSI à son dernier Laptop. De type chiclet, ce dernier se montre tout à fait plaisant à utiliser au quotidien. Votre serviteur l'a utilisé plusieurs jours d'affilé pour écrire ses articles et n'a pas eu à s'en plaindre... enfin à quelques exceptions près. On pourra ainsi pester, du moins lors des premières heures d'utilisation, sur le format de certaines touches (la touche entrée est par exemple bizarrement placée et beaucoup trop petite pour être pratique, tandis que la touche "µ", positionnée juste au dessus, prend clairement trop de place), ou encore le placement inhabituel de la commande fonction.Au delà de ces légers détails d'ergonomie, vite surpassés par la force des habitudes, il faut reconnaître que MSI a fait du bon travail. Le constructeur a ainsi pris soin d'ajouter de nombreux raccourcis à son clavier. Il permettent par exemple, d'activer/désactiver la webcam, de switcher entre les différents profils RGB (configurables à sa guise via un utilitaire signé SteelSeries) en un clic ou de lancer l'utilitaire MSI Dragon Center tout aussi rapidement.
Profitons-en pour indiquer que depuis ce dernier, il est possible de régler la vitesse de rotation des ventilateurs, de monitorer son système ou encore de passer d'un profil de performances à l'autre. Un hub pratique, mais que l'on découvre un peu par hasard. Un point d'autant plus regrettable que l'impact de ses différents profils est tout bonnement énorme sur les performances générales de l'ordinateur, notamment en jeu, mais cela nous y reviendrons un peu plus bas - parenthèse terminée.
Si le clavier de notre GS65 se montre efficace au quotidien, en particulier pour de la bureautique, il ne saurait en revanche faire l'unanimité chez les joueurs, et ce à cause de sa frappe sèche et d'une course très courte des touches. On manquera en conséquence de réactivité dans les FPS les plus nerveux. Il faudra alors prendre le coup de main... ou passer son chemin. Le choix de MSI se justifie cependant par la finesse de globale de l'appareil (17,7mm une fois le capot rabattu) qui, sans un clavier aussi plat, n'aurait pas pu être maintenue à un tel niveau sur une machine avant tout dédiée au jeu.
Notons par ailleurs la présence d'un (très) large pavé tactile. Inhabituel dans son format, ce dernier se montre réactif, précis et extrêmement pratique à l'usage puisqu'il tombe à portée immédiate des pouces. Une belle initiative de la part de MSI qui avait, encore récemment, tendance à proposer des touchpads un peu petits sur ses laptops.
Dans un autre domaine, nous regrettons amèrement l'absence d'un quelconque capteur d'empreinte digital ou d'un dispositif de reconnaissance faciale. Windows Hello reste tragiquement inerte sur ce MSI GS65 Stealth 8SF. En l'état il faut donc se contenter de taper sagement son mot de passe, comme en 2010, ce qui a de quoi irriter. La qualité médiocre de la webcam nous reste aussi en travers de la gorge. Carton jaune pour MSI !
Un écran judicieusement choisi
En matière d'écran la marque a fait le choix, d'une dalle 1080p/144 Hz : un choix judicieux. Cette dernière représente en effet l'un des atouts principaux de l'appareil, avec une colorimétrie au poil (couverture de 100 % de l'espace colorimétrique sRGB) capable de restituer des couleurs naturelles ; un contraste dans les canons de ce que l'IPS peut permettre lorsqu'il est correctement calibré ; et une fréquence d'affichage idéale tant pour du Gaming que pour des activités multimédia plus classiques. Les connaisseurs le savent, les vertus du 144 Hz contribuent à dynamiser l'ensemble de l'expérience PC, y compris lors de simples sessions de navigation sur le web. Tout est, en résumé, beaucoup plus fluide.Au rang des menues déceptions, notons tout de même une luminosité que l'on aurait aimé plus importante (pas idéale pour une utilisation en extérieur, par exemple) et un temps de réponse évalué à 7 ms, qui ne fait pas de l'écran choisi par MSI une dalle particulièrement réactive. Reste par contre à saluer l'élan du constructeur vers les bordures amincies. Comme ses concurrents, MSI se met au diapason du monde smartphone pour nous proposer un écran jouxté de très fines bordures. Seul un large menton, encore présent sous la dalle, pourra en décevoir certains. Pour notre part nous nous en accommodons très bien.
RTX 2070 Max-Q : des performances générales en apothéose
L'intertitre vient de vous spoiler la réponse à l'épineuse question des performances de notre MSI GS65 8SF, mais qu'importe. Le tandem constitué du Core i7-8750H et de sa rutilante colocataire signée Nvidia sait en tout point assurer le spectacle... tout du moins lorsque le profil « Performance » est dûment sélectionné depuis le logiciel propriétaire de MSI mentionné plus avant. Sans ce pré-requis vous ne pourrez compter par défaut que sur une RTX 2070 aux capacités atrophiées... on appréciera.Une fois les idées saugrenues du fabriquant taïwanais balayées d'un revers de la main, la nouvelle puce de Nvidia se révèle sous son plein potentiel. La belle parvient ainsi à taper le seuil des 70 à 80 FPS constants sous Shadow of the Tomb Raider en Full Ultra et à propulser sans la moindre gêne des titres comme APEX Legends ou Fortnite à plus de 100 FPS avec tous les détails poussés à leur niveau maximum.
Ce constat s'étend sans mal - et pour notre plus grand ravissement - à Battlefield V que le GS65 propulse (encore une fois avec tous les détails au maximum) dans tous les cas à plus de 60 fps avec grande aisance. Le dernier né de DICE nous a d'ailleurs permis de tester les principaux attraits des cartes RTX : le Ray-Tracing, bien sûr, mais aussi le traitement DLSS déployé sur BFV pile au cours de notre semaine de test.
Si ce dernier permet un bond sensible des performances et parvient à contrebalancer dans la plupart des cas la gourmandise du Ray-Tracing, difficile de ne pas hausser un sourcil face au flou assez peu artistique qu'il génère. Sous prétexte d'atténuer le crénelage (entre autres), le traitement proposé par Nvidia jette le bébé avec l'eau du bain et supprime une bonne partie des détails générés par notre GeForce RTX au point d'en arriver, sur BFV, à un affichage cradingue et des couleurs passées. La firme au caméléon semble avoir encore du pain sur la planche avant de nous proposer quelque chose de vraiment convaincant en la matière.
Pour l'heure, le DLSS sera à donc à réserver aux joueurs soucieux de maximiser à tout prix leur nombre d'image à la seconde, du moins lorsque le Ray-Tracing est actif. En effet, dans le cas contraire, la pertinence du DLSS semble réduite, comme l'illustrent nos relevés en jeu.
Insistons, en dépit de ce bémol, sur la prestation impeccable du GS65 en jeu et tout particulièrement sur Battlefield V, que ce soit en multi ou en solo. Pour jouer sur Laptop, le terminal s'impose clairement comme l'une des machines de référence de ce début d'année 2019. Un point qui s'est vérifié dans tous les softs que nous avons lancé au cours de notre semaine d'essai. Avec de telles performances, on regretterait presque que MSI n'ait pas choisi de proposer, au moins en option, une dalle 1440p sur sa bécane. Elle y aurait pourtant été légitime.
Une machine qui tient chaud l'hiver (et qui aime les prises secteur)
Ce tour d'horizon dithyrambique se doit malheureusement être légèrement remis en perspective par le système de dissipation particulièrement bruyant du GS65. Pire, malgré les décibels, ce dernier ne parvient pas à refroidir efficacement la bête et notamment son CPU. Le Core i7 d'Intel chauffe en effet particulièrement fort au point d'atteindre régulièrement le seuil des 80-90° en jeu, tandis que la RTX 2070, elle, se contente de quelques timides pointes à 75°.Outre les questions de durabilité des composants qu'elle pourrait induire à long terme, cette chauffe a des conséquences concrètes sur l'efficacité du processeur. En stress test sous AIDA 64, le bougre doit ainsi faire avec les affres du thermal-throttling. Rien de très méchant, on parle de quelques pourcent tout au plus, mais il fallait le noter. Heureusement, sur le bureau, et pour des tâches moins demandeuses en puissance de calcul, la ventilation du GS65 est coupée en permanence ou presque et les températures se stabilisent aux environs de 40 à 45°. Il est donc possible de travailler sur l'appareil sans se brûler les doigts ni aller chercher un casque anti-bruit.
Sur le terrain de l'autonomie, enfin, le laptop de MSI se prend les pieds dans le tapis. Bien loin des promesses de 8 heures sur batterie énoncées sur sa page officielle, le GS65 Stealth 8SF s'essouffle au bout de 4 à 5 heures dans le cadre d'un usage simpliste mêlant bureautique et surf sur le web. En mode vidéo, sous Netflix (via Chrome, avec le rétroéclairage du clavier coupé et la luminosité de l'écran à 50%) il faut compter 5 à 6 heures, tandis que sur les jeux peu gourmands - et au prix de performances castrées - cette estimation ne dépasse pas l'heure et demie dans le meilleur des cas. On était en droit d'espérer un peu mieux.
MSI GS65 Stealth 8SF-051FR : l'Avis de Clubic
Bonne pioche pour les joueurs, le MSI G65 est à n'en point douter l'un des meilleurs Laptop Gamer de ce début d'année 2019. Il inaugure les belles heures de la génération RTX et préfigure de ce que l'on ne manquera pas de voir se répandre sur le marché d'ici quelques mois.Son écran au poil (en dépit d'une luminosité un poil juste) lui permet en outre de s'établir en compagnon idéal pour des activités variés transcendant de loin le Gaming. Un argument en faveur de l'appareil, qui se voit conforté dans sa polyvalence par un gabarit véritablement compact et un look étonnamment sobre. Au premier coup d'œil la furieuse bécane de MSI a presque l'air d'un PC comme les autres.
Alors oui, il y a bien quelques défauts à relever, comme la chauffe assez marquée en jeu, l'intégration d'une webcam piteuse ou encore l'absence de capteur d'empreintes, mais il s'agit là de lacunes qui ne parviennent pas à entamer notre enthousiasme. D'autant plus face à ce que le terminal a à offrir. En l'état, seule l'autonomie limitée de ce GS65 pourrait l'handicaper auprès du grand public. Encore faut-il savoir s'il est matériellement possible en 2019 de conjuguer performances de folie et autonomie copieuse.